ZNIEFF 730003020
Causse d'Anglars

(n° régional : Z1PZ0117)

Commentaires généraux

Ce vaste plateau calcaire de 4 000 ha surplombe au nord les gorges de l’Aveyron par des falaises abruptes qui accueillent une belle diversité d’oiseaux rupestres. Ces falaises font l’objet de deux ZNIEFF de type 1 : « Escarpements rocheux de Vieil Four à Anglars » et « Rochers de Biouzac ». Milieu karstique réputé, le causse est troué de plus de cent cavités naturelles qui engendrent une très forte densité d’espèces de chauves-souris, ainsi que de nombreux invertébrés cavernicoles (crustacés, annélides et mollusques). Le secteur présente d’ailleurs un des plus forts enjeux régionaux pour le rassemblement de certaines espèces de chauves-souris.

Le plateau en lui-même présente de vastes étendues de pelouses sèches, généralement assez fermées avec des landes, principalement de genévriers. Ces milieux semi-ouverts accueillent la majorité des espèces végétales. Cette diversité se chiffre en dizaines d’espèces déterminantes (65 subsp.). Le cortège d’insectes de ces zones thermophiles est également remarquable (papillons de jour, sauterelles et criquets).

Enfin, les milieux secs sont favorables à certains reptiles, et les zones de mares assez rares sédentarisent un cortège varié d’amphibiens.

Paradoxalement, aucun habitat n’a été noté comme « déterminant » dans l’inventaire, mais la diversité floristique découle de la diversité des milieux. On peut citer les falaises continentales, les pelouses sèches mésophiles et xérophiles et leurs différents dérivés, les pelouses à annuelles ou steppiques, les prairies de fauche, les mares et leur végétation aquatique.

Ces habitats sont remarquables en tant que milieux naturels, mais aussi en tant qu’habitats d’espèces, au même titre que les grottes, les forêts de feuillus...

Ce sont pas moins d’une cinquantaine d’espèces déterminantes de flore qui ont été relevées sur ce causse, avec des affinités très marquées pour les milieux secs. Parmi les espèces les plus remarquables des taxons déjà eux-mêmes déterminants, on peut noter la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), espèce annuelle à population fluctuante qui est protégée au niveau national, au même titre que l’Aster amelle (Aster amellus), espèce très localisée à la moitié nord de la région.

On peut observer des espèces d’affinités méridionales comme le Jasmin jaune (Jasminum fruticans), l’Euphorbe des garrigues (Euphorbia characias), la Globulaire commune (Globularia vulgaris), la Leuzée conifère (Leuzea conifera) ou encore l’Iris nain (Iris lutescens), très rare dans la région, l’Osyris blanc (Osyris alba) ou la Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus), que l’on retrouve aussi vers le nord.

Dans les orchidées, on notera la présence de l’Ophrys sillonné (Ophrys sulcata) inféodé au pelouses sèches, de l’Orchis grenouille (Coeloglossum viride) plus lié aux milieux frais et enfin de l’Orchis odorant (Orchis coriophora subsp. fragrans), espèce protégée au niveau national.

Une dernière remarque sur la présence de la Tulipe méridionale (Tulipa sylvestris subsp. australis), liée aux anciennes techniques culturales et souvent en stations résiduelles, et du Lys des Pyrénées (Lilium pyrenaicum), en limite nord-est de son aire de répartition. Cette dernière espèce, contrairement aux autres, est plus dépendante de milieux frais et ombragés (bois clairs, par exemple).

La faune est encore plus diversifiée que la flore étant donné le nombre de micro-habitats représentés : des milieux humides de surface aux milieux hypogés et des forêts aux falaises calcaires. Là encore, nous ne citerons que les espèces phares et emblématiques.

