ZNIEFF 730010662
Bois du château du Marais

(n° régional : Z2PZ1074)

Commentaires généraux

Le marais de Barbotan est l’un des rares sites présentant un paysage landais en Midi-Pyrénées. Il déborde d’ailleurs légèrement en Aquitaine. Une grande moitié nord du site est constituée de plantations de pins très artificielles, mais la présence ici ou là de plantes atlantiques rares en Midi-Pyrénées et de quelques zones humides relictuelles leur confère un intérêt certain.

Cette zone au faible relief a un climat franchement atlantique. Le site présente une forte capacité de rétention des eaux, d’où sa richesse en milieux humides malgré un drainage qui remonte au milieu du XVIIIe siècle, où le marais d’alors occupait plus de 5 000 ha. Ce sont surtout aujourd’hui des îlots de landes humides atlantiques, bas-marais, mares, fossés, qui s’articulent autour du château du Marais. Le boisement de feuillus sur terrains gorgés d’eau, longtemps préservé pour la chasse, a subi ces dernières années des exploitations qui ont limité l’importance de la forêt ancienne. La bordure ouest du site présente en son centre une déclivité d’une dizaine de mètres de haut due à des terrains de sables fauves compacts, alors qu’en contrebas s’étendent des terrains tourbeux, parcourus par un réseau de fossés.

Les habitats présents correspondent à :

- divers types de landes atlantiques d’Aquitaine : lande à Bruyère ciliée (Erica ciliaris), lande à Ajonc nain (Ulex minor), landes à Molinie (Molinia caerulea) et à Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium) ;

- des vestiges de l’ancienne tourbière se traduisant par des fossés et mares aux eaux dystrophes où peuvent se rencontrer des sphaignes et des utriculaires, du bas-marais à Linaigrette (Eriophorum angustifolium) et Osmonde royale (Osmunda regalis, protégée dans le Gers) ;

- des boisements de chênaie-charmaie riches en hêtres, dont certains entrés dans des phases de sénescence ;

- de très vieux chênes en bordure d’allées ou dans le parc du château, eux-mêmes habitats d’espèces liées aux arbres à cavités.

Cet ensemble constitue un site d’importance régionale pour la plupart des habitats évoqués, sans équivalent dans la région Midi-Pyrénées.

Les chênes tauzins (Quercus pyrenaica) y sont cependant en situation plus précaire.

Il s’agit d’un des rares sites de Midi-Pyrénées contenant de vieux arbres habités par le Pique-prune (Osmoderma eremita). Le cortège des oiseaux forestiers et des landes comprend le Pic mar, le Faucon hobereau (non déterminant) et les Busards Saint-Martin et cendré. La Cistude d’Europe est présente dans certains canaux sans y être abondante (reproduction non avérée). On rencontre également dans les landes et milieux herbeux le Lézard vivipare qui est en général absent en plaine dans notre région. Le bas Armagnac et les Landes constituent pour cette espèce de lézard le seul élément de continuité entre les populations de plaine septentrionales et le massif des Pyrénées.

La flore comprend des espèces que l’on rencontre pour certaines rarement en Midi-Pyrénées, soit parce qu’elles sont à distribution eu-atlantique, soit parce qu’elles se limitent à des stations isolées et dispersées. On peut citer l’Achillée ptarmique (Achillea ptarmica subsp. ptarmica), l’Alisma fausse renoncule (Baldellia ranunculoides), protégée en Midi-Pyrénées, l’Utriculaire australe (Utricularia cf. australis), l’Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris), protégée dans le Gers. Toute cette flore liée aux zones tourbeuses est réduite par les réseaux de fossés et le boisement des anciennes landes. Certaines espèces comme le Lycopode inondé (Lycopodiella inundata) n’ont pas été retrouvées.

Le site joue un rôle de réservoir d’espèces et de milieux rares, à la fois du fait de sa forte humidité naturelle et parce que certaines de ses parties ont été conservées dans un cadre de gestion durable (vieille forêt de feuillus au statut privé, domaine de chasse, zones de production extensive de Pin maritime ayant conservé un cortège d’espèces d’accompagnement naturel).

La conservation des vieux arbres et de la diversité des zones humides (milieux ouverts et milieux plus fermés) semble être la clé de la préservation des intérêts de ce site qui fait transition entre les bois et landes humides d’Aquitaine et les chênaies-charmaies gasconnes.

Commentaires sur la délimitation

Les contours proposés sont centrés sur les milieux boisés.

Une grande moitié nord du site est constituée de plantations de pins très artificielles, mais la présence ici ou là de plantes atlantiques rares en Midi-Pyrénées et de quelques zones humides relictuelles leur confère un intérêt certain.

Les espaces herbeux sont importants, en particulier l’hippodrome au sud-est du site. En effet, le Busard Saint-Martin chasse sur cet hippodrome, et le Traquet tarier (non déterminant, mais bien rare en plaine) y séjourne. Il s’agit d’une prairie naturelle, fauchée juste avant les une ou deux courses annuelles.

Les zones de sources au sud-ouest, en zone agricole, ont été intégrées au contour pour leur intérêt fonctionnel, car elles donnent lieu à des ruisselets presque naturels alimentant le canal principal (rôle important), qui lui-même alimente le marais.