ZNIEFF 730010545
Vallée de Saint Symphorien

(n° régional : Z1PZ0063)

Commentaires généraux

Cette vallée présente des intérêts multiples en diversité faunistique, floristique et en habitats. Elle recèle les seules « zones humides » dans ce paysage globalement caussenard. Ces atouts, en plus des vestiges architecturaux, en font une vallée assez touristique.

Cette vallée est constituée de calcaire dur qui abrite un type spécial de pelouses à Xerobromion, se rapprochant par certaines plantes de l'Ononidion (pelouse méditerranéenne), présentant donc une forte influence méridionale. On y trouve par exemple une espèce déterminante, le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), assez localisé dans l’ouest de l’Occitanie. Les dernières observations de cette espèce restent toutefois anciennes. D’autres plantes typiques des zones xériques ont été recensées comme la Catananche bleue (Catanancha caerulea), l'Ibéris amer (Iberis amara) et le Liseron des Cantabriques (Convolvulus cantabrica).

On trouve aussi des pelouses mésophiles en transition vers des prairies naturelles de fauche. Leur végétation particulière caractérise un Mesobromion du Quercy, avec l’alliance du Raiponce orbiculaire (Phyteuma orbiculare) et de la Sauge des prés (Salvia pratensis). Fait intéressant, ces zones sèches sont en contact avec des zones plus fraîches où prospère la Colchique d’automne (Colchicum autumnale).

La diversité en orchidées dépasse, dans le secteur, les 35 espèces.

Le gradient humide est, de plus, caractérisé par la présence de prairies humides en lien avec le débordement hivernal et printanier du ruisseau qui réagit comme un ruisseau méditerranéen (en crue au printemps et quasiment à sec en été).

Cette particularité entraîne la présence d’une très forte population de la Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), espèce protégée au niveau régional, ainsi que celle de la rare Germandrée des marais (Teucrium scordium), composante de mégaphorbiaie de recolonisation.

Il existe aussi quelques rares mares favorables aux odonates et aux amphibiens mais les inventaires restent partiels ou anciens. Deux amphibiens déterminants ont été signalés il y a assez longtemps sur le site : l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) et le Triton marbré (Triturus marmoratus).


Un des plus grands intérêts du site est sa diversité entomologique, et plus spécifiquement papillons de jour. La diversité est exceptionnelle pour un site de plaine, avec près de 90 taxons recensés. Une des espèces phares est le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia), qui présente de belles populations en contexte humide. Il s'agit d'une espèce peu représentée dans la partie caussenarde avoisinante. Dans les pelouses sèches xériques et fasciés d’embuissonnement, on peut observer un beau cortège de papillons déterminants avec l'Aurore de Provence (Anthocharis euphenoides), le Mercure (Arethusana arethusa), la Grande Coronide (Satyrus ferula), le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), l’Azuré du Thym (Pseudophylotes baton), le Sylvandre (Hipparchia fagi), l’Hespérie du carthame (Pyrgus carthami) ou encore la Zygène du panicaut (Zygaena sarpedon).  Notons aussi la présence du Morio (Nymphalis antiopa), espèce des ambiances fraîches et humides, très rare en plaine dans la région. Ce papillon n’a pas été observé depuis longtemps sur le site.


Chez les macrohétérocères, l’inventaire reste incomplet mais plusieurs espèces caractéristiques des milieux chauds et secs ont été recensées comme la Noctuelle soignée (Lamprosticta culta), seule station départementale connue à ce jour, la Petite Marbrure (Dyspessa ulula), le Sphinx du chêne vert (Marumba quercus) ou encore la Pétrophore narbonnaise (Perigune narbonea).

Parmi les libellules, une espèce patrimoniale est à noter : la Cordulie métallique (Somatochlora metallica), dont la reproduction reste à prouver.


Chez les orthoptères, il faut signaler la présence du Tétrix caucasien (Tetrix bolivari) dans les prairies humides. Ce petit criquet est menacé au niveau régional mais reste encore sous-prospecté. Un autre tetrigidae, le Tétrix déprimé (Tetrix depressa), a quant à lui été recensé sur les pelouses sèches écorchées du site.


Chez les reptiles, il faut citer la mention ancienne de la Coronelle girondine (Coronelle girondica). Ce serpent apprécie les zones sèches et rocailleuses du vallon.

Le ruisseau de Sietges accueille une faune aquatique particulièrement riche liée à la qualité des eaux de ruissellement. Il faut citer par exemple la présence de l’Ecrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), espèce protégée et fortement menacée. Les mentions de cette écrevisse dans ce cours d’eau sont anciennes (2005) et il serait nécessaire d’actualiser sa présence.

Enfin, les formations karstiques comprennent quelques cavités naturelles propices à l'accueil ponctuel de chauves-souris. Plusieurs espèces patrimoniales ont été contactées en chasse ou en transit comme le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii) et le Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale). Cependant, aucune colonie n’a été recensée à ce jour sur le périmètre.

Même si le site est aujourd'hui compris dans un périmètre Natura 2000, les pelouses et autres milieux ouverts souffrent de la fermeture par colonisation des fourrés. L'agriculture est encore présente, mais rivalise difficilement avec l'évolution naturelle des milieux. Signalons également que le site est parfois assez fréquenté et que des incivilités ont été observées (quad dans les milieux naturels).

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF est uniquement cantonnée à la vallée proprement dite, qui abrite les habitats de pelouses en contact avec les forêts menant sur les causses. Ce périmètre provient de l’extension du site Natura 2000 : « Causse de Gaussou et sites proches », qui prend en compte quatre sites distincts. Les études ont permis de mieux cerner les enjeux et d’agrandir localement le périmètre à la totalité de la vallée de Saint-Symphorien. Les zones forestières ont donc été évitées, l’intérêt résidant dans la transition de milieux secs (xériques) jusqu’à la rivière, en passant par des prairies humides. Seuls les milieux ouverts ont été considérés.