ZNIEFF 730010349
Vallées des ruisseaux du Bournac et de Font d´Erbies et combes tributaires

(n° régional : Z1PZ0263)

Commentaires généraux

La zone est située sur la bordure nord du causse de Limogne. C’est un système de combes sèches et de petites vallées aux cours d’eau souvent temporaires, développé sur des calcaires du jurassique moyen. Outre les vallons eux-mêmes, la zone comprend aussi largement des pechs intercalés, tous les coteaux secs et pentus attenants ainsi que quelques zones restreintes de plateau. Le ruisseau qui sort de la résurgence de la grotte de Font d’Erbies disparaît assez rapidement dans un réseau karstique sous-jacent au sol de la combe pour se jeter plus bas dans le ruisseau de Bournac qui possède sa propre résurgence et qui rejoint, après un court trajet, la rivière Lot. Les versants et les sommets de pechs sont essentiellement occupés par des chênaies pubescentes calcicoles ainsi que par des landes à buis, à genévriers, et des pelouses sèches de divers types. La zone comprend aussi des parois rocheuses de faibles dimensions ainsi que des prairies naturelles de fond de vallée et des cultures qui occupent aussi bien les combes que les zones de plateau.

Parmi les milieux remarquables du site, il faut noter la présence d’une variété assez importante de pelouses sèches : seslériaies d’ubac à Seslérie bleue (Sesleria caerulea), mésobromaies à Brome érigé (Bromus erectus) et à Fétuque d’Auquier (Festuca auquieri) relevant du Mesobromion du Quercy, pelouses vivaces xérophiles du Xerobromion du Quercy et, plus ponctuellement, pelouses pionnières vivaces à orpins de l’Alysso-Sedion albi et pelouses à annuelles méridionales du Thero-Brachypodion. Cependant, suite à une déprise agropastorale assez importante, de nombreux secteurs sont en voie avancée de fermeture, comme en témoignent d’ailleurs la proportion de surface boisée et la présence de nombreuses landes dans les secteurs les plus pentus abandonnés en premier. Les parois rocheuses calcaires présentent une végétation (chasmophytique) essentiellement constituée de petites ptéridophytes banales (des genres Asplenium et Ceterach). En fond de vallons, on note la présence de plusieurs prairies de fauche intéressantes qui relèvent du Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis, ainsi que plusieurs variantes de transition vers le Mesobromion prairial qui occupe souvent les secteurs topographiques élevés des combes ouvertes. Ces prairies naturelles sont potentiellement menacées à la fois par le risque de conversion en culture et par l’abandon de toute exploitation, entraînant à terme la fermeture du milieu. Très ponctuellement, on note la présence de quelques rares boisements humides qui bordent fontaines ou ruisseaux et qui peuvent être rapportés à l’Alno-Padion.

