ZNIEFF 730010009
Montagne Noire (versant Nord)

(n° régional : Z1PZ2212)

Commentaires généraux

Cette vaste ZNIEFF de près de 32 000 ha correspond à l’ensemble du versant nord de la Montagne Noire s’étendant d’est en ouest sur plus de 50 km.

Ce massif ancien (cristallin et métamorphique) est orienté d’est en ouest. Son versant nord est entaillé de nombre de vallées et de vallons encaissés, et présente un relief marqué avec de forts dénivelés (de 250 m d’altitude jusqu’à près de 1 200 m sur les crêtes formant la limite administrative entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon).

Le climat est globalement sous influence atlantique avec un caractère montagnard marqué aux plus hautes altitudes, surtout dans la partie centrale et orientale (massifs de Montaud, de Nore et de Peyremaux).

La forêt occupe l’essentiel de l’espace (70 à 80 % suivant les secteurs). Elle est composée de taillis et futaies de feuillus (chênes et Châtaignier sur les bas de versants, et Hêtre plus en altitude) et de boisements de conifères. Ces derniers sont majoritairement issus des campagnes d’enrésinements du fonds forestier national réalisées dans les années 1950-1970.

Quelques grandes « clairières » agricoles (élevage) se sont maintenues sur de petits plateaux (Sales, Roquelan, Arfons, et centre de vol à voile de la Montagne Noire) dont certains sur roches calcaires (désert de Saint-Ferréol, causse du Calel).

Les surfaces en landes sont encore localement bien représentées (vol à voile, Montalric, Les Yès, Nore,...) et essentiellement composées d’éricacées et, dans la partie ouest, de genêts et d’ajoncs.

Les zones humides (tourbières) sont encore nombreuses sur certaines parties du site, en particulier sur le plateau de Sales à l’est du massif.

Des zones rocheuses (parois) sont également présentes sur quelques versants et vallées encaissés (vallées de l’Arnette et du Sor, environs de Dourgne...) ainsi que sur certains sommets (éboulis, affleurements).

À l’échelle de l’ensemble du massif de la Montagne Noire, une opposition très contrastée existe du point de vue biogéographique entre les deux versants : versant nord humide avec Hêtre et Sapin, versant sud sec et méditerranéen avec Chênes vert et pubescent. Cette opposition explique une grande diversité de milieux naturels donc une grande diversité biologique.

La vaste entité formée par le versant nord présente de multiples intérêts écologiques, faunistiques et floristiques du fait d’une grande diversité d’habitats (landes, tourbières, milieux forestiers, ouverts et agropastoraux de montagne, zones rocheuses...) et d’une faible anthropisation.

Les habitats déterminants recensés sur le massif sont liés :

- aux petites zones humides et aux tourbières surtout présentes sur les hauteurs de la partie centrale et de l’est du massif ;

- aux milieux secs des zones calcaires de la moitié occidentale du massif (pelouses médio-européennes du Xerobromion) ;

- aux espaces agropastoraux abritant encore des prairies de fauche de montagne.

La diversité des milieux et des conditions stationnelles se traduit par une grande richesse botanique avec de nombreuses plantes déterminantes recensées.

Il s’agit principalement d’espèces montagnardes et de la hêtraie, d’espèces calcicoles et d’espèces des zones humides.

Parmi elles, 20 espèces figurent sur la liste rouge régionale, dont 7 bénéficient d’une protection au niveau national (le Rossolis à feuilles rondes [Drosera rotundifolia] et le Millet verdâtre [Piptatherum virescens]), régional (le Scirpe à nombreuses tiges [Eleocharis multicaulis] et le Millepertuis des marais [Hypericum elodes]) ou départemental (la Cardamine à larges feuilles [Cardamine raphanifolia] et le Siméthis à feuilles planes [Simethis mattiazzii]).

Les tourbières abritent également plusieurs espèces déterminantes de mousses (bryophytes), notamment des sphaignes.

Le site, en particulier sa partie ouest, abrite plusieurs espèces de chiroptères déterminantes car peu abondantes et/ou menacées à l’échelle régionale, voire nationale.

L’existence de plusieurs grottes karstiques offre à ces espèces des gîtes favorables pour la reproduction, l’hibernation et le transit. Cela concerne en particulier d’importants effectifs de Minioptère de Schreibers (2 000 en période de reproduction), mais aussi le complexe Grand/Petit Murin (entre 50 et 100 en période de reproduction) et les Grand et Petit Rhinolophes (respectivement 120-150 et 30 individus hivernants).

Le Rhinolophe euryale, espèce rare et menacée au niveau national, est également présent.

