ZNIEFF 730011042
Garonne amont, Pique et Neste

(n° régional : Z2PZ2092)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF concerne le réseau hydrographique de la Garonne en amont de Montréjeau : la Garonne depuis son entrée en France au plan d’Arem jusqu’à Montréjeau, la Pique entre Luchon et sa confluence avec la Garonne, l’Ourse en aval de Ferrère, le Nistos et les Nestes d’Aure (jusqu’en amont d’Arreau) et de Louron, ainsi que leurs affluents.

Ainsi, ce site touche un vaste réseau hydrographique étagé entre 415 et 1 970 m d’altitude.

Le climat y est contrasté. Collinéen en partie basse, sa dominante est atlantico-montagnarde sur la Neste basse et moyenne, avec quelques points de végétation méditerranéenne sur les zones rocheuses bien exposées. Il devient montagnard puis subalpin lorsqu’on s’élève dans les vallées. Les secteurs plus resserrés et les gorges (Arreau-Sarrancolin, Angoust de la Layrisse) sur la Pique ont un climat froid et plus humide. Les bassins d’Ore-Saint-Béat, Luchon et Mauléon-Barousse bénéficient d’entrées climatiques méditerranéennes.

Les contours du site intègrent le lit mineur et les franges boisées riveraines, auxquelles viennent s’associer localement des éléments rocheux limitrophes ainsi que les annexes fluviales constituées par les canaux de moulins et les parties aval des torrents affluents.

Les terrains traversés sont d’abord acides, principalement schisteux sur la Garonne amont, la Pique et la Neste moyenne, puis calcaires dans les secteurs de Saint-Béat, d’Izaourt, sur l’Ourse, sur le Nistos, à Saint-Lary et Vielle-Aure. Des grès rouges et des pélites sont présents à proximité de Camous et Fréchet-Aure.

La roche en place est recouverte d’alluvions récentes, formant de place en place, autour des rivières, des bassins successifs voire de petites terrasses alluviales ou fluvio-glaciaires, jusqu’aux terrasses de la basse Neste et de la Garonne en aval de Bizous et de Gourdan-Polignan.

Le milieu aquatique et proprement riverain comprend des herbiers flottants de renoncules aquatiques, des grèves plus ou moins végétalisées soumises à la dynamique alluviale comprenant des végétations annuelles eurosibériennes de vases déposées, des massifs arbustifs de saules drapés, ainsi que des ripisylves se partageant entre saulaies blanches et frênaies-aulnaies soumises à des crues plus ou moins régulières. On note, plus ponctuellement au niveau d’anciennes gravières, des végétations d’eaux calcaires oligotrophes riches en characées.

Très ponctuellement se rencontrent des formations de sources pétrifiantes en particulier sur la Garonne et la Pique ainsi qu’en aval d’Arreau, sur la Neste.

Quelques parois rocheuses calcaires et parois siliceuses se rencontrent également avec leurs végétations spécifiques ainsi que des dalles siliceuses.

On observe, plus fréquemment en remontant les cours d’eau, des mégaphorbiaies pyrénéo-cantabriques sur les berges ombragées avec des plantes caractéristiques : Valériane des Pyrénées (Valeriana pyrenaica), Lunaire (Lunaria rediviva), Grande astrance (Astrantia major) et Œillet barbu (Dianthus barbatus).

Dans les rares zones marécageuses apparaissent la Prêle panachée (Equisetum variegatum) et l’Épipactis des marais (Epipactis palustris).

Les rives comprennent également quelques formations de bois alluviaux d’aulnes (Alnus glutinosa), de saules blancs (Salix alba et Salix fragilis) et de frênes (Fraxinus excelsior) bien développés.

Les bassins alluviaux, où la nappe phréatique est souvent proche de la surface et apporte de la fraîcheur, comprennent des prairies de fauche montagnardes marquées, au printemps, par d’abondants parterres de Narcisse des poètes (Narcissus poeticus), et sur les terrains plus calcaires par la présence de la Grande astrance (Astrantia major), une espèce non déterminante dans les Pyrénées.

Certaines de ces prairies montagnardes se situent en limite basse de répartition, avec une flore riche et caractéristique (non déterminante) composée, notamment, de la Grande pimprenelle (Sanguisorba officinalis), de l’Avoine dorée (Trisetum flavescens), de la Renouée bistorte (Polygonum bistorta) et de la Berce des Pyrénées (Heracleum pyrenaicum). Elles donnent un attrait important à ce site par leur bon entretien et leur localisation à très basse altitude liée à des conditions stationnelles fraîches.

Dans certaines prairies de fauche très humides au printemps, on observe l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum) et, lorsqu’elles sont riches en calcaire, elles sont susceptibles d’héberger l’Orchis parfumé (Orchis coriophora subsp. fragrans), espèce à protection nationale. La Fritillaire des Pyrénées (Fritillaria nigra) est bien représentée dans les prairies calcaires autour de Saint-Béat.

