ZNIEFF 730010131
Vallée du Viaur et ses affluents

(n° régional : Z1PZ2326)

Commentaires généraux

La zone constitue une vaste ZNIEFF de type 2 de 27 376 ha, et représente une vallée encaissée, fortement boisée et peu pénétrable par endroits. Quelques prairies sont présentes sur le plateau, et certaines en fond de vallées dominées par l’agriculture. Des zones rocheuses accompagnées de landes sont également présentes. Plusieurs ZNIEFF de type 1 sont incluses dans ce vaste site.

La diversité des milieux sur le territoire permet la présence d’une faune et d’une flore variées. La rivière Viaur et ses affluents sont une zone favorable à la présence et à la reproduction de plusieurs espèces faunistiques inféodées aux milieux aquatiques (poissons, mammifères, crustacés et mollusques). Les versants boisés (principalement caducifoliés), les forêts riveraines et les zones rocheuses sont propices à la nidification de nombreuses espèces d’oiseaux peu communes. Elles permettent également la présence d’une flore caractéristique. Enfin, les milieux ouverts tels que les landes et les prairies humides, voire tourbeuses, permettent la reproduction de nombreuses espèces de faune et de flore, et constituent un territoire de chasse privilégié pour les espèces de rapaces qui nichent sur le site.

D’un point de vue floristique, diverses zones humides et tourbières complètent l’intérêt de la ZNIEFF avec la présence d’habitats remarquables de bas-marais et de buttes de sphaignes. On retrouve de nombreuses espèces floristiques caractéristiques des prairies fraîches à humides (voire tourbeuses), notamment trois espèces protégées en Aveyron : la Laîche à fruits velus (Carex lasiocarpa), la Linaigrette à larges feuilles (Eriophorum latifolium) et le Scirpe cespiteux (Trichophorum cespitosum). Plusieurs espèces rares du cortège des tourbières et prairies humides se rencontrent aussi sur le territoire comme par exemple l’Épipactis des marais (Epipactis palustris), la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris), le Comaret (Potentilla palustris), le Jonc filiforme (Juncus filiformis) ou encore le Jonc des Alpes (Juncus alpinoarticulatus). Les forêts de feuillus accueillent également des espèces floristiques et mycologiques intéressantes. Une espèce protégée au niveau régional est présente : la Sibthorpie d’Europe (Sibthorpia europaea), ainsi que deux espèces protégées en Aveyron : l’Ail des bruyères (Allium ericetorum) que l’on ne trouve que dans le Ségala et le Lévézou, et la Lobélie brûlante (Lobelia urens). Des espèces jugées rares à très rares en Aveyron sont également recensées comme l’Asplénium de Billot (Asplenium obovatum subsp. billotii), la Laîche des ombrages (Carex umbrosa), très rare et localisée dans la ripisylve du Viaur, ou encore le Chêne tauzin (Quercus pyrenaica), une espèce eu-atlantique en limite est de répartition. Côté champignons, on note la présence entre autres de Cortinarus humicola, Cystoderma granulosum, Hygrophorus mesotephorus, Panellus ringens, ou encore Strobilomyces strobilaceus. La faune est tout aussi importante et diversifiée (pour des informations plus complètes, se reporter aux bordereaux des ZNIEFF de type 1 associées). Les différents cours d’eau accueillent 10 espèces de poissons déterminants, dont trois sont jugées rares à assez rares dans le département de l’Aveyron : l’Anguille, le Toxostome et le Rotengle. Signalons notamment la présence de la Vandoise rostrée, espèce qui affectionne les cours d’eau de bonne qualité, bien oxygénés et généralement graveleux ou sablonneux. Côté invertébrés, on retrouve une espèce de crustacé : il s’agit de l’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) avec des effectifs allant de forts à faibles selon les localisations, et une espèce de mollusque qui a été recensée au milieu des années 1970 : la Moule perlière d’eau douce (Margaritifera margaritifera margaritifera). Aucune donnée récente n’est mentionnée depuis, mais sa survie sur le Viaur reste possible (Crochet, 2000). Les populations de batraciens sont diversifiées grâce à la présence sur le site de nombreuses micro-zones humides (mares, ruisselets...) avec le Triton marbré et la Grenouille agile, tous deux inscrits à l’annexe IV de la directive « Habitats ». Deux espèces de reptiles déterminants sont identifiées sur le territoire : le Lézard catalan qui affectionne les terrains rocheux, secs et bien ensoleillés, à végétation éparse d’affinités méditerranéennes, et à l’inverse le Lézard vivipare qui affectionne les contextes plus montagnards. Le site accueille également de nombreuses espèces d’oiseaux qui utilisent des biotopes variés pour se reproduire et/ou s’alimenter. Certaines sont rares ou gravement menacées au niveau régional ou national, d’autres voient leurs aires de répartition diminuer de manière plus ou moins importante. Tout d’abord, on peut observer des rapaces rupestres, comme le Faucon pèlerin et le Grand-Duc d’Europe, et des rapaces forestiers avec le Circaète Jean-le-Blanc et le Milan royal. Ce dernier utilise le site au printemps et en été pendant la reproduction, mais également en hiver puisqu’un dortoir hivernal se situe aux alentours de Réquista. De nombreuses espèces typiques des milieux agricoles sont également recensées dont la Pie-grièche à tête rousse, une espèce rare en Aveyron, la Pie-grièche grise, une espèce peu commune et localisée en Aveyron, la Chevêche d’Athéna ou encore le Pipit farlouse. Les mammifères sont aussi bien représentés avec notamment des espèces forestières, comme le Putois d’Europe et l’Hermine, tous deux peu communs en Aveyron, et la Loutre d’Europe bien présente dans la rivière Viaur et ses affluents. Enfin, deux espèces de coléoptères saproxyliques sont recensées (le taupin Ampedus praeustus et le charançon Prostomus mandibularis), ainsi qu’une espèce de sauterelle à affinités montagnardes, la Decticelle des alpages (Metrioptera saussuriana).

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF est composée de la vallée du Viaur et de ses affluents. Le bassin versant du Viaur recouvre 61 communes aveyronnaises, 11 communes tarnaises et une commune du Tarn-et-Garonne, soit au total 73 communes. À Tanus, le Viaur sort du département de l’Aveyron pour servir, durant une bonne partie de son cours, de limite entre les départements du Tarn et de l’Aveyron. Quelques secteurs dans sa partie aval sont entièrement inclus dans le département du Tarn. Le Viaur, affluent rive gauche de l’Aveyron, prend sa source au sud du puech del Pal sur la commune de Vézins-du-Lévézou, à une altitude de 1 090 m. Il serpente d’est en ouest à travers deux grandes régions naturelles que sont le Lévézou et le Ségala. Après un parcours de 163 km, il conflue avec l’Aveyron au niveau de Saint-Martin-Laguépie (département du Tarn) et Laguépie (département du Tarn-et-Garonne) à une altitude de 150 m. La ZNIEFF abrite une flore et une faune remarquables et diversifiées.