ZNIEFF 730010346
Combe de l'Angle, combels tributaires et pechs attenants

(n° régional : Z1PZ0271)

Commentaires généraux

Cette zone naturelle est située au nord du causse de Limogne, non loin de la vallée du Lot. La combe de l’Angle et ses combels tributaires forment un complexe de combes sèches au fond desquelles la circulation de l’eau est souterraine, piégée par le réseau karstique. La zone est également constituée des coteaux, dominés par la chênaie pubescente, qui encadrent les combes. Quelques secteurs moins pentus, de plateau, sont couverts de pelouses sèches encore pâturées. La majeure partie des autres pelouses sèches sont relictuelles, envahies par la végétation arbustive et arborée.

Les milieux naturels d’intérêt patrimonial sont surtout des pelouses, plus ou moins sèches, qui appartiennent à trois groupements différents : des pelouses très sèches du Xerobromion du Quercy, souvent en mosaïque avec des pelouses à annuelles du Thero-Brachypodion, notamment dans les secteurs encore pâturés, et des pelouses plus mésophiles, qui relèvent du Mesobromion du Quercy.

La flore associée à ces habitats de pelouses compte plusieurs plantes remarquables : la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), petite annuelle protégée aux fleurs blanches, et la Gastridie ventrue (Gastridium ventricosum), elle aussi annuelle et, qui plus est, assez rare dans le Lot. La Scorsonère hirsute (Scorzonera hirsuta), le Lin d’Autriche (Linum austriacum subsp. collinum), la Bugrane striée (Ononis striata), la Leuzée conifère (Leuzea conifera), et l’Hysope officinale (Hyssopus officinalis), qui croît aussi parfois sur les corniches rocheuses, font partie de ce cortège de plantes d’intérêt patrimonial liées aux pelouses xérophiles. D’autres espèces, de tendance moins xérocline, et globalement plus répandues et communes sur les causses du Quercy, comme le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), ont également été observées ici. Enfin, deux plantes rares et localisées sont représentées sur cette zone : la Véronique en épi (Veronica spicata), protégée dans le Lot, et surtout l’Anémone pulsatille (Pulsatilla vulgaris), qui est extrêmement localisée dans le Parc naturel régional des causses du Quercy. Le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) occupe les landes et chênaies claires du site. Une station de Millet verdâtre (Piptatherum virescens) a été trouvée en sous-bois de fond de combe. Dans le Lot, cette graminée rare et protégée affectionne tout particulièrement les chênaies pubescentes sur terrains pentus et en exposition fraîche. La présence de deux habitats naturels ponctuels est à souligner ici. Il s’agit, d’une part d’un herbier aquatique oligotrophe à Characées, qui s’est développé dans une petite mare rocheuse, d’autre part d’un type rare de boisement frais de ravins installé dans une igue, et qui relève du Tilio-Acerion. L’intérêt faunistique de la zone réside en grande partie dans la présence d’un site de nidification de Circaète Jean-le-Blanc. Ce grand rapace diurne, dont l’envergure peut atteindre 1,80 m, chasse les reptiles, en particulier les serpents, au-dessus des zones ouvertes en pratiquant le vol stationnaire. L’oiseau a cependant aussi besoin de zones boisées, et surtout dénuées d’activités humaines en période de nidification, pour établir son aire et élever son unique jeune annuel, avant d’aller hiverner en Afrique subsaharienne. D’autres vertébrés remarquables ont été cités de la zone lors du premier inventaire ZNIEFF (1988). Ils n’ont pas été cités depuis : Coronelle girondine, Autour des palombes, Chouette chevêche et Bruant ortolan. Si les deux premiers sont toujours potentiellement présents, la présence des deux autres n’est pas garantie aujourd’hui. Ces deux oiseaux, et en particulier le Bruant ortolan, ont en effet accusé un net déclin populationnel au cours des dernières décennies. Le secteur est également certainement fréquenté, au moins comme territoire de chasse, par les diverses espèces de chauves-souris présentes à Font d’Erbies qui est toute proche. Deux espèces de papillons diurnes remarquables ont fait ici l’objet d’observations : le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), chez qui la chenille se nourrit de Filipendule commune (Filipendula vulgaris), surtout celles qui croissent dans les brachypodiaies héliophiles et de mi-ombre, et l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), espèce protégée dont la chenille se nourrit ici, durant les premiers stades larvaires, d’Origan (Origanum vulgare). La chenille de l’Azuré du serpolet a ensuite besoin d’être emportée par sa fourmi hôte (Myrmica sabuleti) à l’intérieur de la fourmilière où elle se comporte en parasite social.

Cette combe et les zones de causses attenantes forment un bel ensemble naturel, et hébergent une faune et une flore typiques des milieux secs. Plusieurs espèces protégées très rares ou emblématiques du Quercy y sont présentes. La pression de pâturage y est cependant globalement faible, et cela risque fort d’entraîner, à terme, un appauvrissement, en particulier en ce qui concerne les éléments patrimoniaux liés aux zones ouvertes.

Commentaires sur la délimitation

La zone comprend la quasi-totalité de la combe de l’Angle (appelée dans sa partie amont combel de Moundou), ainsi que les combels tributaires et les coteaux qui bordent ce système de combes sèches. C’est essentiellement un site de nidification du Circaète Jean-le-Blanc, avec sa zone de quiétude indispensable, qui permet la délimitation de la partie sud de la zone. La présence d’éléments patrimoniaux remarquables (pelouses sèches, igue boisée, stations de papillons protégés) permet d’affiner le reste du contour. Cette zone est comprise entre deux secteurs plus densément cultivés, qui sont liés, au nord à la vallée du Lot, et au sud au plateau de Lugagnac.