ZNIEFF 730010311
Landes, pelouses sèches et bois des Escloupars et des Pechs de Cuzals et de Gorse

(n° régional : Z1PZ0345)

Commentaires généraux

Cette zone est située au contact de la vallée du Célé, au sud du causse de Gramat. Le site comprend plusieurs pechs (pech de Bouty, pech Jalou, pechs de Bourlande, de Gorse ou encore de Cuzals, etc.) qui sont séparés par des combes (combe Cave, combe du petit ruisseau temporaire de la Bourlande...) drainant une petite partie des eaux de surface du bassin versant du Célé. Mais l’essentiel de la circulation d’eau en fond de combe est souterraine. Cette zone comprend aussi les corniches rocheuses et les pentes escarpées qui dominent la vallée du Célé. Le paysage est une mosaïque de pelouses sommitales pâturées, de landes et de chênaies sur sols plus ou moins pentus, et de petites combes cultivées ou occupées par des prairies naturelles.

Quatre habitats naturels d’intérêt patrimonial sont des habitats de pelouses sèches. On rencontre, en effet, des communautés végétales du Mesobromion du Quercy (rattachées au Teucrio montani-Mesobromenion erecti), mais également des pelouses du Xerobromion du Quercy (Xerobromenion erecti), souvent en mosaïque avec des tonsures à annuelles du Thero-Brachypodion. Cette dernière mosaïque est développée plus particulièrement en position sommitale sur les parcours bien pâturés. Certaines pelouses, plus rares et surtout cantonnées en position d’ubac, sont quant à elles dominées par la Seslérie bleue (Sesleria caerulea). Beaucoup plus ponctuellement, certains points d’eau présentent des végétations immergées constituées de Characées. Ces bryophytes du genre Chara forment des herbiers oligotrophes et pauci- voire monospécifiques. Leur principal intérêt réside dans leur capacité d’accueil pour la microfaune aquatique et amphibie. Ils sont à la base d’un écosystème aquatique complexe et bien étudié. La rare Renoncule aquatique (Ranunculus aquatilis) a également été observée au sein de ces micro-habitats remarquables. Très ponctuellement aussi, la combe dans laquelle court le ruisseau de Bourlande accueille une formation végétale contrastant fortement avec les pelouses sèches alentour. Elle relève de l’habitat des prairies humides subatlantiques du Bromion racemosi, et présente d’ailleurs une des plantes typiques du cortège, le Brome en grappe (Bromus racemosus), graminée assez rare sur les causses. Les corniches rocheuses de la zone abritent également des peuplements végétaux très spécialisés, adaptés aux conditions édapho-trophiques très particulières des rochers exposés au soleil. Cette végétation relève du Potentillion caulescentis.

