ZNIEFF 730010289
Ruisseau du Lemboulas et ruisseaux affluents

(n° régional : Z1PZ0201)

Commentaires généraux

Dans un contexte général d'agriculture intensive, cette ZNIEFF linéaire très étroite prend en compte la rivière Lemboulas (incluant quelques affluents). Le Lemboulas traverse le Lot puis le Tarn-et-Garonne, et sert de frontière naturelle entre les deux départements. C'est un ruisseau de type "méditerranéen", c'est-à-dire avec un débit d'eau très important de l'hiver au printemps, qui entraîne des inondations régulières, et une période d'étiage très marquée avec un écoulement faible voire nul ou parfois souterrain. On note une importante retenue sur la commune de Montdoumerc, à l'origine de certains lâchers d'eau lors de trop-pleins. Cette abondance d'eau entraîne un creusement du lit de façon alarmante, susceptible à terme de réduire voire supprimer l'alimentation des zones humides connexes. Sur les versants sont échelonnées des prairies humides, prairies de fauche ou de pelouses sèches selon leur niveau topographique. Les formations boisées sont aussi diverses.

Concernant la flore et les habitats, plusieurs espèces de plantes déterminantes sont présentes sur l'ensemble de la vallée.  Elles se répartissent selon les différents habitats suivants (les espèces les plus remarquables seront citées ici).
Les prairies naturelles humides sont localisées en fond de vallon en contact direct avec les fluctuations du ruisseau, ou alimentées par des sources et autres écoulements de surface. Elles se rapportent au syntaxon du Bromion racemosi, qui accueille les espèces typiques suivantes : le Brome en grappe (Bromus racemosus), graminée typique du cortège ; l'Orchis des Charentes (Dactylorhiza elata subsp. sesquipedalis), classique sur les milieux humides calcaires ; et l'Euphorbe poilue (Euphorbia villosa). La Colchique d'automne (Colchicum autumnale) et la Grande pimprenelle (Sanguisorba officinalis) font le lien avec les prairies de fauche. On notera la présence particulière de l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), espèce de petite fougère à large répartition, mais très discrète et assez rare localement, ainsi que de grandes stations de Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris) tout le long du ruisseau, probablement impactées par la transformation des prairies en culture. Cette espèce est protégée dans le département du Tarn-et-Garonne. Sur le bord des eaux calmes, ici aux alentours de la retenue, on peut observer le Flûteau lancéolé (Alisma lanceolatum), parfois confondu avec le Plantain d'eau (Alisma plantago-aquatica), mais beaucoup moins commun. En liaison avec le premier habitat se trouvent les prairies naturelles généralement fauchées. Le cortège floristique est composé d'espèces communes, mais certains taxons sont à signaler localement comme le Trèfle écailleux (Trifolium squamosum ex maritimum), plus communément observé dans les zones méridionales, qui pénètre assez loin dans les terres. C'est dans les versants encore plus thermophiles que l'on trouvera les pelouses sèches plus ou moins écorchées selon la texture du sol. Des formations à plantes annuelles d'affinité méditerranéenne avec l'Égilope ovale (Aegilops ovata) ou encore le Brachypode à deux épis (Brachypodium distachyon) cohabiteront avec des pelouses xérophiles à plantes vivaces, comme le Stipe penné (Stipa pennata), le Liseron des Cantabriques (Convolvulus cantabricus) ou encore des orchidées comme l'Orchis singe (Orchis simia). Dans les zones plus mésophiles se rencontreront les pelouses du Mesobromion. Les chênaies claires de Chêne pubescent (Quercus pubescens) sont dominantes dans le secteur. Elles ne représentent pas un enjeu majeur en tant qu'habitat naturel, mais seront favorables à un cortège faunistique varié. Elles accueillent aussi certaines espèces de flore originales comme le Chèvrefeuille de Toscane (Lonicera etrusca), la Mélitte à feuilles de mélisse (Melittis melissophyllum) ou encore le Sceau de Salomon multiflore (Polygonatum multiflorum), la Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra) et le Cormier (Sorbus domestica). Les espèces suivantes sont issues de zones arbustives claires ou en lien avec des zones de fruticées : le Cerisier de sainte Lucie (Prunus mahaleb) et l'Alaterne (Rhamnus alaternus). Dans les lisières boisées (écotones) en lien avec des secteurs plus ouverts, il est important de préciser le cortège d'espèces très rares. La Centaurée de Trionfetti (Cyanus triumfetti) est une espèce très peu citée dans le Lot et même très rare au niveau national. La Tulipe australe (Tulipa sylvestris subsp. australis) est un taxon cantonné à la moitié sud de la France et réparti assez largement mais sous forme de stations localisées.

Les formations alluviales sur ce cours d'eau sont devenues rares et exceptionnelles, mais s'observent sur les affluents. Les zones non encaissées sont alimentées par de faibles ruisseaux qui méandrent et forment des forêts alluviales de faible ampleur. Loin des grandes forêts des grands fleuves, on retrouve le même fonctionnement hydrologique. Cet habitat est typique, rare et déterminant localement. Les formations de mégaphorbiaies ou les cariçaies d'espèces diverses, comme la Laîche faux souchet (Carex pseudocyperus), en font partie. Il est important de noter la présence de forêts humides en lien (comme les prairies humides) avec les inondations du cours d'eau et les alimentations de surface.

Les formations arborées citées plus haut sont favorables à la nidification de l’Aigle botté (Hieraaetus pennatus), un rapace forestier de taille moyenne. Plutôt rare dans le département, il est possiblement nicheur sur la zone. De même, les parois rocheuses situées autour du lac vert accueillent le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) et le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo). Enfin, les patchs de pelouses et de végétation rase sont des habitats recherchés par l’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus). Outre ces quatre espèces déterminantes, la zone accueille en hiver ou en halte migratoire d’autres espèces d’intérêt parmi lesquels le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) ou bien encore le Pipit farlouse (Anthus pratensis).

