Située en grande partie sur la commune de Lacrouzette, cette ZNIEFF englobe un plateau granitique très boisé et légèrement vallonné. Ce site, inclus dans le Parc naturel régional du Haut-Languedoc, est célèbre pour son granite qui affleure partout sous diverses formes : dalles rocheuses, blocs solitaires et chaos (dont celui de la Resse). De plus, ce massif fait figure « d’îlot de granite » entre les autres massifs granitiques des Pyrénées et du Massif central. Ajoutons également que le lac du Merle et ses zones humides attenantes font partie intégrante de la ZNIEFF.
Cette ZNIEFF trouve son principal intérêt dans la diversité des micro-habitats liés au granite et au massif boisé préservé. Bien que relativement pauvres du point de vue des phanérogames, ces milieux sont autant de niches très favorables aux lichens et aux mousses. Les quelques espèces que nous citerons ne donneront qu’un aperçu très superficiel de la richesse réelle et encore très méconnue de ce site. Les bords de ruisseaux, les rochers suintants, les rochers exposés ou ombragés, parois verticales ou dalles rocheuses sont autant de micro-habitats colonisés par des cortèges bryo-lichéniques très spécifiques de cette roche magmatique. La maturité et la continuité forestière du massif contribuent également à la richesse spécifique élevée de ce site pour ces organismes. Ce site présente donc une importance régionale voire nationale pour ces deux groupes taxonomiques.
Les bordures des ruisseaux sont par exemple colonisées par Hyocomium armoricum et diverses sphaignes comme Sphagnum auriculatum, S. fallax et S. palustre. On y croise parfois également une fougère peu commune : l’Osmonde royale (Osmunda regalis).
Sans évoquer une à une la douzaine d’espèces de lichens déterminants, citons tout de même Melaspilea granitophila qui, outre son nom révélateur, n’est actuellement connu en France que du Sidobre. Enfin, il faut vraiment souligner l’originalité et la rareté des communautés lichéniques hydrophiles des rochers granitiques de ce site.
Le granite de ce site est une ressource importante pour les carrières qui grignotent petit à petit ce massif et constituent une menace réelle pour ces espèces à moyen terme.
Les zones humides du lac du Merle présentent quant à elles une flore phanérogamique assez remarquable essentiellement liée à des milieux paratourbeux. Outre la saussaie marécageuse à Saule cendré, des communautés de bas-marais hébergent un important cortège d’espèces patrimoniales : Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum polystachion), Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris), Millepertuis des marais (Hypericum elodes) [protégé en Midi-Pyrénées]. Des espèces amphibies rares comme la Litorelle à une fleur (Littorella uniflora) et le Scirpe à nombreuses tiges (Eleocharis multicaulis), peuvent être observées sur les zones exondées en période estivale. Toutes ces communautés sont fortement dépendantes de la gestion hydrologique du lac, et il conviendra de les maintenir en l’état.
Enfin, notons également la présence du Pic mar dans cette forêt.
La ZNIEFF englobe les hauteurs du principal plateau granitique à l’ouest de Lacrouzette en intégrant les chaos granitiques et les zones humides du lac du Merle, et en excluant les zones de carrières actuellement en activité.