ZNIEFF 730011010
Clau de Mayou et pelouses sèches des Boissières

(n° régional : Z1PZ0347)

Commentaires généraux

Cette zone de plus de 800 ha se situe en limite méridionale du causse de Gramat, à proximité de la vallée du Célé. Elle est principalement formée d’un ensemble de combes sèches et de pechs modelés dans des calcaires jurassiques durs. Sa partie nord-ouest, à relief peu marqué, constitue la bordure nord du plateau de Blars. Les bois, des chênaies pubescentes pour l’essentiel, occupent environ 50 % de la surface du site et sont nettement dominants sur les versants des combes. Les milieux arbustifs, majoritairement composés de buxaies (formations à buis) et de landes à genévriers, sont largement présents. Également bien représentées, les pelouses sèches se trouvent essentiellement en situation sommitale, sur les parties sud-ouest et nord-ouest du site, où elles sont encore majoritairement dévolues au pacage ovin extensif. Surtout implantées en fond de combe, les cultures sont essentiellement des prairies semées. Ponctuels, les milieux rocheux sont représentés par quelques corniches calcaires de faibles dimensions et une dizaine de grottes.

L’éventail des pelouses sèches présent sur le site est relativement diversifié : pelouses vivaces mésoxérophiles du Mesobromion du Quercy, dont une partie se rapporte à l’association du Carduncello mitissimi-Ranunculetum graminei, pelouses xérophiles du Xerobromion du Quercy et pelouses à annuelles méridionales du Thero-Brachypodion. Ces dernières sont largement dépendantes du pacage ovin et se présentent sous deux formes, l’une oligotrophe rattachable à l’association du Lino collinae-Arenarietum controversae, l’autre à tendance nitrophile, qui se rapporte au Vulpio ciliatae-Crepidetum foetidae. La majorité des espèces végétales remarquables du site sont des plantes méridionales liées à ces différents types de pelouses. Les formations du Xerobromion hébergent ainsi la Scorsonère hirsute (Scorzonera hirsuta), la Bugrane striée (Ononis striata), l’Armoise blanche (Artemisia alba) et le Lin des collines (Linum austriacum subsp. collinum), un lin vivace fortement localisé aux niveaux national et régional, mais bien représenté sur les causses du Quercy, où il croît également très fréquemment dans les pelouses du Thero-Brachypodion. La Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus) et l’Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii), une endémique du Sud de la France en limite d’aire dans le Lot, se trouvent quant à elles surtout dans les pelouses du Mesobromion. Parmi les espèces annuelles liées au Thero-Brachypodion figurent la Gastridie ventrue (Gastridium ventricosum) et la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), petite caryophyllacée franco-ibérique protégée au niveau national. Deux autres annuelles peuvent également être citées : l’Orlaya à grandes fleurs (Orlaya grandiflora) et la Passerine annuelle (Thymelaea passerina). Autrefois présentes sur une grande partie de la France, ces espèces des milieux rocailleux et des moissons calcaires se sont fortement raréfiées, surtout dans la moitié nord du pays, du fait de la généralisation du désherbage chimique des cultures. Les formations arbustives xérophiles du site hébergent également des plantes méridionales à distribution restreinte en France, comme le Nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis) et le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus), ce dernier atteignant dans le Lot la limite nord-ouest de son aire de répartition. Enfin, la flore d’intérêt patrimonial comprend plusieurs espèces préférentiellement liées aux lisières sèches, comme le Tabouret d’Occitanie (Noccaea caerulescens subsp. occitanica), sous-espèce du Tabouret sylvestre (Noccaea caerulescens) propre au Sud-Ouest de la France, le Libanotis des montagnes (Seseli libanotis), ombellifère assez nettement localisée en Midi-Pyrénées, et la Fétuque châtain (Festuca paniculata subsp. spadicea), une graminée méditerranéo-montagnarde plutôt rare à si basse altitude (300 m).

