Le site retenu s’étend sur l’extrémité d’une serre délimitée par le Lendou et la Barguelonne. Sur ces terrains tertiaires (calcaires et molasses de l’Agenais), les zones les plus plates sont occupées par l’agriculture, tandis que les secteurs pentus sont couverts de bois, pelouses et zones en voie de fermeture. Le climat atlantique modéré s’y fait sentir avec des influences plus sèches sur les pentes les plus exposées.
La forêt occupe surtout les versants nord des zones considérées. Elle est également présente dans les sections inférieures des versants méridionaux. Un réseau de haies et de bosquets maille les penchants jusqu’aux bois qui peuplent localement le plateau. Ce sont essentiellement des chênes pubescents qui composent ces forêts. Quelques charmes se mêlent à cet ensemble, à la faveur de la fraîcheur qui marque les penchants septentrionaux et les fonds de vallons.
Ces bois ne sont ni exploités ni « entretenus », les arbres morts côtoient les vivants en formant des assemblages moussus. Un large boisement constitué de très vieux buis mérite d’être souligné.
Ces forêts accueillent une grande station de Marguerite de la Saint-Michel (Aster amellus) qu’on ne retrouve que dans l’est du département, et la seule station de la Campanule à feuilles de pêcher (Campanula persicifolia) située à l’ouest de ce territoire.
Les fourrés forment de nombreuses colonies. Ils envahissent certaines reculées humides où subsistent des lambeaux de prairies. On y découvre des dizaines de pieds de Colchique d’automne (Colchicum autumnale). Ils envahissent aussi d’autres secteurs plus secs, en cédant du terrain lorsque les conditions deviennent éprouvantes.
Il y a cent cinquante ans, Lagrèze-Fossat notait la seule station de Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) du grand secteur ouest. Ils y sont toujours, sur la même localité, où ils se mêlent aux fourrés et aux haies d’aujourd’hui.
Les lisières des bois et des haies, les clairières parmi les broussailles, sont favorables aux pelouses sèches. Ce sont des parcelles de surfaces variables, mais aussi de larges prairies. Là, voisinent la Stéhéline douteuse (Staehelina dubia), le Stipe penné (Stipa pennata), la Catananche bleue (Catananche caerulea) et d’autres. Les versants écorchés, rocailleux sont fleuris par la Phalangère à fleurs de lys (Anthericum liliago), dont c’est la dernière station vers le sud et l’ouest. Une autre prairie, au sol plus sableux, est partiellement couverte par des Helianthemum.
Il y a aussi de nombreuses espèces d’orchidées. L’Orchis odorant (Orchis coriophora subsp. fragrans) est l’une des plus remarquables par l’abondance de sa population. Elle occupe toutes sortes de milieux, versants marneux ou rocailleux, un pré-bois et des prairies. Mais elle ne reste cantonnée que sur un seul site.
Chaque site héberge d’ailleurs une ou deux espèces particulières ; ainsi on trouve l’Épipactis brun rouge (Epipactis atrorubens) sur l’un, la Marguerite de la Saint-Michel (Aster amellus) et l’Épipactis des marais (Epipactis palustris) sur l’autre, même s’il y a une grande similitude de lieux.
La présence de l’eau est un élément important. Les sources apparaissent dans les fonds de quelques vallons, parfois au milieu des penchants. Elle est suffisamment abondante pour avoir permis la construction d’abreuvoirs, et récemment, la mise en place de captages à usage domestique. C’est au niveau de l’un d’entre eux que l’on découvre un véritable marécage situé sur le replat d’un versant en pente douce. Il ne s’assèche partiellement qu’à la toute fin de l’été. La végétation se compose uniquement de laîches (Carex sp.) et de l’Orchis élevé (Dactylorhiza elata). D’autres ruissellements ne permettent pas la constitution d’un tel marécage ; néanmoins, l’humidité qu’ils entretiennent est permanente. L’autre station départementale d’Épipactis des marais (Epipactis palustris) s’établit sur l’un de ces suintements.
Enfin, des petites surfaces cultivées conservent un cortège de plantes messicoles, et des prairies de fauche complètent l’ensemble.
Par le nombre d’espèces remarquables et sa relative conservation, cette zone apparaît comme un site très important pour ce secteur. C’est aussi le premier territoire de coteaux calcaires, lorsqu’on vient du sud du département.
Le Triton marbré est une espèce d’amphibien sensible, intégralement protégée en France et visée par l’annexe IV de la directive européenne « Habitats ». Cette espèce est rare en plaine, plus commune dans le nord et l’est du département. Les sites de reproduction connus méritent une attention particulière.
Les 3 espèces déterminantes d’insectes présentes témoignent d’une diversité de l’entomofaune intéressante.
Le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia) est une espèce protégée par la loi française et visée par la directive européenne Habitats. Bien que l’espèce soit assez bien répandue en France, elle est en nette régression au nord de notre pays. Dans le Tarn-et-Garonne, elle semble localisée. Le nord du département héberge quelques belles populations, il est donc opportun de conserver les sites accueillant l’espèce pour son maintien dans nos régions.
Deux orthoptéroïdes ont également été notés sur ce site : il s’agit d’espèces thermophiles. L’Empuse pennée (Empusa pennata) est relativement commune sur le Quercy blanc. Le Phasme gaulois (Clonopsis gallica gallica) est quant à lui beaucoup moins répandu, mais son statut reste mal défini.
Ces 3 espèces pâtiront d’une fermeture trop importante du milieu.
Le périmètre proposé englobe les milieux vitaux des espèces déterminantes de faune, les stations de flore déterminantes et les milieux présentant les mêmes caractéristiques susceptibles d’accueillir ces mêmes espèces. Il englobe les parties hautes de la serre et une partie des zones pentues, en excluant dans la mesure du possible les zones habitées.
Trois secteurs séparés composent la zone proposée. La zone la plus à l’est est une proposition de zone, les deux autres sont des zones « historiques ».
Toutes les trois sont situées sur les hauteurs et les penchants d’un plateau étroit et découpé qui s’étire vers le sud-ouest.
Chaque site offre des expositions différentes, à la fois contrastées et nuancées. Les sols présentent également une certaine disparité dans leur constitution. Ces deux facteurs sont à l’origine d’une grande diversité de milieux qui s’enchevêtrent.
Ces milieux résultent souvent d’une agriculture traditionnelle, aujourd’hui disparue.
Actuellement, l’activité agricole reste modérée dans les zones proposées.
Le nombre d’espèces déterminantes est remarquable par leur diversité, et parfois leur abondance.
Si l’agriculture intensive a délaissé ici les hauteurs et la plupart des versants, c’est un urbanisme diffus qui s’étend à présent sur le plateau.