Cette zone est située aux confins ouest du causse de Cajarc (également appelé causse de Saint-Chels). Elle se situe juste au nord-est de la confluence du Célé avec le Lot. Le site comprend plusieurs pechs (pech de Condat, pech Long, pech de Mirande, pech del Cayré, etc.) qui sont séparés par des combes (combes Longues, combe de Vals…) drainant une petite partie des eaux de surface du bassin versant du Célé. Mais la circulation d’eau en fond de combe est souterraine. Cette zone comprend aussi les corniches rocheuses et les pentes escarpées qui dominent la vallée du Célé. Le paysage est grandement dominé par des plantations de conifères d’âges variés. Les plus âgées sont essentiellement constituées de Cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica) ou de Pin noir d’Autriche (Pinus nigra subsp. austriaca). Les plus jeunes présentent également une assez grande diversité d’essences allochtones, dont certaines sont rarement observées dans le Lot. De très nombreuses plantations ont des pieds dont la hauteur ne dépassent pas 3 m : les rangs espacés et la faible hauteur des arbres laissent largement s’exprimer la végétation naturelle. Des pelouses sèches et des landes à buis sont donc représentées non seulement hors des zones plantées, mais aussi au sein même de celles-ci. La jeunesse de ces plantations est due au fait que la majeure partie de la forêt domaniale, alors déjà plantée de conifères, est partie en fumée en 1989. Ce fut l’un des plus gros incendies lotois… Avant cet incendie, les conifères avaient même attiré un mâle chanteur de Nyctale de Tengmalm, une chouette normalement plutôt inféodée aux forêts d’altitude et adaptées aux hivers rigoureux ; aucun autre contact avec cette espèce n’a été signalé depuis dans le Lot.
Quatre habitats naturels d’intérêt patrimonial sont des habitats de pelouses sèches. On rencontre, en effet, des communautés végétales du Mesobromion du Quercy (rattachées au Teucrio montani-Mesobromenion erecti), mais également des pelouses du Xerobromion du Quercy (Xerobromenion erecti), souvent en mosaïque avec des tonsures à annuelles du Thero-Brachypodion. Cette dernière mosaïque est développée plus particulièrement en position sommitale sur quelques larges pistes forestières bien pâturées. Certaines pelouses, plus rares et surtout cantonnées en position d’ubac, sont quant à elles dominées par la Seslérie bleue (Sesleria caerulea). Beaucoup plus ponctuellement, certains points d’eau présentent des végétations immergées constituées de Characées. Ces bryophytes du genre Chara forment des herbiers oligotrophes et pauci- voire monospécifiques. Ils abritent une riche microfaune et permettent la reproduction du Triton marbré (Triturus marmoratus), qui dépose ses œufs sur la végétation aquatique. Têtards de Rainette méridionale (Hyla meridionalis) et de Crapaud alyte (Alytes obstetricans) sont souvent observables aussi dans les rares petits points d’eau du site. Les corniches rocheuses de la zone abritent également des peuplements végétaux très spécialisés, adaptés aux conditions édapho-trophiques très particulières des rochers et des parois verticales. Cette végétation relève du Potentillion caulescentis. Sur certaines corniches, dans les fissures de la roche, croissent des pieds de Corbeille d’argent à gros fruits (Hormathophylla macrocarpa), une espèce protégée, endémique du Sud de la France. Les secteurs rocheux et pierreux accueillent aussi l’Orlaya à grandes fleurs (Orlaya grandiflora).