Ces prairies de fauche sont particulièrement bien conservées dans les bassins alluviaux des parties amont des vallées, mais on les trouve également dans les parties aval du site sur la basse Neste en particulier.

Certaines pelouses sèches sur terrain calcaire s’apparentent au Mesobromion, avec la présence de quelques plantes (non déterminantes) de milieux plus chauds comme la Bugrane fétide (Ononis natrix), voire, à Vielle-Aure, le Réséda de Jacquin (Reseda jacquini) habituellement en situation plus orientale dans les Pyrénées. Ces pelouses semblent plus rares.

Les forêts jouxtant la rivière sont essentiellement des boisements de feuillus, avec parfois des forêts de ravins à Tilleul (Tilia cordata) plus ou moins sèches (sur la Garonne en aval de Labroquère) ou à Érable (Acer pseudoplatanus et Acer platanoides) sur les terrains instables, et des hêtraies sur les terrains plus fermes.

Les landes sont présentes de façon vestigiale, soit par des formations stables de buis occupant des versants rocheux au niveau de Gourdan-Polignan ou en moyenne vallée d’Aure, soit par des landes sèches à Callune avec une végétation acidiphile très typique, dont l’intérêt culmine à Eup avec l’apparition de formations à Ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius), exceptionnelles en situation aussi interne dans le massif pyrénéen. Les formations rocheuses associées concernent, en amont et au centre, des dalles siliceuses riches en orpins et des végétations de parois calcaires ou siliceuses. Sur ces dernières est présent le Muflier asaret (Asarina procumbens), rare et connu seulement en amont de la Garonne. On compte également quelques petites cavités, mais qui n’offrent, en général, que peu de végétation.

La partie aval de la vallée de la Neste présente un cortège d’espèces végétales déterminantes à forte valeur patrimoniale comprenant le Liondent de Dubois (Leontodon duboisii), la Saxifrage à longues feuilles (Saxifraga longifolia), la Raiponce des Pyrénées (Phyteuma pyrenaicum) et le Scléranthe à crochets (Scleranthus uncinatus). Certaines sont également inscrites sur la liste rouge régionale : la Fritillaire des Pyrénées (Fritillaria nigra), la Lathrée écailleuse (Lathraea squamaria), et l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum).

On observe également, sur les pentes de la terrasse fluvio-glaciaire en aval de Seillan, une formation d’Ajonc nain (Ulex minor).

Les abords marécageux du lac de Barbazan ont hébergé le Marisque (Cladium mariscus), espèce qui n’a pas été revue récemment, et le Thélyptéris des marais (Thelypteris palustris), qui y reste bien représenté. Ces deux espèces sont protégées en Midi-Pyrénées. Les eaux du lac comprennent une belle ceinture de Nénuphar jaune (Nuphar lutea), espèce protégée en Haute-Garonne et en Hautes-Pyrénées.

La faune est à l’image de la flore, diversifiée et répartie sur l’ensemble de la ZNIEFF.

La Loutre (Lutra lutra) fréquente ici l’ensemble du réseau hydrographique et des zones humides associées, avec des points de présence constants et des zones de tranquillité favorables à sa reproduction et à l’élevage des jeunes. Sa présence est le fruit d’une colonisation récente, dans la première moitié des années 2000. L’aval de la Neste (Saint-Paul, Aventignan) a été l’un des rares points de persistance possible de cet animal sur le site dans les années 1980 et 1990.

Le Desman (Galemys pyrenaicus) fréquente encore cette zone avec des indices trouvés sur la partie amont de la Pique en 2007, mais la question de son maintien sur l’ensemble du site devrait être mieux étudiée.

Signalé à la fin des années 1980 sur la partie aval de la Neste, il est encore présent en 2000 à Arreau ainsi que dans la vallée de Nistos.

Il semble ne trouver sur la Garonne qu’une solution de continuité entre les diverses confluences des torrents de l’amont et du piémont, où il paraît mieux représenté. Il paraît occuper également de façon plus constante les ruisseaux et canaux de moulins et d’irrigation qui sillonnent les divers bassins de la moitié amont de la Garonne (de Fos à Ore). Plus en aval, il apparaît sur le cours des ruisseaux.

L’Écrevisse à pattes blanches (Austroptamobius pallipes), espèce sensible à la pollution des eaux, aux calibrages et aux introductions d’espèces, occupe encore une place correcte dans plusieurs ruisseaux affluents.

On observe également l’Euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), bénéficiant d’une protection nationale et inscrit à l’annexe IV de la directive « Habitats ».

