ZNIEFF 730010986
Serres de Caillavel

(n° régional : Z1PZ0365)

Commentaires généraux

Cette zone est un plateau découpé typique du Quercy blanc, nommé localement « serres », formé de calcaires lacustres et de marnes de l’oligocène et du miocène. Il est occupé par des chênaies pubescentes, des landes à Genévrier commun (Juniperus communis) et à Genêt cendré (Genista cinerea), des pelouses sèches de divers types : pelouses mésophiles du Mesobromion du Quercy, brachypodiaies d’ourlets, Mesobromion à Molinie bleue (Molinia caerulea), pelouses xérophiles à tonalité méditerranéenne du Staehelino dubiae-Teucrietum chamaedryos et, très ponctuellement, pelouses sur dalles ou corniches calcaires de l’Alysso-Sedion. Des friches herbacées postculturales, ainsi que des cultures en proportion importante, complètent le panel de milieux de plateaux. Des sources et des prairies naturelles ponctuelles, dont des prairies de fauche atlantiques du Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis, sont également présentes en combes.

Son intérêt floristique réside dans une diversité en orchidées qui comprend au moins 19 espèces, dont plusieurs à distribution plus ou moins restreinte au niveau départemental ou régional : Orchis élevé (Dactylorhiza elata subsp. sesquipedalis), Épipactis brun rouge (Epipactis atrorubens), Épipactis de Müller (Epipactis muelleri), Ophrys jaune (Ophrys lutea) ou encore Sérapias en soc (Serapias vomeracea). Le Genêt cendré (Genista cinerea) est localement abondant ; c’est une espèce méditerranéenne essentiellement limitée au Quercy blanc en Midi-Pyrénées. Plusieurs autres espèces méridionales en limite d’aire dans le Lot sont également présentes, en pelouses sèches ou en friches sèches herbacées : Armoise blanche (Artemisia alba), Anthémis géante (Anthemis altissima) et Plantain toujours vert (Plantago sempervirens). Cette dernière espèce est d’ailleurs assez fréquente dans les truffières sarclées du Quercy blanc. Nous citerons aussi le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), la Leuzée conifère (Leuzea conifera) et la Catananche bleue (Catananche caerulea). 18 autres plantes remarquables pour les secteurs de plaine tout proches, essentiellement des espèces de pelouses sèches, sont également citées sur cette zone : elles sont probablement beaucoup moins fréquentes en Tarn-et-Garonne que dans le Lot.

Deux espèces de papillons protégés, le Damier de la succise (Euphydryas aurinia) et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), sont présentes ici. Citons également les observations locales de divers insectes liés aux pelouses sèches : Grande Coronide (Satyrus ferula), Agreste (Hipparchia semele), Œdipode rouge (Oedipoda germanica germanica) et Empuse (Empusa pennata). Le Caloptéryx méditerranéen (Calopteryx haemorrhoidalis haemorrhoidalis) et l’Onycogomphe à crochets (Onycogomphus uncatus) fréquentent aussi la zone. Ces deux libellules sont liées aux petits cours d’eau pour leur développement larvaire, mais l’Onycogomphe n’hésite pas à venir chasser les insectes sur les pelouses sèches et autres milieux ouverts du secteur. L’avifaune nicheuse comprend des oiseaux de milieux ouverts ou bocagers comme la Tourterelle des bois, la Huppe fasciée, l’Alouette lulu et surtout le Pipit rousseline et le Bruant ortolan ; celui-ci est en fort déclin aux niveaux national et européen, et ne semble se maintenir dans le Lot que sur les serres du Quercy blanc. La zone est aussi un territoire de chasse privilégié et un site de nidification potentiel pour le Circaète Jean-le-Blanc, grand rapace ophiophage (serpents) et migrateur, qui a besoin de boisements calmes pour établir son aire et élever son unique jeune annuel.

On note sur cette zone une régression très sensible des pelouses et des landes sommitales du fait de la pression agricole (au moins 8 ha ont été défrichés depuis 1994). Ces mises en culture menacent notamment le maintien de la population actuelle de Pipit rousseline et de Bruant ortolan. Les pelouses du site sont également soumises à la dynamique naturelle de fermeture des milieux, mais cette dernière est variable en fonction de l’exposition. Ainsi, les pelouses en adret sont quasiment stables, tandis qu’on assiste à une fermeture assez marquée en exposition fraîche. Il y a aussi un risque à court terme de remise en culture des friches herbacées susceptibles d’abriter diverses orchidées et les espèces de papillons protégés précitées. La même menace de mise en culture pèse sur les prairies naturelles. Les sources, fossés et espèces associées à ces milieux sont également vulnérables aux opérations d’entretien radical et de recalibrage du réseau hydraulique.

Commentaires sur la délimitation

Le zonage se base essentiellement sur la distribution des landes, pelouses sèches et friches herbacées sommitales ou de haut de versant, d’étendue et/ou d’intérêt floristique ou faunistique significatif. Il inclut également un secteur restreint de prairies naturelles en combe et des bois de pente. La délimitation évite des zones d’habitation et des secteurs intensivement cultivés (vallée du Lendou au nord, contre-vallons de la vallée de la Barguelonne au sud). Elle suit le plus souvent des limites cultures/milieux naturels ou semi-naturels, qui coïncident fréquemment avec des limites topographiques (en particulier les bas de versant).