Les taxons végétaux liés aux pelouses sèches forment le plus gros contingent d’espèces remarquables : Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii), endémique française menacée souvent présente dans les seslériaies, Salsifis à feuilles étroites (Tragopogon angustifolius), rare et localisé en France, Véronique en épi (Veronica spicata), steppique en limite d’aire et fortement localisée en Midi-Pyrénées et dans le Lot, Sabline des chaumes (Arenaria controversa), franco-ibérique protégée des tonsures à annuelles (ces deux dernières sont protégées au niveau national), mais aussi Armoise blanche (Artemisia alba), Carline en corymbe (Carlina corymbosa), Globulaire commune (Globularia vulgaris), Céphalaire blanche (Cephalaria leucantha), Hysope officinale (Hyssopus officinalis), Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), plus rare en zone de causse qu’en Quercy blanc, Scorsonère hirsute (Scorzonera hirsuta), Bugrane striée (Ononis striata), Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus), Leuzée conifère (Leuzea conifera) ou encore Ornithogale à feuilles droites (Ornithogalum gussonei). On note aussi la présence de la Centaurée de Lyon (Centaurea triumfetti subsp. lugdunensis), de l’Anémone pulsatille (Pulsatilla vulgaris), espèce médio-européenne franchement rare dans le Lot, de Noccaea coerulescens subsp. occitanica et de Noccaea montana, cette dernière étant très rare et protégée dans le Lot. Les petites corniches et vires rocheuses occupées par des pelouses sèches primaires hébergent 2 taxons liés aux milieux rocheux herbacés : la Saponaire de Montpellier (Saponaria ocymoides) et le Laser de France (Laserpitium gallicum). D’autres plantes ligneuses à caractère méridional sont également présentes sur le site, aussi bien dans les pelouses sèches en voie de fermeture que dans les landes ou même les boisements clairs. Il s’agit notamment du Jasmin d’été (Jasminum fruticans), du Nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis), du Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) ou encore de l’Alavert intermédiaire (Phillyrea media). Les milieux boisés frais accueillent également une flore riche. La zone compte, en effet, plusieurs stations du très rare et protégé Millet verdâtre (Piptatherum virescens). On note aussi la présence de la Fétuque châtain (Festuca paniculata subsp. spadicea), orophyte en limite d’aire et observée ici à une altitude relativement basse pour l’espèce. D’autres plantes d’affinités montagnardes peu communes en Quercy comme la Dentaire pennée (Cardamine heptaphylla) et le Lis martagon (Lilium martagon) sont également présentes sur la zone. On relève aussi la présence du Narcisse des poètes (Narcissus poeticus). L’essentiel de l’intérêt faunistique du site réside dans l’importance d’une colonie de reproduction multispécifique de chiroptères ainsi que dans celle de reptiles et d’oiseaux fortement emblématiques pour les causses du Quercy. Un à deux couples de Circaète Jean-le-Blanc occupent les secteurs boisés les plus calmes du site. Dans les zones de corniches, on peut aussi observer plusieurs oiseaux rupestres remarquables comme le Grand Corbeau et le Faucon pèlerin, tous deux reproducteurs ici. Le Lézard ocellé est également présent. Le monde souterrain recèle quant à lui quelques espèces d’invertébrés cavernicoles endémiques du Quercy, comme l’Oritonisque de Vandel (Oritoniscus vandeli) et la Pseudosinelle à douze yeux (Pseudosinella dodecophtalma). Le premier est un crustacé isopode aveugle et dépigmenté qui occupe les cavités de la partie méridionale des causses du Quercy (de Saillac à Blars) ; plus au nord, il est remplacé par une espèce proche, le Trichoniscoïde blanchâtre (Trichoniscoides albidus). La deuxième est un collembole essentiellement lié aux secteurs riches en guano (de chiroptères), presque aveugle et quasi entièrement dépigmenté, qui occupe le Quercy y compris jusqu’au causse de Martel. Ces deux espèces, par leur caractère endémique, forment deux des éléments les plus remarquables du patrimoine naturel du Parc naturel régional des causses du Quercy. Deux autres espèces de collemboles ont également été signalées dans ou à proximité immédiate des cavités de la zone. Il s’agit du Cryptopyge à deux points (Cryptopygus bipunctatus), dont le statut spécifique des populations quercynoises pourrait être à préciser (populations très isolées, les autres connues les plus proches sont présentes dans les Alpes du Sud et dans les monts Cantabriques). Il s’agit aussi du Friesea souterrain (Friesea subterranea), connu en France seulement des Pyrénées et du Quercy. Parmi l’entomofaune remarquable, épigée à présent, on note la présence du Damier de la succise (Euphydryas aurinia), espèce protégée au niveau national dont les chenilles se développent sur diverses espèces de caprifoliacées (sensu Julve & al.) de pelouses sèches (Scabiosa columbaria) ou de prairies mésophiles à mésohygrophiles (Succisa pratensis, Knautia arvensis), et parfois même sur le Chèvrefeuille de Toscane (Lonicera etrusca). Est aussi présent sur la zone le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), inféodé pour son développement larvaire aux formations végétales naturelles mésophiles (Mesobromion, brachypodiaies héliophiles ou de sous-bois clairs) qui comprennent sa plante hôte, la Filipendule vulgaire (Filipendula vulgaris). Un cortège assez important de rhopalocères liés aux pelouses sèches et aux zones xérophiles a été repéré. Citons notamment l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), autre espèce protégée au niveau national, et plusieurs grands satyres non déterminants dont le Faune (Hipparchia statilinus), le Mercure (Arethusana arethusa) et la Grande Coronide (Satyrus ferula). Pour compléter le tableau sur l’entomofaune remarquable du site, il convient de citer des criquets eurosibériens en régression comme le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), qui fréquente les zones les plus humides et voisine donc souvent avec le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii) et le Sténobothre bourdonneur (Stenobothrus nigromaculatus) qui affectionne plutôt les pelouses sèches. Le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi raymondi) vient renforcer l’intérêt orthoptérique de la zone où il occupe préférentiellement les zones de sol nu ou de végétation très rase (tonsures à annuelles, vires rocheuses). L’Agrion mignon (Coenagrion scitulum), une petite libellule des eaux stagnantes peu commune dans le Lot, occupe quelques points d’eau de la zone.

Cette zone occupe une place particulière pour la préservation de plusieurs espèces animales et végétales d’intérêt patrimonial rares voire endémiques du Parc naturel régional des causses du Quercy et, plus largement, du Lot. Elle est en particulier indispensable pour la reproduction de diverses espèces de chauves-souris qui étendent cependant leur aire de chasse bien au-delà des limites de zone proposées ici. Son intérêt indéniable au niveau de son patrimoine naturel est de plus couplé à de forts intérêts paysagers, géomorphologiques et archéologiques.

Commentaires sur la délimitation

La zone est délimitée à son extrémité nord par l’évitement du secteur habité de la basse vallée du Bournac, mais elle inclut les buxaies et les pelouses de versant. Sa limite nord-est inclut des pelouses, des buxaies et des junipéraies sommitales ou de versant (pech Daudé, Pouzouly, pech Palat) et des travers boisés (pour la nidification de rapaces). Elle est bordée par la route départementale D40. Ses limites sud-est et sud incluent des pelouses et des landes d’adret ainsi que la mare située à l’ouest de La Bouriette (et où a été notée la présence de Coenagrion scitulum). Elles évitent en revanche des parcelles enrésinées, de l’habitat humain dispersé (château del Coual, La Bouriette) ainsi que des secteurs à dominante de parcelles agricoles. Sa limite sud-ouest, du sud au nord-ouest, suit tout d’abord le chemin de Camy à Font d’Erbies, en séparant la frange de plateau bordant les combes de Condès, à dominante de pré-bois, landes et pelouses, du reste du plateau situé à l’ouest, plus anthropisé (assez nombreuses parcelles cultivées). Elle s’en écarte ensuite pour dessiner un large périmètre autour de la grotte de Font d’Erbies, incluant cultures, friches, pelouses sèches et landes autour de Champ Grand. Ensuite, la limite inclut pechs et combes à dominante boisée qui bordent au sud la partie basse du vallon du ruisseau de Font d’Erbies, tout en évitant les parcelles agricoles sommitales du château de Nègreval. Enfin, sa limite nord-ouest suit la route sommitale D42 puis le chemin de crête menant à Place Redonte pour délimiter la partie supérieure des travers riches en buxaies d’adret et parois rocheuses (flore et entomofaune méridionales, avifaune rupestre) qui forment le versant nord-ouest de la vallée du Bournac.