Située dans le bas Armagnac, presque entièrement sur la commune de Manciet, cette ZNIEFF occupe une partie des coteaux en rive droite de la Douze, dont les versants rejoignent la plaine alluviale au sud et le ruisseau de la Hitère au nord.
Le paysage environnant est typique du bocage du bas Armagnac où alternent cultures de céréales, vignes, chênaies, prairies et étangs, au sein de petites vallées qui alternent avec une multitude de coteaux.
Les sols sont imperméables, généralement marneux, riches en argile et en limon. En association avec le relief et le climat très atlantique, ils favorisent la rétention d’eau et la présence d’une végétation hygrophile. L’étang de la Hitère est ainsi assez représentatif des étangs de cette petite région, hérités du Moyen Âge : installé en fond de talweg avec une digue d’argile, il était autrefois associé à un moulin.
Dans la partie ouest du site, un important ensemble boisé occupe les rebords des vallons. Les milieux présents offrent des intérêts biogéographique et écologique.
La chênaie-charmaie, localement dominée par le Hêtre au niveau des vallons, présente une grande abondance d’arbres têtards (charmes), creux ou de très gros diamètres (hêtres). C’est l’ébranchage des charmes et des chênes pour le bois de feu, une pratique aujourd’hui tombée en désuétude, qui a donné les formes de têtards aux arbres concernés.
Un bois de frênes sur sol hydromorphe est présent en bas de coteau. Cette formation originale est due à l’accumulation d’eau en bas de pente.
Enfin, la lande à Ajonc nain (Ulex minor) et à Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium) colonise les prairies en voie d’abandon.
L’étendue de la zone riche en vieux arbres têtards et creux est exceptionnelle à l’échelle de la région. Elle se traduit par la présence d’animaux liés aux vieux arbres, notamment l’Osmoderme (Osmoderma eremita), un coléoptère présent dans certains vieux chênes, ainsi que le Pic mar, et offre des potentialités exceptionnelles aux chauves-souris associées aux arbres à cavités.
Cette formation boisée constitue également un habitat relais pour ces espèces : il fait partie d’un réseau de forêts permettant des échanges d’espèces dans la vallée de la Douze et le bas Armagnac.
Avec une forte proportion de prairies et de bois, l’environnement direct de l’étang de la Hitère est l’un des mieux préservés du réseau d’étangs. Il bénéficie par conséquent d’une bonne quiétude et de peu de pollution issue du bassin versant.
Du fait de cet environnement, de son ancienneté et d’un usage toujours voué à une pisciculture extensive, l’étang présente les habitats naturels typiques des étangs eutrophes de l’Armagnac : un petit cortège de végétation aquatique, des mégaphorbiaies et roselières de bordure, des saulaies et des sous-bois humides. Les présences du Hêtre, de l’Osmonde royale (Osmunda regalis), du Mouron délicat (Anagallis tenella) et de la Petite scutellaire (Scutellaria minor) sont à noter.
Tout un cortège de plantes de marais est apparu en 2006, lors d’une mise à sec prolongée de l’étang durant l’été. Mais cette mise à sec était exceptionnelle (pour les travaux de restauration de la digue), et cette végétation ne devrait plus s’exprimer, sauf marginalement.
Autour de l’étang, quelques zones de landes atlantiques alternent avec les parcelles boisées (ou à l’occasion de leur coupe).
Très boisé sur ses rives, l’étang présente les caractéristiques favorables à l’accueil de la Cistude d’Europe, qui montre ici une de ses plus fortes populations avec reproduction dans la région.
En revanche, l’Écrevisse de Louisiane, invasive, y est très abondante, et appauvrit notablement les ressources végétales et animales de l’étang.
La digue de l’étang a été restaurée en 2006, et permet d’envisager la pérennité de l’ouvrage qui continue d’être exploité pour la production de poissons de rivière. La vidange annuelle en hiver permet le désenvasement régulier de l’étang.
La délimitation du site est basée sur les deux entités principales qui composent cette ZNIEFF : le complexe « étang » et le bois de Trianon et Berrams. Ces deux secteurs entretiennent de nombreux échanges (concernant notamment le Pic mar et les coleoptères).
Les limites de ce dernier s’appuient sur la présence en continu de nombreux vieux arbres creux et/ou têtards, et excluent les plantations de peupliers en bords de rivière.
À l’est, les contours intègrent l’étang et ses zones d’influences, en tenant compte de la répartition des habitats et des espèces d’intérêt patrimonial. Les cistudes, notamment, utilisent les trois plans d’eau pour chasser voire hiberner, pondent sur les zones enherbées et les prairies périphériques, et se déplacent dans les zones humides de queue d’étang.
Cette délimitation est en cohérence avec celle établie lors de la réalisation du DOCOB Natura 2000 : « Étangs de l’Armagnac ».