ZNIEFF 730010297
Vallée du Vers

(n° régional : Z1PZ0260)

Commentaires généraux

La vallée du Vers est essentiellement occupée par des prairies naturelles, fauchées, pâturées ou bien soumises successivement aux deux régimes. Les coteaux qui bordent la vallée sont, en revanche, nettement plus fermés, recouverts par la chênaie pubescente. Ils présentent cependant encore de nombreuses pelouses sèches et aussi des landes calcicoles dominées tantôt par le Buis (Buxus sempervirens), surtout dans la partie aval du site, tantôt par le Genévrier commun (Juniperus communis), essentiellement cantonné dans la partie amont. De nombreux habitats naturels d’intérêt patrimonial sont liés à cette zone. Certains d’entre eux ne couvrent que de faibles surfaces. Il s’agit des travertins ou tufs, qui sont des communautés de mousses aquatiques très exigeantes sur la qualité de l’eau et qui fixent le calcaire dissous dans l’eau. Ces formations bryophytiques sont ainsi à l’origine de micro-cascades sur le Vers. Cette rivière est sans doute la rivière lotoise sur laquelle cette végétation aquatique très spéciale est la mieux représentée. Ces micro-cascades créent en outre un habitat très favorable pour le Chabot commun. Autre habitat ponctuel sur la zone, la ripisylve, formation arborée riveraine dominée par le Frêne élevé (Fraxinus excelsior) et l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa), n’est souvent représentée que par une étroite frange en bord de rivière. La faune liée aux milieux aquatiques compte, entre autres, le Brochet, surtout présent dans la partie aval du Vers, la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), beaucoup plus rare dans la vallée du Vers que dans celle du Lot ou du Célé, le Gomphe à crochets (Onycogomphus uncatus) et l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), qui préfère les ruisselets ensoleillés pour son développement larvaire. Certaines portions de ruisseaux présentent, en plus, l’intérêt d’héberger des herbiers d’eau courante assez rares dans le Lot et dominés par le Potamot dense (Groenlandia densa). Les prairies naturelles de fauche (du Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis) sont nombreuses sur le site. Elles sont souvent en contact avec des pelouses sèches sur sol profond (Mesobromion « alluvial »), qui occupent les niveaux topographiques plus élevés que les prairies. Dans les zones les plus mouillées, on trouve aussi des prairies humides et parfois même des mégaphorbiaies (communautés de hautes herbes). Plusieurs prairies humides présentent aussi des faciès de transition entre différents types bien établis : Brachypodio-Centaureion/Molinion, Brachypodio-Centaureion/Bromion racemosi. C’est dans l’ensemble de ces habitats prairiaux et herbacés, dans leur diversité et dans la diversité des éléments de faune et de flore qu’ils abritent, que réside un des intérêts majeurs de la vallée du Vers. Parmi les espèces qui croissent préférentiellement dans les prairies naturelles humides, notons la présence remarquable du Cirse tubéreux (Cirsium tuberosum), du Brome en grappe (Bromus racemosus) et de l’Orchis des Charentes (Dactylorhiza elata subsp. sesquipedalis). L’Orchis grenouille (Dactylorhiza viridis), qui fait aussi partie de ce cortège, avait été signalée il y a dix ans sur le site, mais cette espèce ayant accusé une très forte régression dans le Lot, nous ne sommes pas sûrs de sa présence actuelle. Le Cuivré des marais (Lycaena dispar), dont la chenille se nourrit sur diverses oseilles (surtout Rumex crispus et Rumex conglomeratus), occupe plusieurs stations, parfois assez populeuses, dans les prairies de cette zone. Les populations de cette zone sont certainement en lien avec celles, encore plus importantes, de la vallée tributaire de la Rauze. De très nombreuses espèces de plantes sont liées aux pelouses sèches qui se développent sur les coteaux et les bords de plateaux. Certaines plantes, plus fréquentes sur les pelouses marno-calcaires du Quercy blanc, sont également présentes ici. C’est le cas du Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), de l’Épipactis pourpre noirâtre (Epipactis atrorubens) et de la Catananche bleue (Catananche caerulea). Plus communes sur les causses que les précédentes, les plantes suivantes ont aussi été observées, elles peuvent être localement abondantes : Armoise blanche (Artemisia alba), Leuzée conifère (Leuzea conifera), Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), Ophrys d’Occident (Ophrys occidentalis) et Bugrane striée (Ononis striata). De belles stations de la Marguerite de la Saint-Michel (Aster amellus), composée protégée à floraison tardive, se développent sur les pelouses marneuses, parfois en bord de route. Il faut aussi signaler la Scorsonère à feuilles de buplèvre (Scorzonera austriaca subsp. bupleurifolia) qui est très rare dans le Lot, ainsi que la Trigonelle armée (Trigonella