ZNIEFF 730006515
Landes humides de Capvern et plateau de Lannemezan

(n° régional : Z2PZ2029)

Commentaires généraux

Le site « landes humides de Capvern et plateau de Lannemezan » est situé entre 510 et 660 m d’altitude. Il couvre une superficie de 1 175 ha. Il comprend des bois, des prairies, des landes et des tourbières. Le climat est humide avec une absence de relief qui soumet le site à toutes les précipitations quelle que soit leur origine.

Une grande partie appartenait à l’ancien champ de tir militaire du plateau de Lannemezan. Le foncier est donc le plus souvent resté communal, ou a été racheté par l’État (Centre de recherches atmosphériques de Campistrous). Un vaste programme de mise en valeur a amené successivement dans les années 1950 et 1960 la création de lots agricoles sur la lande de Capvern, et de forêts plantées de conifères (Capvern, Campistrous).

Ce site occupe les zones de naissance de plusieurs rivières : ruisseaux de Saint-Martin et de Guègues, Baïse-Darré et Baïsole. Le climat est humide et chaud en été, froid en hiver avec parfois d’importantes chutes de neige, du fait de la position du site qui se trouve soumis aux précipitations, aux vents et à l’ensoleillement.

Les terrains géologiques sont des terrasses anciennes, des cailloutis du Pliocène supérieur et des glaises bigarrées ligniteuses du Pontien (Tertiaire, fin du Miocène). Il s’agit généralement de galets disposés dans une gangue argileuse, très imperméables et conservant en surface les eaux de précipitations qui forment alors des épanchements marécageux.

Le site est traversé par plusieurs ramifications du canal de la Neste, ce qui donne à certaines des rivières citées, lorsqu’elles sont réalimentées, un régime hydrologique plus ou moins perturbé.

Les habitats naturels à valeur patrimoniale sont répartis plus ou moins abondamment dans chacune des unités.

La principale composante est celle des zones humides (landes, prairies humides et formations tourbeuses) liées à la présence de terrains imperméables.

Elle comprend de nombreux habitats déterminants :

- bourbiers sableux à Gnaphales des marais et blanc jaunâtre (Gnaphalium uliginosum et Gnaphalium luteo-album) ;

- communautés amphibies pérennes des bordures d’étangs acides aux eaux peu profondes à Littorelle (Littorella uniflora) ;

- landes humides à Erica tetralix sans Erica ciliaris ;

- tourbières bombées fragmentaires avec buttes de sphaignes (Sphagnum sp.) ;

- tourbières avec chenaux occupés par l’Ossifrage (Narthecium ossifragum) ;

- tourbières de transition plus mouillées avec radeaux de Potamot (Potamogeton polygonifolius) ou de Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata) ;

- marécages tremblants à Molinie bleue (Molinia caerulea) ;

- tourbières basses à Carex flava ;

- bas-marais acides formant des communautés à Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba) ;

- et bois d’aulnes marécageux oligotrophiques ou méso-eutrophes.

Les sols acides permettent également l’expression de pelouses siliceuses ouvertes médio-européennes à Festuca capillacea et annuelles naines.

Cet ensemble constitue l’un des derniers bastions importants de landes et tourbières en remontant au nord des Pyrénées. La plupart de ces habitats sont très caractéristiques.

Pour plus de détails sur les habitats, on consultera les fiches des ZNIEFF de type 1 incluses dans ce site.

Le cortège d’espèces végétales liées aux landes, aux marais et aux pelouses acides est important, avec notamment, sur la liste nationale des espèces protégées : les Rossolis à feuilles rondes et intermédiaire (Drosera rotundifolia et Drosera intermedia) et la Littorelle à une fleur (Littorella uniflora). 4 espèces bénéficient d’une protection régionale : la Laîche à deux nervures (Carex binervis), le Scirpe multicaule (Eleocharis multicaulis), l’Orchis très odorant (Gymnadenia odoratissima) et le Millepertuis des marais (Hypericum elodes). 5 sont inscrites sur la liste rouge régionale : la Laîche jaunâtre (Carex flava), l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), la Petite scutellaire (Scutellaria minor), le Silène de France (Silene gallica) et la Moutarde blanche (Sinapis alba).