Par ailleurs, les habitats aquatiques sont bénéfiques à une faune particulière, comme le Campagnol amphibie (Arvicola sapidus) et le Putois d’Europe (Mustela putorius), hôtes des berges végétalisés des étangs ou des cours d’eau et protégé au niveau national. On y retrouve également un cortège d'amphibiens diversifié comprenant notamment le Triton marbré (Triturus marmoratus), l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans), le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), la Grenouille agile (Rana dalmatina) ou encore la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra). Les zones prairiales humides et les sous-bois proches leur seront également utiles. Concernant l’herpétofaune, signalons également une mention de Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce liée aux pelouses sèches. Toutes ces espèces sont protégées à l’échelle nationale. La qualité du cours d'eau est indispensable pour la diversité piscicole, représentée ici par au moins une espèce phare : le Chabot (Cottus gobio). Enfin, deux espèces de chiroptères déterminantes ont été notées, la Grande Noctule (Nyctalus lasiopterus) et le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii). Pour autant, elles ne semblent occuper la zone que ponctuellement comme corridor de vol, la présence de gîtes étant peu probable ou du moins, non connue à ce stade.

La diversité des taxons présents sur la ZNIEFF nous mène aux cortèges entomologiques. Une importante diversité odonatologique y est ainsi connue avec notamment plusieurs espèces patrimoniales liées aux habitats lotiques : l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce protégée au niveau national, fréquente les fossés et les petits ruisseaux tandis que la Cordulie métallique (Somatochlora metallica) et le Gomphe à crochets (Onychogomphus uncatus) occupent le Lemboulas. Ponctuellement, peuvent également être observés le Gomphe de Graslin (Gomphus graslinii) et la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), deux espèces également protégées, généralement liées à des plus grands cours d’eau et dont l’autochtonie sur la ZNIEFF n’est pas confirmée. On trouve, de même, un cortège intéressant de papillons de jour et d’orthoptères avec respectivement plus de 80 et 40 espèces connues sur la ZNIEFF. Les principaux enjeux concernent les prairies mésophiles et hygrophiles où volent le Damier de la succise (Euphydryas aurinia) et le Cuivré des marais (Lycaena dispar), deux espèces protégées au niveau national. Ces prairies sont également occupées par plusieurs espèces d’orthoptères à affinité plus ou moins hygrophile telles que le Criquet des roseaux (Mecostethus parapleurus), le Criquet des clairières (Chrysochraon dispar), l'Oedipode émeraudine (Aiolopus thalassinus), la Courtillière commune (Gryllotalpa gryllotalpa) ou le Grillon noirâtre (Melanogryllus desrtus). Notons également la présence d’un gastéropode patrimonial protégé au niveau européen, le Vertigo étroit (Vertigo angustior). Le Tétrix caucasien (Tetrix bolivari), menacé de disparition à l’échelle régionale, fréquente quant à lui les berges des plans d’eau. Sur les pelouses sèches, sont présents le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), également menacé de disparition en Occitanie, la Turquoise des cistes (Adscita mannii) ou encore le Sténobothre de la palène (Stenobothrus lineatus). Quelques espèces peu communes liées aux lisières et aux haies sont également connues de la vallée du Lemboulas comme le Grand Mars changeant (Apatura iris) ou le discret Thécla du prunier (Satyrium pruni). Enfin, des portions de cours d'eau de bonne qualité abritent l'Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), crustacé très vulnérable.

Un secteur central fait l'objet de gestion conservatoire où plusieurs inventaires complémentaires ont été effectués. Un point sur une étude aranéologique (araignées) semble important. Aucune liste d'espèce d'araignées n'existe actuellement, hormis des espèces considérées comme cavernicoles ; or bon nombre de taxons déterminés semblent remarquables dans l'état actuel des connaissances au niveau régional ou national. Les espèces suivantes liées aux zones humides méritent d'être citées : Clubiona pseudoneglecta (prairie fraîche à humide), Dolomedes fimbriatus (prairie humide et marais), Jacksonella falconeri, Walckenaeria antica et Panamomops sulcifrons, ces 3 espèces minuscules n'étant connues que de rares localités en France. Pardosa paludicola est assez commune mais intégralement liée aux prairies humides, tandis que Pardosa vittata préfère les rives et berges des cours d'eau, mais reste rare. Enfin, l'observation de l'Oxyopes ramosus est la seule donnée pour la région, et est liée localement aux mégaphorbiaies.

La partie amont de la ZNIEFF est située sur le territoire du Parc naturel régional des Causses du Quercy et plusieurs parcelles tout le long de la vallée sont gérées par le Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie dans un objectif de conservation du patrimoine naturel.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF s’étend sur une trajectoire nord-est - sud-ouest pour prendre en compte la rivière du Lemboulas depuis sa source au sud de Lalbenque (Lot) jusqu’au village de Molière dans le Tarn-et-Garonne. Il englobe plusieurs affluents et milieux annexes. La délimitation est à peu près calquée sur le lit majeur de la vallée, et inclut donc les ruisseaux des Pradels, le ruisseau de Boulou, le ruisseau du pech de l’Axe, la partie aval du ruisseau de Léouré et celle de Nègue-Vieille. Les limites sont parfois étendues aux bois et limites de parcelles facilement repérables in situ. Ce sont donc une grande part du bassin versant et la quasi-totalité du cours d’eau qui sont considérées.