ZNIEFF 730011202
Plateau de Guilhaumard et corniches sud

(n° régional : Z1PZ0813)

Commentaires généraux

Le plateau de Guilhaumard appartient à l’ensemble des Grands Causses aveyronnais. C’est un vaste plateau dolomitique cerné de versants marneux à l’extrême sud-est de l’Aveyron, en limite avec l’Hérault, sur les communes de Cornus, Fondamente et Le Clapier. Au-dessus des vallées de la Sorgue et de l’Orb, le plateau s’élève jusqu’à 889 m. Il y règne un climat très chaud et sec en été, mais froid et humide (brouillards épais, en particulier) en hiver. Les calcaires et dolomies en présence ont été largement érodés par les ruissellements et les vents pour donner naissance à quelques chaos ruiniformes, des dolines, des avens, ainsi que des gouffres parfois très spectaculaires et profonds comme celui du Mas Raynal. Ainsi, le plateau n’est pas d’un relief monotone, et présente des conditions stationnelles très variées, permettant la présence de milieux diversifiés.

Les chaos dolomitiques présentent des végétations tout à fait originales sur les rocailles affleurantes : pelouses à Anthyllide des montagnes (Anthyllis montana) et Aster des Cévennes (Aster alpinus subsp. cebennensis) avec, parmi les espèces déterminantes, Lin campanulé (Linum campanulatum), Hélianthème blanchâtre (Helianthemum oelandicum subsp. incanum), Ophrys de l’Aveyron (Ophrys aveyronensis). Sur les sables de dégradation se trouvent des pelouses à Armérie faux jonc (Armeria girardii), Fétuque de Christian Bernard (Festuca christiani-bernardii), Thym de la dolomie (Thymus dolomiticus), Saponaire à feuilles de pâquerette (Saponaria bellidifolia), Alysson à feuilles de serpolet (Alyssum serpyllifolium), Fléole des sables (Phleum arenarium). La plus grande surface du plateau est cependant occupée par des pelouses méditerraneo-montagnardes (Ononidion striatae) le plus souvent bien ensoleillées : stipaies avec parmi les espèces déterminantes Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), Chardousse (Carlina acanthifolia subsp. acanthifolia), Euphorbe de Duval (Euphorbia duvalii), Échinops (Echinops ritro), Lin de Narbonne (Linum narbonense), Plantain argenté (Plantago argentea), Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus), Germandrée de Rouy (Teucrium rouyanum). Certaines de ces pelouses sont aussi parfois en ombrée : pelouses à Seslérie avec parmi les espèces déterminantes le Raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi subsp. crassifolius) et la Daphné camelée (Daphne cneorum). L’ensemble de ces pelouses abritent des cortèges de rares lépidoptères et orthoptères qui restent en partie à étudier : on note en particulier la Decticelle échassière (Sepiana sepium) et le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi raymondi). Sur toutes ces pelouses, l’activité pastorale est omniprésente, mais cependant localement en déprise, laissant libre cours à la fermeture du milieu. Les ourlets thermophiles (avec localement Mélampyre du pays de Vaud [Melampyrum vaudense]) et les fruticées à Buis ou à Genévrier recouvrent ainsi une surface sans cesse croissante. Les chênes pubescents participent à cette dynamique. Ils constituent cependant régulièrement de véritables peuplements forestiers abritant des espèces remarquables, en particulier des champignons mycorhiziques thermophiles (Boletus pseudoregius, Boletus rhodoxanthus, Cortinarius aureofulvus), mais aussi quelques plantes vasculaires telles que l’Asperge à feuilles étroites (Asparagus tenuifolius) et le Cytise à feuilles sessiles (Cytisophyllum sessilifolium). Ces chênaies sont parfois stables sur substrat très superficiel, ou plus souvent dynamiques vers la hêtraie qui devrait être la forêt dominante de ce plateau. Celle-ci est toutefois bel et bien présente dans les dolines et ombrées des chaos dolomitiques et aussi sur la vaste étendue du versant nord pentu vers la vallée de la Sorgue. Elle existe dans deux contextes stationnels : la hêtraie sèche sur calcaire affleurant, et la hêtraie plus mésophile sur sol plus épais. On y trouve l’Épipactis à petites feuilles (Epipactis microphylla) et aussi un champignon rare : Oudemansiella nigra. Il existe aussi localement sur le versant nord quelques tillaies de pente remarquables où l’on peut observer en particulier le rare Fusain à feuilles larges (Evonymus latifolius), protégé dans la région Midi-Pyrénées. Le versant sud est plus abrupt. La rupture de pente se fait par de vastes falaises très favorables aux rapaces et autres oiseaux rupicoles (Aigle royal, Faucon pèlerin, Grand duc d’Europe, Crave à bec rouge). Elles sont souvent peu végétalisées, mais abritent ponctuellement des espèces déterminantes : Kernéra (Kernera saxatilis), Ibéris des rochers (Iberis saxatilis), Corbeille d’argent à gros fruits (Hormathophylla macrocarpa), Aethionème à feuilles ovales (Aethionema saxatile subsp. saxatile), Linaire à feuilles d’origan (Chaenorrhinum origanifolium), Drave faux aïzoon (Draba aizoides). Ensuite les pentes s’adoucissent dans les marnes parfois affleurantes. Les pelouses dominent alors ; il s’agit de pelouses calcicoles mésophiles à fort contraste hydrique hébergeant des espèces déterminantes : Lotier maritime (Lotus maritimus), Vesce fausse esparcette (Vicia onobrychioides), Cirse tubéreux (Cirsium tuberosum). Les ourlets frais qui accompagnent ces pelouses et les ruissellements localisés sur cette pente sont parfois très intéressants avec le Persil des montagnes (Peucedanum oreoselinum) ou encore l’Aristoloche à feuilles rondes (Aristolochia rotunda). Sur le plateau comme sur le versant sud, on trouve localement quelques ruissellements et mardelles parfois remarquables du point de vue de la flore aquatique (Zannichelia palustris, Ranunculus ololeucos, Potamogeton natans) et des rives (Shoenus nigricans, Carex viridula var elatior, Juncus subnodulosus). On y rencontre aussi divers amphibiens (Triton marbré, Rainette méridionale, Pélodyte ponctué...).

Le plateau de Guilhaumard et ses contreforts constituent ainsi une entité géographique remarquable écologiquement diversifiée et hébergeant une flore et une faune riches et sensibles.

Commentaires sur la délimitation

Le plateau de Guilhaumard est une entité géomorphologique très identifiable sur le terrain. Il est marqué par les falaises plus ou moins abruptes au nord et à l’ouest (vallée de la Sorgue), au sud (vallée de l’Orb), et par des chaos dolomitiques à l’est.