ZNIEFF 730011035
Chaînon du Sommet d'Antenac au Cap de Pouy de Hourmigué

(n° régional : Z2PZ0104)

Commentaires généraux

Chaînon orienté nord-sud, qui est le trait d’union entre les montagnes du haut Comminges et le complexe de Barousse-Nistos-Louron, la ZNIEFF se caractérise par une forte opposition entre un versant est (rive gauche de la Pique) abrupt, très boisé et entrecoupé de systèmes de falaises, et des crêtes et un versant ouest dominés par des landes et pelouses pastorales au relief plus doux. Le climat est de type montagnard atlantique, relativement arrosé, avec un enneigement variable et parfois très important.

Une relativement grande palette d’habitats se trouve ici réunie sur une surface somme toute réduite ; à noter la présence de vieux peuplements forestiers (sapinière-hêtraie) avec certaines parties allant jusqu’à des phases d’effondrement ; à noter aussi des peuplements façonnés par les activités humaines passées, mais remarquables tant sur le plan de leur intérêt écologique que paysager (hêtraie de hêtres têtards ou hêtres têtards isolés, sapins en chandeliers). Certaines parties des forêts n’ont pas été exploitées depuis plusieurs dizaines d’années. Notons que l’enveloppe de cette ZNIEFF recouvre celle d’un schéma concerté de mobilisation des bois mis en œuvre il y a moins de dix ans, qui prenait en compte les enjeux environnementaux.

Les vieilles sapinières, de par leur ancienneté et leur richesse en bois vivant et mort, y compris de gros diamètre, permettent le développement de cortèges saproxyliques remarquables (insectes et cryptogammes, notamment champignons). En effet la sapinière d’Oudérou, par exemple, abrite des espèces peu communes à très rares que l’on rencontre exclusivement dans ce type d’habitat (ou préférentiellement pour certains des taxons cités), parmi lesquelles on peut nommer Hypsizygus tesselatus (RR), Entoloma placidum (RR), Omphalina epichysium (R), Gymnopilus bellulus (R), Pseudoplectania vogesiaca (R), Pholiota limonella (PC), Pluteus pouzarianus (PC), Pluteus primus (PC) ou Pluteus tricuspidatus (PC).

La hêtraie à hêtres têtards de Réouère héberge aussi de nombreux champignons remarquables. Notons le très rare Resupinatus applicatus (très souvent nommé à tort), le rare Hydropus trichoderma, et tout un cortège d’espèces saproxyliques peu communes, parmi lesquelles de nombreux plutées notamment.

Pour ce qui est des milieux non forestiers, notons la présence de beaux complexes de falaises, sur le versant Pique, au niveau de Cier-de-Luchon, et dans une moindre mesure, de Cierp-Gaud. Également, parmi les landes, certaines sont remarquables par la présence de très vieux genévriers communs à port dressé (lieu-dit « Clot de Coudoux »).

La pression pastorale n’est globalement pas en déclin sur ce site (pas de crainte majeure de fermeture). Localement, l’inverse (surpâturage, écobuages voire gyrobroyage de grande ampleur) serait à surveiller.

D’un point de vue floristique, la zone est riche de par la diversité des habitats représentés. L’Osmonde royale (Osmunda regalis), protégée départementale, et l’Épipactis des marais (Epipactis palustris) se rencontrent dans les secteurs paratourbeux à tourbeux, tandis que la Ramonde (Ramonda myconi) occupe les rochers humides ombragés de certains secteurs, et la Lunaire vivace (Lunaria rediviva) les milieux humides de sous-bois. A l’opposé, des espèces à tendance thermophile apparaissent à la faveur de secteurs plus secs, parmi lesquelles on peut citer le Chêne tauzin (Quercus pyrenaica), la Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra) ou encore le Ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius). A noter également des mentions dans des prairies d’altitude de la Gagée jaune (Gagea lutea subsp. lutea), espèce bénéfiçiant d’une protection nationale.

Pour le cortège des oiseaux forestiers, plusieurs espèces sont liées aux stades matures et âgés : Grand Tétras (entre trois et six places de chant fonctionnelles), Pic à dos blanc, Chouette de Tengmalm, Aigle botté (au moins 1 couple) ; pour les milieux rupestres, apparaît un cortège assez complet, avec Gypaète barbu (1 couple), Percnoptère d’Égypte (1 couple), Faucon pèlerin (au moins 2 couples), Hibou grand-duc (au moins 2 couples), Aigle royal (au moins 1 couple), Tichodrome échelette ; en milieu ouvert, se maintient une assez belle population de Perdrix grise avec de 2 à 4 couples/100 ha selon les secteurs et les années.

L’Isard, qui avait été éliminé (sur chasse) vers 1900, a été réintroduit en 1999. La population atteint aujourd’hui une centaine d’animaux, et n’est pas soumise à la chasse.

Avec le cerf, très abondant, cet ongulé pourra fournir aux nécrophages (en particulier le Gypaète barbu) des carcasses durant les périodes de l’année où les troupeaux ne sont pas en estive.

Le versant Pique est relativement bien préservé de par son escarpement, l’absence de voirie et les conclusions du schéma de mobilisation des bois cité ci-dessus. En revanche, le versant Oueil et les crêtes, faciles d’accès grâce à la voirie pastorale assez développée et à la récente ouverture de la route départementale du port de Balès, est soumis à des activités récréatives en croissance (randonnée, 4X4, quads, chasse...), pouvant localement représenter un certain danger pour les enjeux naturels en présence.

Ce massif, de par sa position de jonction Comminges-Louron, et la continuité du manteau boisé versant est, constitue clairement un corridor pour certaines espèces à fortes exigences spatiales : Grand Tétras, Ours brun. La forte intrication des landes, pelouses, forêts et falaises en fait un ensemble très favorable à certains rapaces comme l’Aigle royal, et aux nécrophages qui peuvent y satisfaire tant leurs besoins alimentaires que leur reproduction.

Commentaires sur la délimitation

Il s’agit d'un chaînon de position charnière entre le haut Comminges et le complexe Barousse-Louron-Nistos. Les limites sont d’abord basées sur des critères géomorphologiques. Elles intègrent, à l’est, l’ensemble du versant, depuis les pelouses et landes d’altitude, domaine des galliformes de montagne notamment, jusqu’aux bas de versants d’où émergent les falaises, habitats d’espèces patrimoniales ; à l’ouest, elles englobent les hauts de versants forestiers occupés par le Grand Tétras avec une limite inférieure s’appuyant sur les pistes forestières. Au sud-ouest la limite passe en crête, au-delà de laquelle se trouve la vallée d'Oueil. Les habitations de bas de versants sont exclues.