ZNIEFF 730006540
Forêt de Très-Crouts, Lourdes, Ségus et Le Béout

(n° régional : Z2PZ0087)

Commentaires généraux

La zone est comprise entre le gave de Pau au nord et à l’est, les massifs du Granquet et du Pibeste au sud et la limite régionale avec l’Aquitaine à l’est. Elle est à très large dominante forestière.

Sur les ombrées de Très Crouts, sous les vents dominants en provenance de l’océan, les nuages sont bloqués par le relief, et le climat est très humide. Une végétation assez luxuriante, essentiellement forestière, se développe.

Sur les versants calcaires à sols plus ou moins profonds, on trouve la hêtraie à Scille lis-jacinthe (Scilla lilio-hyacinthus). Dans les ravins encaissés des Génies, sur fortes pentes et blocs rocheux, ce sont des forêts de Tilleul, Frêne, Érable plane et parfois Orme des montagnes, ainsi que des buxaies arborescentes. Ces ravins sont très riches en fougères mais aussi en mousses, en lichens et en champignons. On y trouve en particulier certains champignons d’affinité tropicale sur le bois mort, ainsi qu’un cortège de champignons saprotrophes terricoles des buxaies des ravins, avec de nombreuses espèces rares comme Ramariopsis clavuligera, Ramariopsis subtilis, Ramariopsis tenuiramosa...

Il est à noter que la majorité de ces vastes espaces forestiers sont peu accessibles et peu exploités, état de fait plutôt exceptionnel dans les Pyrénées françaises.

Le long du gave, au nord, la ZNIEFF inclut également la forêt de Soubercarrère dite « bois de Lourdes », qui constitue une forêt de production. Elle héberge notamment un site de nidification d’Aigle botté.

Une autre originalité des ravins de Très Crouts réside dans la présence de sources pétrifiantes. Le dépôt du calcaire sur les mousses et les débris végétaux donne une roche particulière : le tuf.

En altitude, les pelouses rases à Nard raide (Nardus stricta) colonisent les replats et dépressions d’altitude à sols développés et acides.

Parmi les pelouses calcaires subalpines, on rencontre des formations d’altitude originales d’ombrée comme les pelouses à Laîche toujours verte (Carex sempervirens), souvent sous les crêtes en ombrée, les pelouses à Horminelle des Pyrénées (Horminum pyrenaicum), en couloirs humides et frais, tapis ras et dense de feuilles larges à la floraison violette spectaculaire en été.

Les landes subalpines, peu représentées en raison des faibles altitudes du massif, méritent toutefois d’être mentionnées en termes de diversité. La lande à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et à Myrtille (Vaccinium myrtillus) occupe de petites surfaces en exposition secondaire d’ombrée sur sols humides et acides.

À noter également une station de Potentille arbustive (Potentilla fruticosa), une espèce protégée en France, très rare dans les Pyrénées et exceptionnelle à l’échelle nationale.

À l’est se localise un petit complexe tourbeux (Soum d’Ech) qui accroît encore la biodiversité de cette zone.

En raison de leur relative inaccessibilité, de l’absence de routes forestières ou pastorales et du caractère particulier du climat et de la végétation, ces massifs recèlent une faune riche, variée et assez exceptionnelle, tout particulièrement au niveau de l’avifaune. Le massif accueille notamment le Circaète Jean-le-Blanc.

Le réseau hydrographique, bien que peu développé sur substrat calcaire, et les grottes, abritent une faune spécifique (Loutre, chauves-souris).

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF s’appuie essentiellement sur des critères géomorphologiques. Sommairement, elle correspond à la zone comprise entre le gave de Pau au nord et à l’est, les massifs du Granquet et du Pibeste au sud et la limite régionale à l’est.

Plus finement, elle comprend le versant en exposition nord du massif calcaire du Pibeste (bois de Ségus, hébergeant notamment des oiseaux patrimoniaux), le massif du Béout à proximité de Lourdes (sur lequel on trouve en particulier des espèces déterminantes de mollusques et des enjeux floristiques), ainsi qu’un ensemble de sous-bassins versants du gave de Pau, en particulier ceux du Rieutord et de Rieulhes, pour leur partie amont, et ceux de la Génie Braque et de la Génie Longue (forts enjeux floristiques, au sens large).

À l’ouest, la limite correspond à la ligne de partage des eaux entre les bassins versants de l’Ouzom et du gave de Pau, qui marque la frontière régionale avec l’Aquitaine. Au nord, le site s’arrête à la vallée du gave de Pau, les zones bocagères et boisements sans enjeux naturels identifiés ayant été écartés du contour. À l’est, là aussi, la vallée du gave de Pau marque la limite de la zone. Le vallon de Batsurguère, correspondant à la partie aval du bassin versant du ruisseau de Lanusse, largement bocager et habité, a été exclu car ne présentant pas d’enjeux naturels identifiés. Au sud, la limite correspond à la ligne de crête du Pibeste au col d’Espadre.