gladiata) ou encore l’Épiaire blanche (Stachys germanica). Sur les corniches calcaires, au niveau des vires rocheuses, plusieurs groupements végétaux annuels ou vivaces peuvent être qualifiés de pelouses sèches primaires ou « ancestrales ». La Sabline des chaumes (Arenaria controversa), franco-ibérique protégée au niveau national, voisine ici avec la Mercuriale de Huet (Mercurialis annua subsp. huetii), la Campanule à petites fleurs (Campanula erinus), citée de la zone lors du premier inventaire des ZNIEFF, la Minuartie de la Lozère (Minuartia rostrata), le Tabouret des montagnes (Noccaea montana) et l’Arabette scabre (Arabis scabra), espèce qui est cantonnée dans le Lot à quelques rares secteurs des vallées du Lot, du Célé et du Vers. Le Laser de France (Laserpitium gallicum) apprécie quant à lui les zones caillouteuses et pentues souvent au contact des falaises. Il partage cette exigence avec le très rare Épilobe de Dodoens (Epilobium dodonaei subsp. dodonaei), qui n’est connu que d’un ou deux autres sites lotois, et avait été mentionné dans le précédent inventaire. La flore rupicole du site comprend des taxons comme la Sabline à grandes fleurs (Arenaria grandiflora), l’Hélianthème fausse bruyère (Fumana ericoides), la Corbeille d’argent à gros fruits (Hormathophylla macrocarpa), espèce protégée endémique du Sud de la France, et le Crépide blanchâtre (Crepis albida) qui n’est présent que dans les plus grandes vallées rocheuses du Lot (Lot, Vers, Célé, Alzou...). Le Laser siler (Laserpitium siler), qui peut être observé au pied de certaines corniches rocheuses, compte aussi parmi les plantes rares du site. Le Nerprun des Alpes (Rhamnus alpina), arbuste rare dans le Lot, et la Tulipe australe (Tulipa sylvestris subsp. australis) occupent préférentiellement les secteurs rocheux et peuvent aussi s’aventurer en secteurs boisés : plutôt frais pour le Nerprun, plutôt ensoleillés et chauds pour la Tulipe. Le Petit Cryptocéphale (Cryptocephalus infirmior) est un coléoptère chrysomélidé rare sur les causses, et un peu plus fréquent dans le Quercy blanc. Ces populations quercynoises forment un isolat géographique assez éloigné de leur foyer méditerranéen. Il est présent sur le site, notamment dans les formations herbacées qui incluent sa plante nourricière, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum). Parmi les oiseaux rupestres, il faut souligner la présence du Martinet à ventre blanc, du Pigeon colombin, du Grand Corbeau, du Faucon pèlerin et du Grand-Duc d’Europe, qui nichent sur la zone. Le Tichodrome échelette fréquente aussi régulièrement les falaises du site en période hivernale. Dans les bois frais, plusieurs espèces patrimoniales sont présentes : le Muguet (Convallaria majalis), la Dentaire pennée (Cardamine heptaphylla) et surtout, le Millet verdâtre (Piptatherum virescens), très rare graminée protégée. Certaines formations boisées, apparentées aux tillaies de pente, s’installent ponctuellement au pied des falaises dans les zones pentues au sol instable. Dans des situations plus chaudes et sèches, on observe quelques essences au caractère assez méridional : Chêne vert (Quercus ilex) et Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus). Plusieurs petits carnivores d’intérêt patrimonial fréquentent la zone : la Martre des pins, la Genette et, beaucoup plus ponctuellement, la Loutre d’Europe. Les chauves-souris sont représentées par au moins 11 espèces remarquables, dont la Barbastelle et le Petit Rhinolophe. De nombreuses cavités naturelles (grottes, fissures dans les falaises...) ainsi que des bâtiments offrent gîtes d’hivernage et de reproduction à ces petits mammifères insectivores. La vallée du Vers est très riche et contrastée. La qualité et la relative intégrité des milieux naturels présents permettent une biodiversité vraiment remarquable. Les prairies de fond de vallée bénéficient, encore aujourd’hui, d’un entretien régulier, notamment par la fauche. Les pelouses sèches sont, en revanche, beaucoup plus relictuelles, dans un contexte de déprise agropastorale déjà assez avancé, qui a laissé de côté les zones les plus inaccessibles.

Commentaires sur la délimitation

Cette zone comprend l’ensemble de la vallée du Vers et la totalité des coteaux attenants. Elle s’étend donc depuis la zone de sources, au sud-ouest de Labastide-Murat, jusqu’à la confluence avec le Lot, au village de Vers. La zone exclut la plupart des secteurs de plateaux qui dominent la vallée, privilégiant en cela les zones les plus pentues sur lesquelles on trouve une végétation de milieux secs très intéressante. Un secteur du plateau de Labastide-Murat est cependant joint à cette zone, car il accueille une colonie plurispécifique de chauves-souris. La vallée de la Rauze (une rivière affluente du Vers) est, en revanche, incluse dans une autre zone naturelle d’intérêt écologique floristique et faunistique.