La ZNIEFF se situe, à l’échelle régionale, à l’extrémité sud du causse de Limogne, qui est le plus méridional des causses du Quercy (ceux-ci se distinguent des Grands Causses par leur altitude inférieure dont découle une végétation plus thermophile, et par leur taux de boisement plus important). Cette portion terminale du causse de Limogne est représentée par une bande d’environ 10 km de large traversant de part en part, sur un axe nord-sud, la pointe est du Tarn-et-Garonne pour venir buter contre le massif permien de la Grésigne. À son extrémité, ce plateau calcaire du jurassique moyen et supérieur (du bajocien au kimméridgien) est entaillé par l’Aveyron qui le divise ainsi en deux parties. La ZNIEFF correspond à la partie du plateau rive droite, et chevauche pratiquement à parts égales les départements du Tarn et du Tarn-et-Garonne.
Cette ZNIEFF est donc bien isolée à l’est et au sud par les gorges abruptes de l’Aveyron, et à l’ouest par des parcelles cultivées qui annoncent le début de la plaine. Au nord, malgré quelques zones de cultures, elle reste naturellement connectée au causse.
Deux ensembles topographiques majeurs se distinguent : le plateau (1) et les versants escarpés des gorges (2).
1) Cette surface tabulaire a été remodelée par l’érosion lors des périodes géologiques postérieures, et offre un relief relativement mamelonné ; de nombreuses dolines d’étendue variable le parsèment et sont souvent mises en culture et balisées par des hameaux ; le milieu est essentiellement ouvert avec pelouses sèches réservées au pâturage ovin, fruticées et boisements de Chêne pubescent plutôt répartis au nord et en lambeaux au sud (malgré la dénomination « forêt »).
2) Les versants sont dans l’ensemble abrupts et entaillés par quelques combes. Un réseau de falaises discontinues caractérise surtout l’axe nord-sud des gorges de l’Aveyron (cirques de Bône et de Touryès), et correspond d’ailleurs à une ZNIEFF de type 1. Ces versants sont colonisés par des chênaies thermophiles ou des boisements mixtes plus frais des combes ou des bas de versants, et des fruticées plus ou moins denses en zone d’éboulis. Aux falaises s’accroche à la faveur des vires et des failles une végétation rupestre typique.
Avertissement : 22,5 % de la surface de la ZNIEFF concerne les habitats déterminants de la zone Massif central. Le reste concernant la zone « plaine », ils ne seront pas distingués.
L’intérêt des habitats est avant tout lié à la composante naturelle et semi-naturelle des milieux, à leur variété et à leur degré d’ouverture imposé par le type de sol et entretenu par un agrosystème traditionnel de type bocager.
A) Milieux ouverts et semi-ouverts
Les pelouses sèches (rases sur débris rocheux, steppiques), les prairies maigres de fauche, les zones de cultures et les fruticées à Buis, à Genévrier, rocailleuses, etc. maintiennent une flore et une faune peu communes et particulièrement concentrées.
B) Milieux fermés
Les bois de Chêne pubescent, et surtout les boisements des combes et des bas de versants en station fraîche préservent aussi une flore remarquable au niveau régional et national.
C) Bocage, bourg, ripisylve de la vallée
Le mince cordon alluvial enrichit la ZNIEFF d’une flore également rare et d’une avifaune plus anthropophile.
D) Falaises
Elles retiennent une flore chasmophytique et une faune rupestre souvent rare dans la région (oiseaux, chauves-souris, orthoptères).
E) Grottes et avens
Des colonies de chiroptères les utilisent comme lieux d’hivernage ou de reproduction. Des invertébrés troglobies en sont strictement dépendants.
F) Sources d’eaux dures, suintements, mares
L’aquifère du karst alimente un réseau de sources et de suintements riches en invertébrés endémiques à faible répartition nationale (crustacés, mollusques). Des batraciens utilisent ces milieux et les rares mares du plateau pour la reproduction.
A) Flore
Plus d’une cinquantaine de taxons déterminants ont été inventoriés dans la ZNIEFF, dont presque la moitié est sur la liste rouge régionale (plaine et/ou Massif central).
Citons les espèces de plantes d’intérêt patrimonial remarquables : la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), l’Aster amelle (Aster amellus) et l’Orchis odorant (Orchis coriophora subsp. fragrans) dans les pelouses sèches [Protection nationale annexe I] ; le Buplèvre de Gérard (Bupleurum gerardi) dans les prairies mésoxérophiles [P. régionale] ; l’Alysson à gros fruits (Hormathophylla macrocarpa) sur les falaises [PN an. I] ; la Gratiole officinale (Gratiola officinalis), hygrophile de la zone alluviale des gorges [PN an. II] ; enfin en station fraîche et ombragée, le Lys des Pyrénées (Lilium pyrenaicum) [PR] et le Millet verdâtre (Piptatherum virescens) [PN an. I].