Et de nombreuses autres sont déterminantes : la Laîche lisse (Carex laevigata), le Scirpe des marais (Eleocharis palustris), la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), l’Helléborine des marais (Epipactis palustris), la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), leTrèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), l’Osmonde royale (Osmunda regalis), l’Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium), le Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba), le Scirpe des lacs (Schoenoplectus lacustris), la Phalangère à feuilles planes (Simethis mattiazzii), l’Épiaire des marais (Stachys palustris), le Pissenlit des marais (Taraxacum palustre), l’Ajonc nain (Ulex minor), ou encore la Campanille à feuilles de lierre (Whalenbergia hederacea).

On note également plusieurs autres espèces d’intérêt patrimonial, notamment la Lobélie brûlante (Lobelia urens) et la Trompette de Méduse (Narcissus bulbocodium), bien représentées ici, ainsi que plusieurs espèces de sphaignes dont le rare Sphagnum molle.

Les oiseaux constituent le cortège d’espèces animales le plus riche du site. Nous pouvons mentionner d’importants stationnements et l’hivernage de la Cigogne blanche (Ciconia ciconia), jusqu’à une trentaine d’oiseaux présents, et une tentative de nidification, des haltes migratoires voire l’hivernage de vols de grues cendrées (Grus grus), la présence hivernale (non déterminante) de groupes de Bécassine des marais (Gallinago gallinago), et des conditions très propices à des haltes régulières d’oiseaux migrateurs, hivernants ou erratiques, que l’on observe le plus souvent en petit nombre : l’Élanion blanc (Elanus caeruleus), le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), la Grande Aigrette (Casmerodius albus), la Pie-grièche grise (Lanius excubitor), la Cigogne noire (Ciconia nigra) et le Faucon Kobez (Falco vespertinus).

Parmi les oiseaux nicheurs, on peut signaler le Courlis cendré (Numenius arquata), dont le nombre de couples sur le plateau est en régression, ainsi que le Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) au niveau des lacs. L’Œdicnème criard (Burhinus oedicnemus) y a également été signalé. Le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), le Milan royal (Milvus milvus) et le Circaete Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) exploitent fréquemment le site pour s’y alimenter.

Parmi les mammifères, le Putois (Mustella putorius) est présent dans les zones humides du site. Le Lézard vivipare (Zootoca vivipara) occupe quant à lui la plupart des prairies et tourbières.

L’Azuré des mouillères (Maculinea alcon), papillon rare et protégé nationalement, en forte régression dans une grande partie de la France, a déjà été observé sur certaines parties du site ; le Miroir (Heteropterus morpheus), petit papillon lié aux milieux herbeux en régression en France et dans la région, est bien représenté ici ; le Grand Nègre des bois (Minois dryas) est lié aux Molinies, et l’Agrion nain (Ischnura pumillo) est signalé en plusieurs points.

Ce site présente plusieurs attraits supplémentaires. La présence de tourbières avec des portées suffisantes permet l’étude palynologique. Les vestiges préhistoriques sont très nombreux, en particulier les tumulus de l’âge du bronze et de l’âge du fer qui donnent à ce site un fort intérêt archéologique, pouvant être mis en relation avec les données issues de l’étude des pollens fossiles (climat, apparition des diverses cultures, différents types d’activités humaines...).

Enfin, sa disposition en château d’eau lui confère un important rôle de régulation des eaux.

L’ensemble « landes humides de Capvern et plateau de Lannemezan » ne constitue que le vestige d’une unité naturelle beaucoup plus vaste, aujourd’hui dégradée et morcelée. Il conserve cependant un patrimoine naturel important notamment par ses milieux humides ouverts et ses espèces associées. Sa sauvegarde constitue un enjeu pour la conservation de la nature au pied des Pyrénées.

Commentaires sur la délimitation

Ce site constitue un regroupement des derniers vestiges de la lande humide occupant le haut du plateau de Lannemezan. Il est délimité par les zones d’urbanisation, d’industrie, le centre pénitentiaire et des infrastructures de circulation qui lui donnent un aspect mité, difficilement traduisible dans une description écrite. Au sein du périmètre retenu, il existe également divers degrés d’artificialisation avec des plantations de conifères, des prairies ou des cultures, qui sont cependant le plus souvent utilisées par des espèces d’oiseaux déterminantes et dont les marges sont colonisées par des plantes intéressantes ou des habitats déterminants.