ZNIEFF 730010648
Étang du Moura et milieux bocagers environnant la Douze

(n° régional : Z2PZ1052)

Commentaires généraux

L’étang du Moura et les prairies bocagères qui se développent en aval constituent l’un des ensembles naturels riches et préservés de la moyenne vallée de la Douze en bas Armagnac, et l’un des plus riches du Gers. La présence dans cette région de sols imperméables (sables fauves) favorise la rétention d’eau donc la présence de milieux humides variés. Le climat très atlantique s’accompagne d’une pluviosité forte qui s’accumule également du fait d’un relief peu marqué.

Les milieux déterminants de ce site sont :

- la végétation associée à l’étang du Moura (environ 10 % du site), végétation amphibie riche en espèces annuelles (Bidens), massif de phragmites, vastes herbiers de potamots et de myriophylles. Ces formations sont rares en Midi-Pyrénées, et elles se limitent à quelques étangs peu nombreux principalement localisés en Armagnac. Ici, la gestion extensive de l’étang et le faible relief du fond sont des facteurs favorables à leur conservation ;

- les prairies humides à mésophiles (environ 12 % de la surface), surtout présentes en aval du site, constituent un véritable conservatoire d’espèces végétales peu communes à l’échelle du département. Ici encore, c’est la gestion extensive du milieu qui est prépondérante, ce type de prairie étant ailleurs le plus souvent retourné, drainé et mis en culture ;

- les landes atlantiques humides ou sèches, représentées par quelques îlots (environ 4 % du site) en bordure de bois de pins maritimes et de chênaie, avec la lande méridionale à Bruyère ciliée (Erica ciliaris), rare en Midi-Pyrénées, les landes à Ajonc nain (Ulex nanus), plus abondantes, et la lande à Molinie et à Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium), qui se limite pratiquement à l’Armagnac et aux plateaux de Ger et de Lannemezan.

Le Pique-prune ou Osmoderme (Osmoderma eremita), observé ici, se limite pour Midi-Pyrénées à deux zones géographiques restreintes en Aveyron et en bas Armagnac. Sa larve occupe l’humus des cavités de très vieux arbres feuillus (chênes, châtaigniers...). Il participe ici à un cortège de 7 espèces de coléoptères ayant la même écologie et conférant à ce site un très fort intérêt entomologique.

La Cistude d’Europe, dont la répartition midi-pyrénéenne est essentiellement restreinte à l’ouest du Gers, a ici un biotope favorable connu de longue date. Elle souffre cependant de la surfréquentation du site (sentier longeant l’étang), et ses effectifs y sont en baisse.

Les populations d’oiseaux sont remarquables par la diversité des espèces observées. On note la présence de la Rousserolle effarvatte, d’une colonie d’Aigrette garzette et de Héron garde-bœufs. Lorsque la tranquillité du site le permet, il peut jouer un rôle intéressant comme halte migratoire et pour l’hivernage d’anatidés. Enfin, les forêts comptent une part respectable de vieux bois, et sont habitées par le Pic mar.

Le site est inclus dans la zone de colonisation de la Loutre d’Europe à partir du massif landais.

Les intérêts fonctionnels concernent la diversité des zones humides, les conditions de sols et le climat permettant le développement d’une gamme complète d’habitats complémentaires allant de l’étang à la vieille chênaie pédonculée, en passant par la prairie. La Douze joue un rôle de corridor structurant le site avec une circulation d’espèces à l’intérieur et vers l’extérieur. Enfin, les formations végétales diversifiées contribuent à retenir les afflux d’eau et à limiter l’impact des crues.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site résulte d’un compromis entre plusieurs préoccupations :

- intégration d’un bassin versant habité par la Cistude d’Europe, proche de l’étang du Moura, et sa riche végétation aquatique ;

- corridors de haies de vieux arbres favorables au Pique-prune (Osmoderma eremita) ;

- mosaïque de chênaies et de landes atlantiques vestigiales réparties à proximité de la rivière.

Elle tient compte de l’évolution des surfaces en cultures intensives autour de cet espace.

La délimitation du site reprend en partie le tracé du site Natura 2000.