ZNIEFF 730011008
Bois et ancienne carrière de Puy blanc

(n° régional : Z1PZ0298)

Commentaires généraux

La zone est située en Limargue argileux, à l’est du causse de Gramat. Les marnes du toarcien en ont été extraites pendant plus d’un siècle pour alimenter la tuilerie de Puy-Blanc, attenante, et elle-même à l’abandon. L’extraction industrielle a commencé en 1877, et a été précédée par une activité de tuilerie artisanale dès 1773. Les nombreux fronts de taille abrupts et les grandes cavités aujourd’hui devenues étangs sont autant de témoins de l’intense activité humaine qui y régna. La zone comprend deux grands étangs essentiellement dévolus à la pêche de loisir, et de nombreuses excavations de taille plus réduite et en eau une bonne partie de l’année. Le ruisseau des Bormes traverse également la partie sud de la zone, tandis qu’un de ses affluents traverse la partie est. L’ensemble de ces zones humides contribuent pour beaucoup à la biodiversité du site.

Parmi les plantes aquatiques et de ceinture d’étang les plus intéressantes, on notera la présence de la Massette à feuilles étroites (Typha angustifolia), connue seulement à ce jour de moins de cinq localités lotoises, et qui, il y a encore dix ans, frangeait les étangs. La typhaie, probablement mise à mal par la densité des ragondins, est aujourd’hui très réduite et localisée à quelques petites mares. C’était le principal milieu de nidification du Râle d’eau et du Grèbe castagneux. Cette ceinture favorisait aussi la quiétude des oiseaux d’eau venus hiverner ou faire une étape migratoire sur les étangs du site. La Renoncule aquatique (Ranunculus aquatilis) est présente dans certaines parties d’étangs et zones durablement inondées, et elle y forme des herbiers, très rares dans le Lot. Des herbiers à characées, moins rares au niveau départemental, y sont également observables. Parmi les autres plantes remarquables du site, liées à l’eau, on peut aussi citer le Plantain d’eau lancéolé (Alisma lanceolatum), le Roseau commun (Phragmites australis), le Jonc des chaisiers (Schoenoplectus lacustris), lui aussi rare dans le Lot, et le Souchet brun (Cyperus fuscus), qui forme ponctuellement de petits gazons amphibies. Les zones ouvertes du nord-ouest de la zone sont dominées par une végétation herbacée parfois bien difficile à classer sur le plan phytosociologique. Il y a notamment des friches, des prairies plus ou moins humides, dont une prairie à Brome en grappe (Bromus racemosus) qui relève du Bromion racemosi, et des pelouses dominées par la Fétuque rouge (Festuca rubra), qui relève quant à elle des Nardetea. La flore de ces milieux herbacés compte plusieurs éléments très remarquables et souvent rares dans le Lot : le Trèfle élégant (Trifolium hybridum subsp. elegans), la Scorsonère en lanières (Scorzonera laciniata) et la Gesse de Nissole (Lathyrus nissolia). Des prairies de fauche atlantiques du Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis sont également présentes à l’est du site. La portion de la zone située au nord de la RD21 comporte une prairie humide longuement inondée tout à fait remarquable qui appartient aux Eleocharitetalia palustris. Cette formation végétale, rare sur d’aussi grandes surfaces dans le Lot, héberge en outre une plante d’intérêt patrimonial localisée dans le département : la Véronique à écusson (Veronica scutellata). Le type de végétation arbustive le plus intéressant du site est constitué de fourrés à Saule roux (Salix atrocinerea). La diversité des insectes est importante, avec 18 espèces de papillons diurnes, dont le rare Thécla du prunier (Satyrium pruni) et le Damier de la succise, papillon protégé dont la chenille se nourrit ici de Succise des prés (Succisa pratensis). 29 espèces de libellules ont été observées, notamment la Cordulie métallique (Somatochlora metallica), l’Aeschne affine (Aeschna affinis) et l’Agrion mignon (Coenagrion scitulum). 12 espèces d’orthoptères sont présentes, dont la Courtilière commune (Grylltalpa gryllotalpa) et le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii). L’intérêt majeur du site est batracologique : au moins 8 espèces de batraciens s’y reproduisent, dont le Triton marbré (Triturus marmoratus) et le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus). Les milieux boisés de la zone (et probablement aussi ceux des secteurs attenants) hébergent en outre une population de Pic mar, pic forestier fréquent en Limargue mais nettement plus localisé sur les causses voisins.

Ce site est une des zones humides majeures du Parc naturel régional des causses du Quercy et une des plus intéressantes du Lot. Longtemps exploitée, elle présente une biodiversité riche grandement liée aux activités humaines passées.

Commentaires sur la délimitation

La zone comprend l’ancienne carrière d’argile de Puy-Blanc, aujourd’hui en partie occupée par des étangs, ainsi qu’un boisement attenant, largement dominé par le Chêne pédonculé (Quercus robur). La plus grande partie de la zone s’étend depuis le sud de la route départementale D21 (qui sera très prochainement élargie) jusqu’à une zone bocagère assez ouverte qui entoure la carrière et le bois, au sud, à l’est et à l’ouest. Une petite partie de la zone, également intéressante (chênaie acidiphile et surtout prairie humide), est située au nord de la D21.