ZNIEFF 730010333
Serres de Saint-Paul de Loubressac

(n° regional: Z1PZ0367)

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Cette zone présente un paysage typique du Quercy blanc, constitué de "serres" : les bordures de plateaux, formées de calcaires lacustres et de marnes d’âge oligocène à miocène, sont fortement découpées et en majeure partie occupées par des landes calcicoles dominées par des Genévrier commun (Juniperus communis) et "Genêt cendré" (Genista ausetana). Lorsqu’il s’agit de landes dans lesquelles le "Genêt cendré" domine largement, l’habitat peut être rattaché à l’alliance méditerranéenne du Lavandulo angustifoliae-Genistion cinereae, qui se prolonge largement en zone atlantique, notamment dans le Quercy blanc. De nombreuses pelouses sèches de divers types (mésobromaies, brachypodiaies, moliniaies mésophiles à hygroclines relevant du Mesobromion, seslériaies mésophiles relevant ou proches du Catanancho caerulae-Seslerietum caerulae, pelouses xérophiles à tonalité méditerranéenne se situant à la charnière Xerobromion/Aphyllanthion) occupent aussi largement les secteurs xériques pentus et de plateau. En fond de combes, des prairies naturelles de fauche, relictuelles, sont parfois présentes. Et, plus ponctuellement encore, on peut aussi observer des prairies humides du Bromion racemosi avec la présence d’une de ses espèces caractéristiques : le Brome en grappe (Bromus racemosus) ; l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), une espèce non déterminante mais assez intéressante, est aussi à signaler sur ces prairies mésohygrophiles. La Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), une espèce protégée dans le département voisin du Tarn-et-Garonne et dont les populations lotoises ne semblent pas s’étendre au nord de la vallée du Lot, y présente également quelques belles populations locales.

La zone offre un grand intérêt floristique. La flore orchidéenne y est très diversifiée, avec pas moins d'une trentaine d'espèces, dont l’Orchis parfumé (Anacamptis coriophora subsp. fragrans), espèce protégée et rare dans le Lot, et plusieurs autres espèces peu communes : Épipactis à petites feuilles (Epipactis microphylla), Épipactis pourpre noirâtre (Epipactis atrorubens), Orchis élevé (Dactylorhiza elata subsp. sesquipedalis), Sérapias en soc (Serapias vomeracea). La très rare Gymnadénie odorante (Gymnadenia odoratissima) aurait été observée sur la zone en 2000, mais aucune autre observation plus récente n’est venue en confirmer la présence. Soulignons aussi la présence d’une espèce de découverte récente dans le Lot, qui appartient au complexe des ophrys araignées : l’Ophrys d’Occident (Ophrys exaltata). Cette orchidée a été longtemps confondue avec l’Ophrys araignée (Ophrys sphegodes) qui fleurit environ un mois plus tard. Le Cirse tubéreux (Cirsium tuberosum) est à signaler ponctuellement au sein de formations marno-calcaires mésohygroclines. Sont également présents l’Armoise blanche (Artemisia alba), la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), franco-ibérique protégée et la Globulaire vulgaire (Globularia vulgaris), méridionales essentiellement limitées au Quercy en Midi-Pyrénées et abondantes sur la zone. On notera aussi la présence de l’Anthyllide des montagnes (Anthyllis montana), une plante méditerranéo-montagnarde, et de l’Aphyllante de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), espèce typiquement méditerranéenne, qui sont fortement localisées sur le département du Lot. Divers autres taxons méridionaux de pelouse sèche à distribution plus ou moins restreinte au niveau départemental ou régional, certains en limite d’aire sur le Quercy, sont également représentés localement : Genêt d’Espagne (Genista hispanica subsp. hispanica), Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), Catananche bleue (Catananche caerulea), Plantain serpentin (Plantago maritima subsp. serpentina), Scorsonère hirsute (Scorzonera hirsuta), Bugrane striée (Ononis striata) et Marguerite à feuilles de graminée (Leucanthemum graminifolium). D’autres espèces méridionales, dont l’indigénat peut être discuté, croissent sur la zone. C’est le cas de l’Arbousier (Arbutus unedo), de la Santoline petit cyprès (Santolina chamaecyparissus) et du Romarin (Rosmarinus officinalis). Dans les cultures, un cortège de plantes messicoles a été observé, avec parmi elles des espèces remarquables comme la Nielle des blés (Agrostemma githago), la Dauphinelle des champs (Consolida regalis) ou la Petite Spéculaire (Legousia hybrida), toutes trois assez rares à rares en Quercy. A également été mentionnée la Linaire à feuilles rougeâtres (Chaenorhinum rubrifolium), mais cette mention mériterait confirmation. Le rare Persil des moissons (Petroselinum segetum) a aussi été découvert récemment (2009) sur la zone.