Le versant nord de la Montagne Noire possède un peuplement de rapaces nicheurs remarquable avec notamment plusieurs espèces déterminantes. Cette situation résulte, d’une part de la présence de nombreux sites propices à la nidification (zones boisées et rocheuses peu fréquentées), d’autre part de la proximité de territoires de chasse (zones ouvertes du piémont, de la plaine et des clairières agropastorales). Sont ainsi présents plusieurs couples d’Autour des palombes (espèce bien représentée, mais dont la taille de la population est inconnue), une dizaine de couples de Grand-Duc d’Europe et 3 à 4 couples de Faucon pèlerin.

À noter que la partie orientale est régulièrement fréquentée par l’Aigle royal (adultes des couples nichant sur le versant sud et jeunes oiseaux en erratisme) et le Vautour fauve (échanges entre Pyrénées et Grands Causses).

Les landes sèches permettent la nidification d’effectifs de busards remarquables aux échelles départementales et régionales : environ 8-10 couples de Busard Saint-Martin et 12 à 15 de Busard cendré (ces derniers très localisés aux landes à ajoncs de l’extrémité occidentale du massif). Certaines de ces landes (ouest du site) abritent également des fauvettes à affinités méditerranéennes, localisées et peu fréquentes dans notre région : la Fauvette mélanocéphale, la Fauvette passerinette et la Fauvette pitchou.

Les espaces ouverts des clairières agropastorales, relativement préservés des effets de l’agriculture intensive, permettent à des espèces liées aux agrosystèmes traditionnels de se maintenir (Pie-grièche écorcheur, Bruant jaune, Alouettes des champs et lulu, Linotte mélodieuse, busards...). Ces dernières zones ouvertes constituent aussi d’importantes zones de chasse pour les rapaces.

Les vastes hêtraies accueillent le Pic noir, espèce ayant totalement colonisé le massif au cours des quinze dernières années.

Les zones rocheuses et xériques du massif accueillent deux espèces de reptiles d’affinités méridionales classées parmi les espèces déterminantes : le Lézard catalan et la Coronelle girondine.

Le Triton marbré, espèce en déclin à l’échelle nationale (dégradation de ses habitats liée aux pratiques agricoles et à l’extension de l’urbanisation), est présent et se reproduit dans certaines mares.

Le Brochet (Esox lucius) et l’Anguille (Anguilla anguilla) sont présents dans plusieurs cours d’eau sur le versant sud.

On observe un cortège de coléoptères saproxyliques qui traduit la présence de la diversité des ressources en bois mort et le bon fonctionnement des processus de dégradation du bois sur le site.

Les eucnémides (Dirhagus lepidus, Hylis cariniceps, Hylis olexai, Hylis simonae et Eucnemis capuccina) recherchent les bois morts, de même que les longicornes Necydalis ulmi et Pedostranglia revestita qui sont des espèces thermophiles assez rares dans la région.

Le cléride Opilo mollis est un prédateur qui chasse les petits saproxyliques comme les scolytes.

Le cortège d’espèces représentatif des cavités de vieux arbres est composé sur le site de l’alléculide Prionychus ater, des taupins Stenagostus rhombeus et Brachygonus bouyoni et de la cétoine Cetonischema aeruginosa. Les cavités de vieux arbres constituent l’un des habitats les plus évolués du bois mort. Elles sont liées à l’excavation du bois sous l’action de cortèges d’organismes saproxyliques spécialisés qui se succèdent selon l’état de décomposition du bois. L’aboutissement de la dégradation du bois forme un terreau qui se maintient dans la cavité et qui sera favorable à tout un cortège d’espèces exigeantes. En milieu forestier, cet habitat est devenu de plus en plus rare en raison de l’exploitation des arbres à la fin de leur période de croissance.

La présence de cet habitat traduit le bon fonctionnement de l’ensemble des processus de dégradation du bois, lequel est assuré par la diversité des organismes saproxyliques présents sur le site. Cette diversité est liée à la maturité du site, c’est-à-dire à la continuité de la disponibilité d’une diversité de ressources en bois mort dans le temps, facteur indispensable pour le maintien des populations d’espèces sur le site.

Deux insectes protégés au niveau national et d’intérêt communautaire sont également connus en Montagne Noire : un papillon, le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia) et une sauterelle, la Magicienne dentelée (Saga pedo).

Commentaires sur la délimitation

Le site correspond à l’ensemble du versant nord de la Montagne Noire depuis les environs de Vaudreuille à l’ouest jusqu’au plateau de Sales et Labastide-Rouairoux à l’est. La limite sud suit les lignes de crêtes formant la limite administrative entre les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

Malgré l’abondance de plantations de résineux, ce sont avant tout les enjeux liés à la fonctionnalité hydrologique du bassin versant et de massif qui justifient les limites de ce site.