Les chiroptères, Barbastelle (Barbastella barbastellus), Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibsersii), Petit et Grand Rhinolophes (Rhinolophus hipposideros et Rhinolophus ferrumequinum), Vespertillion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) sont présents sur le site ou à proximité, en nombre assez modeste du fait d’une régression généralisée attestée par de nombreux témoignages. Ils représentent néanmoins une certaine variété d’espèces, et leur utilisation privilégiée du milieu riverain et de ses abords, comme zone de chasse voire de gîte, est un facteur important à prendre en considération. On peut noter des colonies de Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) dans des bâtiments proches de la Pique dans la région de Luchon, qui chassent notamment dans le bocage riverain. Le Grand Rhinolophe semble mieux représenté en moyenne vallée de la Neste. Enfin, les Petit et Grand Murins (Myotis myotis et Myotis blythii) occupent les anfractuosités de certains ponts.

Parmi les mammifères, on signale enfin la présence du Putois (Mustela putorius) qui fréquente notamment le bord de la rivière dans sa partie aval (Tuzaguet).

Les parties aval des rivières de ce site présentent de nombreux faciès d’écoulement (pools, courants profonds...) favorables à la reproduction et au développement des saumons atlantiques. Elles constituent une zone importante pour la restauration des populations de cette espèce.

Le plan de restauration des poissons migrateurs œuvre depuis plusieurs années pour le retour du Saumon atlantique (Salmo salar) sur le site. Cette espèce fait l’objet d’apports d’animaux adultes reproducteurs capturés en aval de Carbonne, où la retenue d’eau constitue la première barrière d’une série de seuils infranchissables à l’espèce, dans l’attente d’équipements adaptés. Par ailleurs, des introductions de jeunes poissons nés en pisciculture ont lieu entre Chaum et Marignac, afin d’alimenter un processus de remontée naturelle de saumons vers le bassin amont de la Garonne. La Garonne amont constitue donc, pour le plan de restauration de cette espèce, une zone particulièrement importante. Le Chabot (Cottus sp.), espèce plus discrète, nocturne et sensible aux apports de sédiments fins, est encore assez bien représenté.

Parmi les oiseaux, le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos) est fréquent y compris en période de reproduction. Il occupe les grèves peu végétalisées, les atterrissements et les îles ; nichant au sol, il est sensible aux piétinements et au dérangement. Le Milan royal (Milvus milvus) chasse fréquemment au bord de la Garonne et de la Neste, où sa présence tant en hivernage qu’en période de reproduction (ripisylve, bocage, pentes boisées) est assez constante. Le Grand-duc (Bubo bubo) trouve, au niveau des rives, des zones de chasse intéressantes. Signalé régulièrement à Fos ces dernières années, il bénéficie d’une reprise démographique au niveau de l’ensemble de la région, et est susceptible de s’installer partout où des pentes escarpées ou des parois même petites lui assurent un refuge.

L’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) arrive ici en limite altitudinale de son aire, et forme une petite colonie sur la basse Neste, en zone d’extraction de gravier.

Parmi les insectes signalés sur le site, le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata) est bien représenté au niveau des ruisseaux aux eaux calcaires ou peu acides. La Grande Coronide (Satyrus ferula) est présente sur la partie amont du site, sur les pelouses sèches et landes occupant certaines pentes schisteuses. Elle pond ses œufs sur la Fétuque des moutons (Festuca ovina). Cette espèce est ici en limite occidentale de son aire. Le Grand Nègre des bois (Minois dryas) semble absent en bordure de Garonne, mais est plus facile à observer sur les marais calcaires riches en Molinie (plante hôte privilégiée) qui prolongent ses affluents en rive droite (Lourde et Saint-Pé).

Cette partie des rivières concernées par le site relie les espèces et les habitats naturels de la haute montagne et ceux que l’on trouve dans le piémont ou plus en aval. Certaines populations ou formations végétales de l’aval (Loutre, Saumon atlantique, Desman, mégaphorbiaies) nécessitent impérativement que ce relais se maintienne dans de bonnes dispositions.

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF de type 2 couvre plusieurs sections de cours d’eau qui se rejoignent à Montréjeau : la Garonne depuis son entrée en France au plan d’Arem jusqu’à Montréjeau, la Pique entre Luchon et sa confluence avec la Garonne, l’Ourse en aval de Ferrère, le Nistos et les Nestes d’Aure (jusqu’en amont d’Arreau) et de Louron. Leurs affluents font également partie du site lorsqu’ils ne sont pas déjà intégrés dans une ZNIEFF de type massif (concernant des unités de versants).

Les contours englobent l’essentiel du lit majeur comprenant ainsi les zones humides et milieux associés relativement préservés et/ou présentant des enjeux faunistiques ou floristiques importants (boisements riverains notamment).