Un minimum de 11 espèces déterminantes de chauves-souris sont présentes dans le secteur avec un cortège complémentaire d’autres espèces non citées ici. L’intérêt majeur se situe dans la quantité de gîtes présents et les grands rassemblements en période de reproduction, transit et hibernation dans certaines grottes en particulier. On note des enjeux majeurs pour le Minioptère de Schreibers, le Rhinolophe euryale ou encore le complexe des Grand/Petit Murin. Un site en particulier sert de gîte d’accouplement pour de nombreuses espèces (swarming). Les autres espèces sont plus communes et présentes dans de nombreuses cavités. La surface de la ZNIEFF permet de prendre en compte de surcroît les zones potentielles de chasse de ces animaux.

Les milieux souterrains accueillent aussi de plus petites espèces plus discrètes mais tout aussi remarquables par leur adaptation à la vie cavernicole et leur endémisme. On trouve 3 mollusques dits stygobies (strictement inféodés aux eaux souterraines) et 12 crustacés, le plus commun étant peut-être Niphargus robustus. On note aussi 3 annélides déterminants.

Retour en surface avec le cortège entomologique des papillons, criquets et sauterelles, qui trouvent leur optimum sur les zones prairiales généralement ouvertes en zones sèches, voire très sèches. Parmi les 8 orthoptères et 1 mante, on peut noter le Barbitiste des Pyrénées (Isophya pyrenaea), espèce à développement précoce qui passe souvent inaperçue, et l’Oedipode rouge (Oedipoda germanica), facilement identifiable mais peu courant et discret car de couleur externe mimétique au sol dénudé. On peut ajouter l’Oedipode aigue-marine (Sphingonotus caerulans) et le Criquet des friches (Omocestus petraeus), qui affectionnent aussi les milieux thermophiles, voire xérophiles.

Les papillons mériteraient peut-être des investigations complémentaires, mais pour l’heure, l’Aurore de Provence (Anthocharis belia euphenoides) ou le Mercure (Arethusana arethusa) rappellent bien l’ambiance de pelouses sèches qui règne sur le causse. On notera la présence du Damier de la Succise (Euphydryas aurinia), relativement bien réparti, mais bénéficiant de la protection nationale.

Toujours dans ces mêmes milieux, on rencontrera la Coronelle girondine et le plus rare Lézard ocellé, presque plus lié encore aux zones de lapiaz et de dalles rocheuses.

En surface aussi, mais cette fois de manière beaucoup plus localisée, on peut trouver des mares de différents types et dans divers états de conservation, qui sont très favorables aux amphibiens inféodés, au moins à un stade de leur développement, à l’eau stagnante.

Pas moins de 7 espèces ont été recensées, certaines assez communes mais formant ensemble un cortège remarquable, et le Triton marbré (déterminant strict), plus rare, qui se reproduit localement.

Le dernier enjeu de la ZNIEFF est la diversité des oiseaux. Beaucoup sont liés au milieu rupestre, comme le Grand-duc, le Faucon pèlerin ou encore les 2 espèces de Martinets (à ventre blanc et pâle) et le Tichodrome échelette présent seulement en hiver.

L’autre partie des espèces est une fois de plus dépendante des zones ouvertes avec faciès d’embuissonnement, comme l’Alouette lulu ou des fauvettes méridionales (passerinette et pitchou). En tout, on dénombre 16 espèces remarquables.

Certaines parcelles de ce causse sont la propriété du Conservatoire régional des espaces naturels de Midi-Pyrénées et sont vouées à la conservation de la biodiversité des pelouses sèches. De même, il faut noter une dynamique de restauration des pelouses avec la création d’une association foncière pastorale, comprenant une grande surface de propriétés communales.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF correspond au plateau calcaire du causse d’Anglars qui est délimité naturellement par différentes limites naturelles. Les gorges de l’Aveyron bordent le causse au nord et à l’ouest. Au nord, la ZNIEFF s’arrête en haut de falaise, alors que celle-ci inclut les falaises à l’ouest. Au sud vers l’est - sud-est se trouvent la vallée de Janoye et une succession de sources et de ruisseaux, jusqu’à Fénérols, qui relient les gorges de l’Aveyron. Le causse d’Anglars est donc situé dans une grande courbe de la rivière.

Cette vaste ZNIEFF accueille habitats naturels, habitations, cultures et routes, tous mélangés.