Cette zone présente par ailleurs un fort intérêt entomologique. Plus de 70 espèces de lépidoptères diurnes (rhopalocères et zygènes) y ont été recensées. Les pelouses sèches sont notamment occupées par un cortège xérothermophile remarquable avec des espèces telles que l'Azuré du serpolet (Phengaris arion), le Damier de la succise (Euphydryas aurinia) ou la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), trois espèces protégées, ainsi que divers papillons méridionaux en limite d'aire de répartition dans le Lot : Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), Grande Coronide (Satyrus ferula), Zygène d’Occitanie (Zygaena occitanica), Aurore de Provence (Anthocharis euphenoides)… D'autres insectes méridionaux en limite de répartition dans le Quercy ont aussi été observés : le Phasme espagnol (Pijnackeria masettii), très rare en Quercy, la Cicindèle marocaine (Cicindela maroccana), cantonnée au Quercy blanc dans le Lot, et le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi). Chez les orthoptères, d'autres espèces plus fréquentes sont aussi à signaler : Grillon des marais (Pteronemobius heydenii), lié aux zones humides même très restreintes, Oedipode rouge (Oedipoda germanica), Grillon noirâtre (Melanogryllus desertus), Sténobothre de la palène (Stenobothrus lineatus), Decticelle des friches (Pholidoptera femorata). Enfin, si la rareté des milieux aquatiques sur la zone n’est pas favorable aux odonates, signalons la présence du Leste verdoyant (Lestes virens), espèce localisée dans la région notamment dans le Lot où seules quelques populations sont connues.

La zone accueille également un riche cortège de passereaux inféodés aux milieux semi-ouverts à ouverts à distribution restreinte et/ou en régression en France dont plusieurs espèces déterminantes. Pour autant, et malgré cet intérêt évident, aucun passereau déterminant n’est aujourd’hui nicheur avéré sur la zone. Citons toutefois la présence de la Fauvette pitchou (Sylvia undata), possiblement nicheuse, et d’anciennes données de Bruant ortolan (Emberiza hortulana), de Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator) et de Pipit rousseline (Anthus campestris), tous connus historiquement comme nicheurs. Ces espèces sont donc à rechercher prioritairement. Parmi les autres familles d’oiseaux, citons la nidification d’autres espèces déterminantes, le Torcol fourmilier (Jynx torquila), qui affectionne les bois clairs et les lisières arborés, et possiblement et l’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus), qui recherche les habitats à végétation rase. Enfin, signalons la présence du Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) et du Busard cendré (Circus pygargus), plutôt observés en phase migratoire mais qui pourraient nicher dans le secteur. De même, plusieurs espèces d’intérêt ont été vues en migration ou en hivernage dont le Rollier d’Europe (Coracias garrulus), le Tarier des prés (Saxicola rubetra), le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), le Pipit farlouse (Anthus pratensis) ou le Milan royal (Milvus milvus). Enfin, soulignons aussi des observations régulières de Lézard ocellé (Timon lepidus), plus grand lézard d’Europe et dont la population quercynoise est l’une des plus grande hors zone méditerranéenne. Il fréquente les pelouses rases, les patchs buissonnants ou des zones plus dénudées, pierriers ou murets. L’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) est également connu de façon plus marginale.

La dynamique de fermeture naturelle des pelouses et des landes ouvertes est globalement lente à très lente (genévriers en majorité à port rampant), dans un contexte d’abandon pastoral déjà assez ancien. Landes et pelouses régressent du fait de l’extension des cultures (défrichement agricole). Une augmentation probable, à court ou moyen terme, des installations industrielles ou commerciales et de l’habitat humain au voisinage des voies de circulation (notamment RD820) est à craindre. Enfin, les prairies naturelles sont potentiellement menacées à la fois par le risque de conversion en culture et par l’abandon de toute pratique d’exploitation, entraînant à terme la fermeture du milieu.

Une partie de la zone est conventionnée par le Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie qui y mène une gestion conservatoire en faveur des habitats et des espèces.

Comments on the delimitation

Le zonage se base essentiellement sur la distribution des secteurs de landes et de pelouses sèches d’étendue et/ou d’intérêt floristique ou faunistique significatif. Les limites évitent, autant que possible, des zones d’habitat humain et des secteurs à large dominante cultivée, notamment le haut vallon du ruisseau de la Lupte, les principaux contre-vallons cultivés, le village de Saint-Paul-de-Loubressac et ses zones d’habitat satellites. La délimitation fine coïncide fréquemment avec des limites topographiques (ruptures de pente sommitales, bas de versant) qui correspondent le plus souvent à des limites cultures/milieux naturels ou semi-naturels.