B) Chauves-souris
7 espèces déterminantes sont connues sur cette ZNIEFF (le Minioptère de Schreibers, le Murin de Bechstein, les Grand et Petit Rhinolophes, le Rhinolophe euryale, le Molosse de Cestoni et le complexe Grand/Petit Murin), dont certaines sont très sensibles au dérangement et pour la plupart en régression en France et classées vulnérables. Pour certaines espèces, cette ZNIEFF possède encore de belles colonies, ce qui renforce son intérêt au niveau national. Une espèce rare en France, et plutôt pyrénéenne, le Molosse de Cestoni, est tributaire des falaises.
C) Reptiles
La Coronelle girondine est un serpent thermophile à large distribution dans les zones à affinités méditerranéennes de la région, mais elle y est plus abondante sur ce type de causse. D) Batraciens
Un cortège de batraciens fragile, car lié aux micromilieux du causse, se maintient grâce aux sources et aux mares : il s’agit du Triton marbré, de la Salamandre tachetée et du Crapaud accoucheur.
E) Oiseaux
Avec près de 20 espèces déterminantes, deux catégories majeures se distinguent : l’avifaune liée aux milieux secs ouverts à semi-ouverts et sarmatiques (1), et celle d’affinité rupestre (2).
1) Il s’agit d’espèces en déclin ou à surveiller en France et en faibles effectifs dans la région : l’Oedicnème criard, le Pipit rousseline, les deux Fauvettes pitchou et passerinette, et la Pie-grièche écorcheur. Notre région est qualifiée de réservoir d’importance nationale pour cette dernière espèce.
2) Six espèces sont concernées : le Martinet à ventre blanc fait partie de la population de la marge sud-ouest du Massif central avec ici des petites colonies espacées et toujours avec de faibles effectifs. Il sera peut-être rejoint par un autre Martinet, le pâle, qui semble recoloniser des sites naturels (colonie récente dans les cavernes des falaises maritimes de Biarritz), et qui n’était connu que dans trois sites de la région. Le Pigeon colombin (il utilise aussi les trous d’arbres morts), le Tichodrome échelette (hivernant régulier), le Faucon pèlerin et le Grand-duc complètent ce cortège d’espèces rares.
F) Papillons de jour
Le Mercure (Arethusana arethusa) lié aux graminées, et le Nacré de la Filipendule (Brenthis hecate) sur les pentes caillouteuses ensoleillées sont tous des espèces d’intérêt patrimonial.
G) Criquets et sauterelles
3 espèces déterminantes sont présentes dans la zone. Le Criquet des adrets (Chorthippus apricarius), inféodé aux falaises et autres milieux écorchés bien ensoleillés, est particulièrement localisé en France, en dehors de quelques massifs d’altitude. Le Phanéroptère porte-faux (Phaneroptera falcata), relativement arboricole et nordique, est rare dans notre région. Enfin, l’Oedipode rouge (Oedipoda germanica), espèce caractérisant bien les milieux sarmatiques, a vu ses populations régresser partout en France.
H) Espèces troglobies
Les grottes abritent, notamment, Oritoniscus virei occidentalis (cloporte de la famille des Trichoniscidés) et Holoscotolemon querilhaci (opilion endémique du sud du Massif central).
I) Espèces liées aux sources de l’aquifère du karst
Quatre crustacés amphipodes et deux mollusques à faible répartition géographique sont à souligner dans ces micromilieux fragiles, où la moindre pollution de l’aquifère peut les détruire de manière irréversible.
Une partie des nombreux dolmens (sépultures de la période du mégalithisme) de Saint-Antonin-Noble-Val se trouve dans la ZNIEFF, dont les remarquables dolmens emboîtés du pech.
Dans le département du Tarn, le monument d’Ornano (site classé) a été élevé à la mémoire des morts du maquis.
Cette zone bénéficie d’autres types de réglementation ou de protection : sites inscrits, arrêté préfectoral de protection de biotope, zone de protection spéciale (directive « Oiseaux ») et zone spéciale de conservation (directive « Habitats »).
Les limites sud et est de la ZNIEFF correspondent au bas des versants du plateau calcaire entaillé par l’Aveyron. Elles incluent deux zones relativement planes et étendues de la vallée, la partie convexe de l’anse de Saint-Vergondin juste au nord de Penne, et le village de Cazals avec sa zone périphérique agricole.
Au nord et à l’ouest, le tracé suit nettement la limite entre les zones de cultures et les « mauvaises terres » du plateau avec une petite exception au sud-ouest : la limite longe le ruisseau de Cabéou à partir du ruisseau du même nom, et suit la limite départementale jusqu’à la D958, puis reprend le tracé naturel.
Au nord-est, une avancée digitée limitée au nord par la D958 prend en compte le versant sud correspondant au prolongement classique du site du cirque de Bône.