Les espèces végétales remarquables de la zone sont quasiment toutes liées aux habitats de pelouses sèches précités. L’Armoise blanche (Artemisia alba), le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), la Leuzée conifère (Leuzea conifera), le Lin d’Autriche (Linum austriacum subsp. collinum), la Bugrane striée (Ononis striata) ou encore la Scorsonère hirsute (Scorzonera hirsuta) se rencontrent ici essentiellement dans les formations les plus sèches du Xerobromenion. Certaines plantes xérophiles moins fréquentes croissent aussi dans ces pelouses. C’est le cas de l’Ornithogale de Gussone (Ornithogalum gussonei) et surtout de la Globulaire commune (Globularia vulgaris) qui est typique des pelouses sèches marnicoles du Quercy blanc, mais est bien moins courante sur les causses. Cette dernière atteint d’ailleurs ici le nord de son aire de répartition lotoise. La Sabline des chaumes (Arenaria controversa) est quant à elle une petite caryophyllacée typique des tonsures à annuelles. Cette plante présente en France et sur la péninsule Ibérique est protégée au niveau national. L’Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii) est également présente dans certaines pelouses sèches, et on la rencontre souvent au sein des seslériaies qui se développent en milieux rocheux. Citons également la Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus), qui préfère les pelouses plus mésophiles du Mesobromion, et le Libanotis des montagnes (Seseli libanotis), qui pousse aussi bien en pelouse sèche qu’en bord de chemin et parfois même en friches sèches. Dans les boisements clairs et les landes calcicoles, on rencontre également deux arbustes à affinité méridionale assez marquée : le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) et le Nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis). Parmi les coléoptères saproxyliques, le Platystome à rostre blanc (Platystomos albinus) et le Microrhage élégant (Microrhagus lepidus) ont fait l’objet d’observations sur cette zone. L’avifaune remarquable compte un élément majeur : un couple nicheur de Circaète Jean-le-Blanc. Ce grand rapace ophiophage (mangeur de serpents), migrateur et qui n’élève qu’un jeune par an, a en effet jeté son dévolu sur une pente boisée, calme et isolée, de la zone. Un couple s’y reproduit régulièrement au moins depuis 1984. Outre ce grand rapace emblématique des causses du Quercy, un cortège d’oiseaux de milieux ouverts et semi-ouverts est également présent : Alouette lulu, Pie-grièche écorcheur, Œdicnème criard, Pipit rousseline, Huppe fasciée, Fauvette passerinette et la rare et discrète Fauvette orphée, qui possède sur le causse de Gramat une population extra-méditerranéenne importante. Le Bruant ortolan a été signalé sur cette zone : il est malheureusement assez probable que l’espèce en ait disparu au cours des dernières années, comme c’est le cas dans la majeure partie des causses du Quercy. Le grand Lézard ocellé, qui possède aussi dans le Quercy sa plus grosse population extra-méditerranéenne, semble bien présent dans ce secteur. Mais la fermeture des milieux, causée par la déprise agropastorale, pourrait bien provoquer sa disparition locale. Deux oiseaux rupestres remarquables se reproduisent également sur les corniches rocheuses du sud de la zone. Il s’agit du Pigeon colombin et du Martinet à ventre blanc. Plusieurs insectes, liés aux pelouses sèches, peuvent également être observés sur cette grande zone : le Criquet des friches (Omocestus petraeus), le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi), le Sténobothre bourdonneur (Stenobothrus nigromaculatus) et l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica germanica). Trouver ces quatre espèces sur une même zone est assez rare pour être signalé. Les orthoptères présents comptent aussi la Decticelle des friches (Pholidoptera femorata) qui, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, n’est pas strictement inféodée aux zones humides et peut parfois s’éloigner assez loin des prairies humides pour coloniser des secteurs plus secs couverts de pelouses sèches mésophiles. Un autre insecte étroitement lié aux pelouses sèches a été trouvé sur la zone. Il s’agit de la très rare Meire à antennes épaisses (Meira crassicornis). Ce charançon est typiquement méditerranéen, et il est encore un des témoignages du caractère méridional de cette zone.

Ce site est très représentatif de la diversité actuelle des causses du Quercy. Il est constitué d’une mosaïque de zones aujourd’hui encore soumises à une pression de pâturage, et qui conservent donc des pelouses sèches avec faune et flore associées et des zones sur lesquelles la végétation naturelle a pu évoluer vers le climax local, la chênaie pubescente, qui abrite elle aussi des espèces remarquables, comme le Circaète Jean-le-Blanc. Cette mosaïque d’habitats ouverts et fermés est le gage d’une grande biodiversité. Mais la déprise pastorale risque fort de provoquer la disparition, à court ou moyen terme, des pelouses sèches qui permettent à une faune et une flore méridionales de se maintenir loin de leurs foyers méditerranéens ou orientaux.

Commentaires sur la délimitation

Cette zone comprend un ensemble de pelouses sèches, de landes calcicoles et de chênaies pubescentes qui s’étend depuis la rive droite de la vallée du Célé jusqu’au sud de Blars et à l’est d’Orniac. La limite sud s’arrête à la vallée du Célé, en bas de pente. Les limites est, nord et ouest, moins aisément traçables, permettent néanmoins d’éviter des secteurs de plateau plus intensément cultivés. Elles suivent alors une grande partie du tracé des routes départementale RD40 et communale (de Sauliac-sur-Célé à Blars).