Cette zone est typique du secteur biogéographique lotois appelé « Cévennes », « downs » ou « causses de collines », qui sépare notamment le Quercy blanc de la vallée du Lot. Il s’agit d’un ensemble de vallons, de combes, de coteaux pentus et de pechs, formé dans une couche de roches calcaires et marno-calcaires du jurassique supérieur. Cet ensemble est essentiellement occupé par des pelouses calcicoles vivaces : bromaies et seslériaies mésophiles du Mesobromion, pelouses xérophiles à tonalité méditerranéenne qui relèvent du Staehelino dubiae-Teucrietum chamaedryos. Des landes à Genévrier commun (Juniperus communis), localement mêlées de Buis (Buxus sempervirens) et de Genêt cendré (Genista cinerea), et des chênaies pubescentes y occupent également une place prépondérante. En fond de vallée, on observe un remarquable linéaire de prairies naturelles de fauche hygrophiles à mésophiles, qui relèvent alors très probablement, dans le deuxième cas, du Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis.
Les espèces remarquables liées au Mesobromion du Quercy (voire à des formes localement marnicoles du Mesobromion) sont : l’Aster amelle (Aster amellus), espèce protégée présente sous forme de stations disséminées, ainsi que l’Ophrys jaune (Ophrys lutea) et la Catananche bleue (Catananche caerulea), qui se raréfient toutes deux nettement au nord de la rivière Lot. On notera aussi la présence d’espèces plus xérophiles, comme la Leuzée conifère (Leuzea conifera), l’Armoise blanche (Artemisia alba Turra) et le Laser de France (Laserpitium gallicum), qui apprécie les zones caillouteuses de pierriers et de corniches rocheuses. Il partage cette exigence avec la très rare, et protégée, Épilobe romarin (Epilobium dodonaei subsp. dodonaei), plante montagnarde européo-caucasienne qui n’est connue que d’un ou deux autres sites lotois et est liée aux pelouses mésoxérophiles du Seslerio-Mesobromenion. Cette Épilobe est protégée en Midi-Pyrénées. Le Genêt cendré (Genista cinerea) atteint ici la bordure nord de sa répartition lotoise : la vallée du Lot constitue probablement une barrière naturelle pour cette espèce. Trois autres arbustes et arbrisseaux – le Jasmin d’été (Jasminum fructicans), le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) et le Nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis) –, viennent appuyer la tonalité méridionale de la flore du site. Deux labiées méditerranéennes, peut-être ici subspontanées, la Sarriette de montagne (Satureja montana), très rare dans le Quercy, et le Thym commun (Thymus vulgaris), fortement localisé dans le Quercy, contribuent, elles aussi, à marquer le caractère xérique et thermophile de ces coteaux. Le rare et méconnu Tabouret d’Occitanie (Noccaea caerulescens subsp. occitanica) avait également été signalé sur cette zone (ou à proximité immédiate) en 1988, mais aucune nouvelle mention ne semble avoir été faite depuis. Plusieurs plantes remarquables sont liées aux prairies naturelles hygrophiles du site : l’Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata), l’Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora) et surtout la Germandrée d’eau (Teucrium scordium).
Outre la présence de quelques espèces d’orthoptères assez peu communes dans le Lot comme le Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum), des espèces de milieux secs tout à fait remarquables vivent sur la zone : l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica germanica) et le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi raymondi), tous deux liés aux biotopes de sols nus et caillouteux, et surtout la Magicienne dentelée (Saga pedo), qui est protégée en France et d’intérêt communautaire. Il s’agit de la plus grosse sauterelle de France, qui est prédatrice et ne présente que des populations parthénogénétiques en Europe : on ne rencontre donc que des femelles. Cette espèce est, dans le Quercy, en situation d’isolat géographique par rapport au reste de la population française, essentiellement cantonné au pourtour méditerranéen. Cette grande sauterelle aptère est directement dépendante du maintien des pelouses sèches et des landes ouvertes pour sa survie. Les zones nues ou caillouteuses hébergent aussi une espèce de coléoptère carabique prédatrice, en limite d’aire dans le Quercy : la Cicindèle marocaine (Cicindela maroccana). Les papillons remarquables signalés sur la zone sont liés aux pelouses sèches. Il s’agit du Nacré de la filipendule (Brenthis hecate) et du Damier de la succise (Euphydryas aurinia), ce dernier étant protégé en France et d’intérêt communautaire. Ces deux espèces sont inféodées à des plantes hôtes de pelouses sèches, mais aussi de prairies mésophiles à mésohygrophiles : la Filipendule commune (Filipendula vulgaris) pour la première, et la Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria), la Knautie des champs (Knautia arvensis) et la Succise des prés (Succisa pratensis) pour la seconde. Notons aussi la présence de plusieurs grands satyres (non déterminants) dont l’Agreste (Hipparchia semele) et le Mercure (Arethusana arethusa). Le Gomphe de Graslin (Gomphus graslinii) est une espèce de libellule protégée qui peut être localement assez abondante sur le cours aval du Célé et sur le Lot. Ce gomphe, comme les autres anisoptères, chasse souvent à quelque distance de son lieu d’émergence. C’est certainement le cas pour les individus observés sur cette zone qui jouxte la rivière Lot. Le Circaète Jean-le-Blanc se reproduit sur la zone. Ce grand rapace qui niche en zones boisées calmes n’élève qu’un jeune par an et ne se nourrit quasiment que de reptiles qu’il chasse en pratiquant un vol stationnaire. Les zones ouvertes du site sont aussi largement prospectées par ce mangeur de serpents. Le Faucon hobereau, assez rare et assez localisé dans le département, niche dans les haies arborées des vallons bocagers.
Suite à la déprise pastorale qui a prévalu dans ce secteur des downs, cette zone n’est aujourd’hui plus pâturée (ou alors de façon très marginale et sporadique). Les pelouses du site sont ainsi soumises à la dynamique naturelle de fermeture des milieux, mais cette dernière est variable en fonction de l’exposition : les pelouses en adret sont quasiment stables, tandis qu’on assiste à une fermeture assez marquée en exposition fraîche. Il y a aussi un risque, à court terme, d’extension du domaine viticole sur certains secteurs sommitaux. De plus, le développement de certains sports motorisés, comme la moto verte, risque de porter préjudice à la nidification du Circaète Jean-le-Blanc, en particulier dans les secteurs situés autour de son aire et dans son champ de vision (car ce rapace est particulièrement sensible aux dérangements visuels). Les prairies naturelles sont également vulnérables, comme souvent en Quercy : elles risquent de subir aussi bien une intensification agricole (mise en culture) qu’une déprise (embroussaillement ou conversion en peupleraies).
Le zonage de base inclut des secteurs boisés sensibles (nidification du Circaète Jean-le-Blanc) ainsi que des landes ouvertes, des pelouses et des prairies d’intérêt patrimonial significatif. La délimitation périphérique s’appuie essentiellement sur la distribution de ces deux derniers milieux (pelouses sèches en zone de versant et de crête, prairies naturelles en fond de vallée). Sont évitées les zones d’habitat humain concentré (village de Douelle au nord), ou d’habitat dispersé (secteur des Champs Grands à l’est), ainsi que les zones de cultures (plateau viticole de Cournou au sud-ouest, et la partie amont du ruisseau de Flottes au sud).