ZNIEFF 730010323
Pelouses landes et bois de la Combe Bédis, du Pech Ladret et du Bois Commun

(n° régional : Z1PZ0386)

Commentaires généraux

Cette zone se situe sur le causse de Saint-Chels, entre les vallées du Lot et du Célé. Elle comprend un système de combes sèches : les combes Nègre et Bédis, et leurs coteaux attenants. Il n’y a aucun ruisseau au fond de ces combes : toute l’eau drainée disparaît dans le réseau karstique sous-jacent. Les pechs Ladret, Adret Nord, Adret Sud, Bois Commun, Pierre Levée... sont autant de reliefs qui dominent le site, et sur lesquels on rencontre encore parfois des formations végétales herbacées rases et pâturées. La zone est essentiellement couverte de chênaies pubescentes, de landes, dont de nombreuses landes à buis sur les zones les plus pentues et rocailleuses, ainsi que de pelouses sèches. Les pelouses sèches représentées sur le site appartiennent au Mesobromion du Quercy (Teucrio montani-Mesobromenion erecti), mais aussi au Xerobromion du Quercy (Xerobromenion erecti) et, plus ponctuellement, sur les zones pâturées, aux pelouses à annuelles du Thero-Brachypodion.

La flore représentative de ces formations herbacées xérophiles et mésoxérophiles compte plusieurs espèces d’intérêt patrimonial, fréquemment rencontrées au sein de ces habitats naturels : le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), la Scorsonère hirsute (Scorzonera hirsuta), la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), une petite caryophyllacée annuelle protégée, ou le Lin d’Autriche (Linum austriacum subsp. collinum). D’autres sont plus rares et localisées : c’est le cas de l’Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii), du Laser de France (Laserpitium gallicum), qui affectionne les zones caillouteuses, de la Brunelle à feuilles hastées (Prunella hastifolia) ou du Cytise couché (Cytisus supinus). Plusieurs corniches rocheuses dominent les combes : elles sont souvent colonisées par des formations végétales éparses qui relèvent du Potentillion caulescentis. C’est au sein de cette formation adaptée aux conditions extrêmes (peu de substrat, verticalité, sècheresse et chaleur...) qu’on observe l’Hélianthème fausse bruyère (Fumana ericoides), qui forme de petits buissons pendant des fissures de la roche. Une autre plante liée aux zones rocheuses est observable ici. Il s’agit de l’Orpin reprise (Sedum telephium subsp. maximum), qui affectionne quant à lui les bas de pentes rocheuses souvent fraîs et ombragés. Dans les landes et les bois clairs croissent des Pistachiers térébinthes (Pistacia terebinthus), arbustes méridionaux qui appartiennent au même cortège que le Chêne vert (Quercus ilex) ou le Nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis), également signalés sur la zone. Certains bois accueillent aussi une rare graminée protégée au niveau national : le Millet verdâtre (Piptatherum virescens). Ce millet forestier n’est présent que dans cinq départements français, ce qui fait du Lot un territoire pour lequel la responsabilité dans la préservation de cette espèce est très élevée. Certains boisements, au sud de la zone, sont dominés par le Chêne sessile (Quercus petraea). Il s’agit d’une formation forestière assez rare dans le Lot et encore plus rare sur le territoire du Parc naturel régional des causses du Quercy. Elle n’a pu se développer ici qu’à la faveur d’un sol très différent de celui présent alentour. Le sous-sol est, en effet, constitué d’une matrice de sables grossiers comportant une importante densité de graviers de quartz et des petits blocs de calcaires lacustres silicifiés. Cette couche géologique alluviale a été déposée par le Lot au quaternaire, probablement au cours du pliocène (-5,3 à -1,65 million d’années), au fond d’un ancien couloir d’érosion. On ne la rencontre qu’en rive droite (actuelle) du Lot, à une altitude supérieure à 250 m. C’est donc la présence, très ponctuelle, de ces alluvions de très haut niveau, qui a permis le développement d’une chênaie sessiliflore.

Le Pic mar a été plusieurs fois contacté dans ces boisements qui sont de plus belle venue que les chênaies pubescentes alentour. Le Circaète Jean-le-Blanc niche dans cette zone, sur un coteau isolé, calme et boisé. Ce grand rapace ophiophage (prédateur de serpents) est un oiseau d’origine africaine qui vient chaque année élever son unique jeune sous nos latitudes avant de repartir au sud du Sahara. Outre une grande exigence quant à la quiétude des environs de son aire, il a également besoin de zones de chasse adéquates pour repérer ses proies favorites. Les pelouses sèches et autres landes ouvertes sont donc indispensables au maintien de la population locale de cet oiseau emblématique des causses du Quercy. Les pelouses sèches de l’Adret Nord, de Bois Commun ou de la Pierre Levée abritent aussi une microfaune remarquable : le Criquet des friches (Omocestus petraeus) et l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica) sur les secteurs ras et caillouteux, ainsi que le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate) au sein des formations plus mésophiles (et parfois de mi-ombre) dominées par le Brachypode des rochers (Brachypodium rupestre). Ce papillon possède dans le Lot une des populations françaises les plus florissantes, mais c’est une espèce qui demeure rare au niveau national. Il faut aussi signaler la présence de la Fauvette passerinette, qui occupe les landes ouvertes, et celle du Lézard ocellé, qui préfère quant à lui les zones de pelouses sèches parsemées de grosses pierres, de murets et de buissons.

Les pelouses, landes et bois de cette zone offrent une biodiversité, aussi bien de milieux ouverts que de milieux boisés, tout à fait remarquable. Certaines espèces rares, localisées et protégées tant au niveau national que régional y sont présentes. Si la quiétude des lieux, qui permet la présence du Circaète Jean-le-Blanc, est grandement due à la dominante boisée du site, il faut souligner en revanche qu’un abandon pastoral trop prononcé risquerait de mettre en danger la pérennité des pelouses sèches et landes calcicoles, elles aussi réservoirs de biodiversité.

Commentaires sur la délimitation

La zone inclut un site de nidification du Circaète Jean-le-Blanc. Elle est donc largement centrée sur des boisements susceptibles d’accueillir l’aire de ce grand rapace qui a généralement besoin de zones calmes et éloignées de toute activité humaine pour élever son jeune. La zone englobe les combes Nègre et Bédis, en incluant tout ou partie des zones pentues qui les dominent. Elle est bordée au nord-ouest par la vallée du Célé, et à l’ouest par un autre système de combes. Au sud, la limite se calque, ou voisine, avec une piste équestre qui suit la ligne de crête délimitant les bassins versants du Célé et du Lot, tout en incluant certaines formations végétales pelousaires ou boisées d’intérêt patrimonial. La limite est évite quant à elle des secteurs de plateau plus anthropisés (cultures, bâtiments agricoles...).