Un des enjeux faunistiques majeurs est la présence de colonies d’hibernation de chauves-souris, qui utilisent tout ou partie des grottes ou igues présentes dans le périmètre de la ZNIEFF. Deux espèces, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et le Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale), forment des colonies importantes, dépassant chacune les 500 individus. Plusieurs autres chauves-souris sont également présentes, mais avec des effectifs modestes : espèces du complexe du Grand et du Petit Murin (Myotis myotis/blythii), Murin à moustaches (Myotis mystacinus), Murin de Natterer (Myotis nattererii) et Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros). Ces colonies peuvent se déplacer entre les différentes grottes de la ZNIEFF, mais aussi fréquenter des gîtes situés dans la vallée du Célé toute proche, qui représente un fort enjeu chiroptérologique, du fait de sa richesse en cavités naturelles et en gîtes anthropiques (châteaux, moulins). La ZNIEFF englobe une partie des terrains de chasse entourant les gîtes, utilisés de façon privilégiée par les chauves-souris avant et après la période hivernale. Le site possède également un intérêt ornithologique notable. Les zones sommitales ouvertes ou semi-ouvertes hébergent un cortège d’oiseaux affectionnant les agrosystèmes (bocages, cultures extensives et pelouses sèches pâturées). Peuvent être cités la Pie grièche écorcheur, l’Alouette lulu et, nettement moins fréquents aux niveaux régional et départemental, le Pipit rousseline et l’Œdicnème criard (population nicheuse du site évaluée en 2006 à trois à quatre couples pour cette dernière espèce). Passereau en fort déclin aux niveaux national et régional, le Bruant ortolan était encore connu sur la zone au début des années 1990, mais n’y a pas été réobservé récemment. Sa disparition du site est donc très probable et traduit, au niveau local, l’effondrement de l’espèce constaté sur l’ensemble du causse de Gramat au cours des quinze dernières années. La partie sud de la zone, majoritairement boisée, accueille un couple de Circaète Jean-le-Blanc. Ce grand rapace peu commun et sensible aux dérangements recherche pour nicher des secteurs boisés tranquilles, mais patrouille volontiers au-dessus des milieux semi-ouverts ou ouverts (landes, pelouses sèches), à la recherche de reptiles. La faune des invertébrés du site est encore insuffisamment connue. Est à mentionner la présence du Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), papillon diurne méditerranéo-asiatique fortement localisé en France, mais bien représenté en Quercy, où il occupe les pelouses sèches et les lisières riches en Filipendule commune. Parmi les orthoptères sont à noter l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica germanica), criquet d’affinité méridionale électivement lié aux zones caillouteuses très sèches et peu végétalisées, et l’Arcyptère bariolée (Arcyptera fusca), criquet à distribution essentiellement montagnarde en France et qui se trouve surtout dans des pelouses et des pelouses-ourlets mésophiles ou mésoxérophiles sur les causses du Quercy. Parmi les invertébrés souterrains sont à souligner la présence de l’Oritonisque de Vandel (Oritoniscus vandeli), petit crustacé cavernicole aveugle et dépigmenté, endémique de la moitié sud des causses du Quercy, ainsi que celle de Trechus aveyronensis aveyronensis, carabe endogé et cavernicole propre au bassin aquitain et dont la forme typique, microphtalme, n’est connue en Quercy que de quelques grottes de la vallée du Célé et de ses abords. Des compléments d’inventaire du milieu souterrain seraient souhaitables, notamment pour rechercher d’éventuels arachnides cavernicoles.

Commentaires sur la délimitation

Pour la moitié sud de la zone, parcourue par la combe Fère, la délimitation inclut principalement une zone de vigilance liée à la nidification du Circaète Jean-le-Blanc et à la présence de gîtes de chiroptères. Elle englobe également plusieurs secteurs abritant des habitats et des espèces remarquables de pelouses sèches. Les limites nord-ouest et nord s’appuient plus particulièrement sur la répartition des pelouses sèches et des oiseaux liés aux milieux ouverts ou semi-ouverts. La limite nord-est correspond à celle d’une zone de vigilance centrée sur un groupe de cavités souterraines d’intérêt faunistique avéré ou potentiel.