Ce zonage se trouve au cœur des gorges aveyronnaises de la Truyère qui se situent dans le nord du département de l’Aveyron. Il est essentiellement constitué des versants boisés de ces gorges, depuis les berges de la rivière, et de plusieurs affleurements rocheux. Des galeries souterraines sont également présentes.
Les milieux les plus intéressants sur le site sont les versants boisés qui permettent la nidification d’espèces forestières, les affleurements rocheux sur lesquels une faune et une flore spécifiques se développent, ainsi que les galeries souterraines qui sont utilisées par les chauves-souris pendant la saison hivernale. L’inaccessibilité de ces milieux, due au relief, assure une tranquillité aux espèces présentes. Les différents ruisseaux qui se jettent dans la Truyère sont également l’habitat d’espèces déterminantes.
Les versants boisés permettent la nidification d’oiseaux forestiers rares et/ou localisés en Aveyron. Sur le site, on retrouve ainsi 2-3 couples de Milan royal (Milvus milvus) et au moins 2 couples d’Aigle botté. Les gorges de la Truyère sont un des bastions pour ces deux espèces dans le département. Le Circaète Jean-le-Blanc, avec au minimum 2 couples reproducteurs, et le Pic mar sont également très présents. Il est intéressant aussi de signaler la présence sur le site du Pouillot siffleur qui, malgré une grande diminution de son aire de répartition en Aveyron ces dernières années, est toujours présent dans ces versants boisés. D’un point de vue botanique, ces milieux recèlent 2 espèces très rares dans le département : la Lunaire vivace (Lunaria rediviva) et la Saxifrage à feuilles rondes (Saxifraga rotundifolia). Les affleurements rocheux accueillent une faune et une flore caractéristiques. Il y a tout d’abord 2 espèces de rapaces rupestres : le Faucon pèlerin avec 3-4 couples nicheurs, et le Grand-duc d’Europe dont plusieurs couples s’y reproduisent. Côté botanique, plusieurs espèces de plantes dont le statut est jugé rare à très rare dans le département ont été recensées : le Dryoptéris des montagnes (Dryopteris oreades), la Saxifrage paniculée (Saxifraga paniculata), la Saxifrage de Prost (Saxifraga pedemontana subsp. prostii), qui est protégée au niveau régional, la Joubarbe d’Auvergne (Sempervivum tectorum subsp. arvernence), qui est une plante endémique du Massif central et protégée au niveau régional, le Libanotis des montagnes (Seseli libanotis) ou encore le Silène saxifrage (Silene saxifraga). La rivière et les ruisseaux affluents abritent la Loutre d’Europe qui est présente sur la plupart des cours d’eau du nord du département. Ce milieu accueille également un crustacé d’eau douce en forte régression ces dernières années : l’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes). Enfin, les galeries souterraines accueillent une colonie d’hibernation de chauves-souris.
Les gorges de la Truyère constituent une voie de migration importante pour les oiseaux dans le département de l’Aveyron (aussi bien au passage prénuptial que post-nuptial). Ainsi, à l’automne 2005, lors d’un suivi ponctuel de la migration réalisé en octobre et novembre, pas moins de 367 milans royaux ont été dénombrés. Au vu de ces effectifs, on peut raisonnablement supposer que près d’un millier de milans royaux empruntent les gorges de la Truyère lors de leur migration post-nuptiale. Si tel est le cas, ce site serait le troisième ou quatrième site d’importance nationale pour cette espèce après certains cols basques et auvergnats. D’autres espèces comme la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Milan noir (Milvus migrans), le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), la Cigogne noire (Ciconia nigra) ou la Grue cendrée (Grus grus) sont des migrateurs réguliers, parfois en grand nombre comme le Pigeon ramier (Columba palumbus) ou de nombreuses espèces de passereaux.
Le zonage prend en compte les versants (rive droite et rive gauche) des gorges de la Truyère, depuis les berges de la rivière, sur près de 12 km de long, ainsi qu’une partie des plateaux qui sont les habitats de nombreuses espèces déterminantes. La limite du site est donc généralement fixée par la nature des milieux (secteurs escarpés).