Le site des « zones humides de la plaine des Rauzes » se situe dans le centre-est du département de l’Aveyron, au cœur du massif montagneux du Lévézou, non loin des sources de la rivière Viaur. Il concerne les communes de Vézins-de-Lévézou, Saint-Léons et Saint-Laurent-de-Lévézou. D’une surface de 469 ha, son altitude moyenne est d’environ 860 m. Il s’agit du plus bel ensemble de tourbières et prairies marécageuses encore en place dans les montagnes du Lévézou, milieux qui recouvraient jadis de larges surfaces sur ce massif cristallin et qui y ont aujourd’hui énormément régressé. Cette zone, qui a été achetée par le conseil général de l’Aveyron et est soumise à un plan de gestion, présente un intérêt écologique remarquable où s’entremêlent les influences atlantiques et montagnardes. Les tourbières y portent leurs cortèges d’espèces patrimoniales et d’habitats classiques, avec notamment de nombreuses sphaignes (Sphagnum sp.), le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia, espèce protégée en France), l’Épipactis des marais (Epipactis palustris, espèce protégée dans l’Aveyron), la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), le Millepertuis des marais (Hypericum elodes, espèce protégée en Midi-Pyrénées), le Comaret(Potentilla palustris), le Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba), ou bien encore le Scirpe cespiteux (Trichophorum cespitosum, espèce protégée dans le département de l’Aveyron) pour la flore, ainsi que le Lézard vivipare (Zootoca vivipara) et le Hibou des marais (Asio flammeus) pour la faune. L’Azuré des mouillères (Maculinea alcon), papillon protégé en France et d’intérêt communautaire, est connu et suivi sur le site (Baliteau, 2008). La chenille de ce papillon se nourrit sur la Gentiane pneumonanthe. Plus remarquable est la présence au sein de ces tourbières de la Laîche à fruits barbus (Carex lasiocarpa), espèce protégée dans l’Aveyron et affectionnant les tremblants à Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), et du Cirse des ruisseaux (Cirsium rivulare), deux espèces qui sont ici dans leur unique localité actuellement connue pour le massif du Lévézou, ainsi que de la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris) et du Jonc des Alpes (Juncus alpinoarticulatus), espèces fort localisées dans ce massif. Ces tourbières s’avèrent également riches au point de vue mycologique : Boviste des marais (Bovista paludosa), Galérine des sphaignes (Galerina sphagnorum) et divers entolomes. Les prairies humides environnantes sont également très intéressantes, notamment de par la présence exceptionnelle de la Raiponce de France (Phyteuma gallicum), espèce protégée régionale, ici dans son unique localité du Lévézou, et de la Laîche des ombrages (Carex umbrosa), cypéracée rarissime dans le département de l’Aveyron. On y trouve aussi le Vératre blanc (Veratrum album) et l’Oseille à feuilles allongées (Rumex longifolius), espèce récemment découverte dans le département. Autour se développent quelques pelouses et landes acidiphiles dans lesquelles se trouvent l’Euphorbe anguleuse (Euphorbia angulata), espèce atlantique connue uniquement de deux localités aveyronnaises, l’Œillet en delta (Dianthus deltoides), le Crocus d’automne (Crocus nudiflorus) ou bien encore la Gentiane champêtre (Gentianella campestris), ces trois dernières espèces étant nettement orophiles. On y croise aussi l’Hermine (Mustela erminea), mustélidé rare dans l’Aveyron. Enfin, l’aspect bocager du site, avec de nombreux alignements d’arbres et haies, et la présence d’importants massifs forestiers, principalement de hêtraies, est favorable à l’existence d’un intéressant patrimoine ornithologique : nidification du Traquet tarier et du Pipit farlouse sur les zones bocagères, site de repos et d’alimentation pour de nombreux oiseaux migrateurs hivernants ou de passage : Milan royal, Huppe fasciée et Pie-grièche grise.
Le site des « zones humides de la plaine des Rauzes » correspond à un bel ensemble bien préservé de prairies marécageuses à tourbeuses. Dans un contexte très agricole qui a déjà vu la disparition de nombreuses zones humides, ce site est délimité de toutes parts par la présence de parcelles cultivées et de prairies améliorées ayant perdu tout intérêt patrimonial. Ce site fait partie de la ZNIEFF de type 2 : « Vallée du Viaur et ses affluents ».