Les espèces végétales remarquables de la zone sont quasiment toutes liées aux habitats de pelouses sèches précités. La Sabline des chaumes (Arenaria controversa), une endémique franco-ibérique protégée, le Lin d’Autriche (Linum austriacum subsp. collinum), la Bugrane striée (Ononis striata) ou encore la Scorsonère hirsute (Scorzonera hirsuta), se rencontrent ici essentiellement dans les formations les plus sèches du Xerobromenion, souvent en mosaïque avec le Thero-Brachypodion. La Globulaire commune (Globularia vulgaris), qui est typique des pelouses sèches marnicoles du Quercy blanc, est une plante xérophile rare sur les causses et qui croît dans ces pelouses. L’Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii) est également présente dans certaines pelouses sèches. On la rencontre souvent au sein des seslériaies qui se développent en milieu rocheux. Quant à la Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus), elle préfère les pelouses plus mésophiles du Mesobromion. Dans les landes calcicoles, on rencontre également deux arbustes à affinité méridionale assez marquée : le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) et le Nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis). Parmi les coléoptères saproxyliques, le Platystome à rostre blanc (Platystomos albinus) et le Microrhage élégant (Microrhagus lepidus), dont les larves sont xylophages, ont fait l’objet d’observations sur cette zone, en bas de pente, dans les secteurs où les feuillus peuvent se développer en belles futaies. L’avifaune remarquable compte un élément majeur, un couple nicheur de Circaète Jean-le-Blanc. Ce grand rapace ophiophage (mangeur de serpents), migrateur et qui n’élève qu’un jeune par an, a en effet jeté son dévolu sur une pente boisée, calme et isolée, de la zone. Un couple s’y reproduit au moins depuis 1992. Ce rapace trouve également sur ce secteur de nombreuses zones ouvertes particulièrement propices à la chasse aux reptiles. Outre ce grand rapace emblématique des causses du Quercy, la zone héberge une population de Fauvette passerinette et de la rare et discrète Fauvette orphée, qui possède sur le causse de Gramat une population extra-méditerranéenne importante. Un couple de Fauvette mélanocéphale, une fauvette typiquement méditerranéenne, a également été observé il y a une dizaine d’années par un ornithologue de Lot Nature (Garcia F., com. Personnelle). Mais l’espèce n’a visiblement pas fait l’objet de contacts plus récents. Alouette lulu et Pipit rousseline peuvent aussi être observés sur la zone. Les populations de Bruant ortolan ont, en revanche, accusé un fort déclin au cours des dernières décennies sur les causses, et il n’est pas certain que l’espèce, observée ici en 1992, y soit encore nicheuse. Deux oiseaux rupestres remarquables se reproduisent également sur les corniches rocheuses de la zone, toutes étroitement liées à la vallée du Célé. Il s’agit du Pigeon colombin et du Faucon pèlerin. Ces deux oiseaux semblent largement inféodés aux zones rupestres dans le Lot, mais il leur arrive parfois de coloniser des milieux plus artificiels (carrières pour le Faucon pèlerin, grands ouvrages d’art pour le Pigeon colombin). Plusieurs insectes, liés aux pelouses sèches, peuvent également être observés sur cette grande zone : le Criquet des friches (Omocestus petraeus), l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica), le Criquet bariolé (Arcyptera fusca) et le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate). Si les deux premières espèces préfèrent les pelouses rases et les secteurs caillouteux, les deux dernières affectionnent plus particulièrement les brachypodiaies et autres pelouses plus mésophiles. La zone abritait, avant l’incendie de 1989, une population de Magicienne dentelée (Saga pedo). Cette grande sauterelle prédatrice, la plus grande de notre faune, est une espèce protégée et très sensible, notamment parce qu’elle est aptère, à la disparition de son milieu (pelouses sèches et landes ouvertes). Elle possède aussi la particularité de se reproduire par parthénogenèse (aucun mâle n’a été observé en Europe). La population quercynoise de cet orthoptère est en situation d’isolat géographique par rapport à son foyer méditerranéen, et aussi en limite nord-ouest de répartition géographique. Deux autres insectes étroitement liés aux pelouses sèches ont été trouvés sur la zone. Il s’agit du Licine ponctué (Licinus punctatulus), un carabique prédateur de petits escargots, et du très rare Cyrtone de Dufour (Cyrtonus dufouri), qui est inapte au vol et vit probablement sur diverses astéracées. Les plus proches stations de cette rare chrysomèle, outre celles de quelques autres zones des causses du Quercy, sont celles des abords du Lioran et des Grands Causses. La très rare Meire à antennes épaisses (Meira crassicornis) a également été trouvée sur cette zone. Ce charançon est typiquement méditerranéen, et il est encore un des témoignages du caractère méridional de cette zone.
Ce site, largement modifié par les implantations de résineux, représente encore aujourd’hui un très bel ensemble de landes calcicoles et de pelouses sèches. Le cortège diversifié de plantes et d’animaux d’affinité méditerranéenne vient en souligner l’intérêt patrimonial. Une gestion agropastorale doit être maintenue, voire développée, afin de conserver l’intérêt faunistique et floristique des pelouses et landes de la zone.
Cette zone comprend un ensemble de pelouses sèches, de landes calcicoles, de plantations de conifères et de chênaies pubescentes, qui s’étend depuis la rive gauche de la vallée du Célé. Les limites nord et ouest s’arrêtent à la vallée du Célé, en bas de pente. La limite est est moins aisément traçable ; elle évite néanmoins des secteurs de plateaux plus anthropisés (grosses fermes, petits hameaux, champs cultivés). Elle se calque plus ou moins sur les limites de la forêt domaniale de Montclar qui est globalement plus ouverte que les landes et bois voisins. La limite sud est représentée par la combe sèche, qui débouche dans la vallée du Célé à Conduché (combe de Vals). Juste au sud, le pech du Mas est couvert par des plantations de conifères assez élevés qui laissent peu de place aux végétations herbacées et arbustives naturelles.