ZNIEFF 730011007
Combe de Bazos, Bois de Mars, Camp du Verdier et Pech de Fourès

(n° régional : Z1PZ0343)

Commentaires généraux

La combe de Bazos et ses combes tributaires drainent une petite partie des eaux de surface du bassin versant du Célé. Mais l’essentiel de la circulation d’eau en fond de combe est souterraine. Cette zone est située au contact de la vallée du Célé, sur le petit causse de Cajarc (ou de Saint-Chels) compris entre les vallées du Célé et du Lot et le Limargue. Le site comprend donc la combe de Bazos et ses coteaux secs attenants, certains assez boisés (chênaie pubescente), comme le bois de Mars, d’autres plus ouverts (pelouses sèches et landes calcicoles pâturées), comme le pech de Fourès. Quatre habitats naturels d’intérêt patrimonial sont des habitats de pelouses sèches. On rencontre en effet des communautés végétales du Mesobromion du Quercy (rattachés au Teucrio montani-Mesobromenion erecti), mais surtout des pelouses du Xerobromion du Quercy (Xerobromenion erecti), souvent en mosaïque avec des tonsures à annuelles du Thero-Brachypodion. Cette dernière mosaïque est particulièrement bien développée en position sommitale sur les parcours bien pâturés. Certaines pelouses, plus rares et surtout cantonnées en position d’ubac, sont quant à elles dominées par la Seslérie bleue (Sesleria caerulea). Beaucoup plus ponctuellement, certains points d’eau présentent des végétations immergées constituées de characées. Ces bryophytes du genre Chara forment des herbiers oligotrophes et pauci- voire monospécifiques. Leur principal intérêt réside dans leur capacité d’accueil pour la microfaune aquatique et amphibie. Ils sont à la base d’un écosystème aquatique complexe et bien étudié. Les corniches rocheuses de la zone abritent également des peuplements végétaux très spécialisés, adaptés aux conditions édapho-trophiques très particulières des rochers exposés au soleil. Cette végétation relève du Potentillion caulescentis.

Les espèces végétales remarquables de la zone sont quasiment toutes liées aux habitats de pelouses sèches précités. L’Armoise blanche (Artemisia alba), le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), l’Hysope officinale (Hyssopus officinalis), la Leuzée conifère (Leuzea conifera), le Lin d’Autriche (Linum austriacum subsp. collinum), la Bugrane striée (Ononis striata) ou encore la Scorsonère hirsute (Scorzonera hirsuta) se rencontrent ici essentiellement dans les formations les plus sèches du Xerobromenion. La Gastridie ventrue (Gastridium ventricosum) est quant à elle une petite graminée typique des tonsures à annuelles, des sols un peu décalcifiés en surface. Certaines plantes sont plus fréquentes dans les zones rocheuses, souvent au sein des seslériaies. Il s’agit notamment du Tabouret des montagnes (Noccaea montana), très rare et protégé dans le Lot, de l’Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii) ou de la Tulipe australe (Tulipa sylvestris subsp. australis). Le Laser de France (Laserpitium gallicum) apprécie lui aussi les zones rocheuses, mais il semble plus fréquent sur les adrets caillouteux et fortement ensoleillés. La zone présente également une station du rare et discret Gaillet glauque (Galium glaucum) qui, comme la Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus), préfère les pelouses plus mésophiles du Mesobromion. Le Narcisse des poètes (Narcissus poeticus) est également présent, ainsi que la Mercuriale de Huet (Mercurialis annua subsp. huetii), espèce d’intérêt patrimonial significatif. Quelques rares graminées d’intérêt patrimonial sont observables dans les boisements du site : la Fétuque châtain (Festuca paniculata subsp. spadicea) et surtout le Millet verdâtre (Piptatherum virescens), espèce protégée et seulement connue de cinq départements français. Melica nutans, graminée rare dans le Lot, est également présente sur le site. Dans les boisements clairs et les landes calcicoles, on rencontre aussi un arbuste à affinité méridionale marquée : le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus). Dans un petit bois sommital du site, et probablement en lien avec la population de la vallée du Célé toute proche, le Pic mar a été observé comme nicheur probable, ce qui est assez rare dans les chênaies pubescentes, souvent trop jeunes, des causses. L’avifaune remarquable compte un autre élément majeur : un couple nicheur de Circaète Jean-le-Blanc. Ce grand rapace ophiophage (mangeur de serpents), migrateur et qui n’élève qu’un jeune par an, a en effet jeté son dévolu sur une combe boisée de la zone. Un couple s’y reproduit régulièrement depuis au moins vingt-deux ans. Enfin, deux insectes, liés aux pelouses sèches, possèdent de belles populations locales. Il s’agit du Criquet bariolé (Arcyptera fusca) et du Nacré de la filipendule (Brenthis hecate). Le criquet comme le papillon fréquentent préférentiellement les pelouses assez denses et notamment les brachypodiaies. La plante hôte de la chenille du Nacré de la filipendule, la Filipendule commune (Filipendula vulgaris), croît électivement dans les formations mésophiles à Brome érigé (Bromus erectus) et à Brachypode des rochers (Brachypodium rupestre).

Ce site est très représentatif de la diversité actuelle des causses du Quercy. Il est constitué d’une mosaïque de zones aujourd’hui encore soumises à une pression de pâturage et qui conservent donc des pelouses sèches avec faune et flore associées, et de zones sur lesquelles la végétation naturelle a pu évoluer vers le climax local, la chênaie pubescente. Cette dernière abrite elle aussi des éléments patrimoniaux remarquables comme le Millet verdâtre ou le Circaète Jean-le-Blanc. Une continuité dans la gestion pastorale, tout comme une grande vigilance lors d’éventuels travaux forestiers sont donc indispensables à la préservation de toutes ces richesses naturelles.

Commentaires sur la délimitation

Cette zone comprend un système de combes sèches avec leurs coteaux attenants. Certaines parties, bien boisées et isolées, permettent la nidification du Circaète Jean-le-Blanc. D’autres secteurs, plus ouverts, comprennent de belles pelouses sèches pâturées. La délimitation de la zone est donc basée sur la prise en compte de ces deux éléments essentiels, tout en prenant soin d’éviter les zones plus anthropisées (notamment corps de fermes et secteurs cultivés) observables sur les plateaux voisins ou dans la vallée du Célé.