La ZNIEFF correspond à une partie de la vallée de la Neste d’Aure, sur son flanc exposé à l’est, comprise entre le massif de l’Arbizon et le « verrou » de Beyrède-Sarrancolin. Les pâturages en crête des Quatre Véziaux au col d’Aspin forment la limite supérieure. Plus bas, on retrouve une alternance de zones de pâturages et de grandes forêts couvrant les flancs jusqu’aux altitudes les plus basses près du lit de la Neste. Les forêts d’Ancizan, Cadéac, Arreau, Barrancoueu, Aspin et Beyrède-Jumet constituent les grands ensembles forestiers. C’est le long des trois routes principales traversant la zone d’est en ouest, à savoir la route du col d’Aspin, celle de la Hourquette d’Ancizan et celle menant au village de Barrancoueu, que se localisent les prairies de fauche et les pâturages d’altitude moyenne. Au nord, les reliefs sont plus découpés et laissent apparaître quelques falaises nues (Beyrède) ; au sud-ouest, la ZNIEFF remonte jusqu’au sommet de l’Arbizon, incluant des zones escarpées, de roche nue et d’éboulis, ainsi que des pelouses alpines.
Les terrains géologiques sont majoritairement constitués de terrains primaires du Carbonifère, du Dévonien et du Namurien, où alternent calcaires schisteux à grès et pélites, calcaires gris, pélites schisteuses et pélites noires. Plus au nord, des terrains plus récents du Permien sont constitués de quartzites rosées à ciment argilo-gréseux : c’est la « Brèche rouge », ensemble de rochers rouges affleurants visibles depuis la Neste en face de Fréchet jusqu’aux crêtes du col d’Aspin-Monné Rouye. La partie la plus au nord, jusqu’à Beyrède, est différente, composée de terrains du Secondaire, du Crétacé et du Trias, où alternent falaises calcaires et poudingues.
La physionomie paysagère est encore marquée par l’activité agropastorale. L’élevage et la fauche sont encore très présents sur les pentes les plus faibles et bien exposées. Les versants les plus abrupts hébergent de grandes hêtraies-sapinières exploitées.
Les principaux milieux rencontrés sont la hêtraie et la hêtraie-sapinière, qui constituent de grands ensembles homogènes couvrant les flancs de montagne du bord de la Neste (600 m) jusqu’aux lignes supérieures de crête (vers 1 500 m). Des stations forestières moins fréquentes présentent un grand intérêt écologique : stations à Chêne sessile, à Chêne pubescent... Quelques flancs bien exposés au sud et accessibles, les terrains les plus plats, sont occupés par des pâturages, des prairies de fauche et des zones de colonisation en landes qui alternent. Çà et là, et à toute altitude, on rencontre quelques affleurements rocheux schisteux et calcschisteux bien exposés, ainsi que des petites falaises calcaires (Saxifragion mediae). Ce sont les secteurs les plus riches en flore (à caractère thermophile, flore calcicole, ou encore annuelles silicicoles). Les parois les plus verticales et isolées abritent des oiseaux rupestres nicheurs. La partie la plus au sud-ouest culmine à 2 800 m avec le flanc sud-est de l’Arbizon et ses affleurements rocheux, éboulis et pelouses alpines. L’ensemble est traversé de petits ruisseaux orientés est-ouest et tous affluents de la Neste. La différence d’altitude est très forte, et l’on rencontre une grande diversité d’habitats de l’étage montagnard à l’étage alpin.
Pour la flore, les espèces les plus intéressantes se rencontrent sur les habitats particuliers précédemment cités, qu’elles soient acidiphiles ou calcicoles pour les plus basses altitudes (Arnoseris naine [Arnoseris minima], Spéculaire de Castille [Legousia scabra], Téléphium d’Imperato [Telephium imperati], Germandrée botryde [Teucrium botrys], Carex à fruits lustrés [Carex liparocarpos]...), et pour les plus hautes altitudes sur affleurements calcaires des plantes plus classiques des Pyrénées (Scrofulaire des Pyrénées [Scrophularia pyrenaica, protégée nationalement], Saxifrage à longues feuilles [Saxifraga longifolia], Ramonde des Pyrénées [Ramonda myconi], Alsine à feuilles de Céraiste [Minuartia cerastifolia, protégée régionalement]...). La Lathrée écailleuse (Lathraea squamaria) se rencontre dans un vallon boisé, mais ces grandes forêts sont plus importantes pour la faune, notamment pour l’Aigle botté et le Circaète Jean-le-Blanc qui y nichent.
Quelques secteurs de falaises abritent des rapaces rupestres diurnes mais aussi le nocturne et rare Hibou grand-duc (Bubo bubo), et des corvidés comme le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax).
Les milieux les plus ouverts d’altitude accueillent la Perdrix grise et le Lagopède alpin. Pour les secteurs ouverts les plus bas, on rencontre des espèces à la recherche de conditions stationnelles favorables, comme sur les flancs sud d’Aspin où se rencontrent les deux coronelles et notamment la girondine (Coronella girondica) en population relictuelle. C’est là aussi que se rencontre la plus grosse population d’Orchis de Lange (Orchis langei) de la vallée d’Aure, espèce ibérique en limite d’aire septentrionale dans ces secteurs. Ces milieux ouverts abritent aussi quelques papillons et coléoptères remarquables, pour lesquels il serait certainement intéressant de réaliser des inventaires complémentaires. Les cours d’eau quant à eux hébergent la Loutre (Lutra lutra).
Sur ces secteurs, les facteurs les plus préjudiciables aux espèces sont les perturbations directes des milieux (coupes forestières, chasse), causant notamment le dérangement de l’avifaune nicheuse. Des élargissements de routes sur les secteurs schisteux pourraient également être dommageables, et enfin, à plus long terme, la fermeture des milieux par abandon des pratiques pastorales.
La limite retenue est celle d’une partie du bassin versant en rive gauche de la Neste d’Aure, compris au sud entre le flanc nord-est de l’Arbizon, et les parois calcaires de Beyrède-Jumet au nord. La limite supérieure est dessinée par les crêtes prolongeant vers le nord le pic du Bassia à la Hourquette d’Ancizan jusqu’au col d’Aspin ; la limite inférieure correspond grossièrement à la rive gauche de la Neste d’Aure entre Ancizan et Beyrède, à l’exception des zones habitées et artificialisées comprises entre le bas de versant et le lit mineur, qui ont été exclues.
Les villages des versants, de très petite taille, ont été inclus.