ZNIEFF 730011404
Milieux marneux ouverts et versants forestiers d'Aulon à Proupiary

(n° régional : Z2PZ0253)

Commentaires généraux

Localisé en rive gauche de la Garonne, ce site présente un relief modéré, caractéristique des Petites Pyrénées occidentales. La roche mère est constituée de marnes de Plagne et de Saint-Martory datant de la période comprise entre le Maestrichtien inférieur et le Campanien. Il s’agit d’une série rythmique de type flysch où des marnes gris verdâtre, finement sableuses ou argileuses, alternent avec des bancs calcaréo-argileux ou calcaréo-gréseux décimétriques. Le paysage est marqué par des milieux marneux ouverts et des versants forestiers. Les secteurs marneux, composés de fruticées, de landes et de pelouses, sont également caractérisés par des faciès d’érosion typiques originaux où les ruissellements antérieurs et épisodiques ont creusé progressivement dans la roche friable une alternance de dépressions, de talus et de mini-canyons, séparant ainsi des plages de sols nus ou de sols partiellement recouverts par une végétation éparse. Pendant la période estivale, ce biotope est particulièrement sec. Pourtant, dans des dépressions ou des cuvettes dans lesquelles s’est accumulé un substrat imperméable, on observe des groupements à Molinie (Molinia caerulea) et même quelques plantes caractéristiques des milieux humides. De préférence sur les niveaux en hauteur et les bords des talus apparaissent le Genévrier commun (Juniperus communis), quelques espèces caractéristiques des fruticées, ainsi que des chênes pubescents rabougris au tronc tortueux et à l’allure de bonsaïs. Ailleurs, dans ce milieu steppique qui semble comme figé, on trouve des pelouses à Brome érigé (Bromus erectus), et des landes constituées par les espèces communes suivantes : la Bruyère voyageuse (Erica vagans), le Brachypode des rochers (Brachypodium rupestre), le Peucédan herbe aux cerfs (Cervaria rivini), ainsi que la Molinie (Molinia caerulea). Ces entités marneuses s’intègrent dans un paysage forestier et agricole. On y trouve des prairies pâturées, des cultures et, dès que le relief apparaît, une matrice forestière en progression dominée par la chênaie-charmaie. De nombreuses plantes vivant sur ce site sont adaptées à des conditions édaphiques particulières constituées par une forte variation hydrique au cours de l’année, des processus actifs d’érosion, ainsi que par de faibles niveaux de fertilité. Dans les replats et les cuvettes marneuses, régulièrement humides, le Choin noirâtre (Schoenus nigricans) se développe en formant des touffes qui se mélangent à celles de la Molinie. Cet habitat, que l’on rattache aux prairies humides à Molinie sur sols calcaires ou argileux, est rare en Comminges. S’épanouissent également de magnifiques fleurs de l’Épipactis des marais (Epipactis palustris), une orchidée déterminante, peu commune et caractéristique des tourbières basophiles. On pourrait vraisemblablement y observer d’autres taxons patrimoniaux tels que la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), récemment découverte dans un contexte écologique similaire sur la commune de Latoue, à l’ouest de ce site. La Stéhéline douteuse (Staehelina dubia) et, plus rarement, la Leuzée conifère (Leuzea conifera), protégée en région Midi-Pyrénées, occupent les positions hautes où affleurent des bancs calcaréo-marneux plus compacts. On y trouve aussi l’Inule tubéreuse (Jasonia tuberosa), très rare et pourtant sans aucun statut en Midi-Pyrénées. D’ailleurs, ce sont actuellement les seules stations de cette petite astéracée répertoriées en Haute-Garonne. Parmi les autres plantes patrimoniales observées sur ces entités marneuses ouvertes, l’Épipactis brun rouge (Epipactis atrorubens) croît dans les zones à sol nu, tandis que la Laîche des montagnes (Carex montana) est liée aux landes en voie de colonisation ligneuse. L’Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), rare et protégée en Haute-Garonne, arrive ici en limite de répartition occidentale. Il pourrait en être de même pour le Romarin (Rosmarinus officinalis) dont quelques pieds ont été observés, bien que l’on puisse émettre quelques réserves sur le caractère spontané de cette station. En outre, les pelouses, les landes calcicoles et les boisements clairsemés accueillent d’autres plantes intéressantes : la Bonjeanie hirsute (Dorycnium hirsutum) et la Corroyère (Coriaria myrtifolia), déterminantes uniquement pour les Pyrénées, le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum), une orchidée se développant en lisière de la chênaie, toujours en petits effectifs, ainsi que le Lotier maritime (Lotus maritimus). Enfin, la richesse en orchidées est tout à fait remarquable avec plus de 30 espèces inventoriées dont l’Ophrys jaune (Ophrys lutea) et l’Ophrys brun (Ophrys fusca). Parfois, en contact avec ces milieux, plusieurs messicoles déterminantes fleurissent en bordure des cultures : le Myagrum à feuilles embrassantes (Myagrum perfoliatum), la Gesse de Nissole (Lathyrus nissolia), la Moutarde des champs (Sinapis arvensis)... La faune est à l’image de la flore, intéressante et originale. Le Damier de la succise (Euphydryas aurinia) et la Bacchante (Lopinga achine), deux papillons protégés en France, affectionnent respectivement les secteurs humides où pousse la Succise des prés (Succisa pratensis) et les boisements thermophiles présentant une strate herbeuse bien développée. Le Dectique verrucivore (Decticus verrucivorus) a été inventorié sur les communes de Proupiary et d’Aulon. Ce sont les populations les plus basses connues pour cette sauterelle en Haute-Garonne. Cette espèce n’a aucun statut en Midi-Pyrénées, car elle est très commune dans les estives de montagne. En revanche, elle est absente en plaine ; aussi, sa présence à 400 m d’altitude est étonnante. Dans des marnes similaires, situées 3 km plus au sud, à Castillon-de-Saint-Martory, on a répertorié un exemple comparable. En effet, une station du Raisin d’ours (Arctostaphylos uva ursi) se développe à 415 m d’altitude. C’est une espèce de répartition montagnarde, fréquente à plus de 1 000 m d’altitude, mais ne poussant pas en plaine en Comminges. Ces terrains marneux, qui contrastent avec les milieux agricoles et forestiers environnants, jouent un rôle important en termes de réservoir biologique : des espèces déterminantes ou rares s’y développent. Par ailleurs, ces biotopes ne semblent guère avoir évolué au cours du temps, leur dynamique étant lente et la gestion anthropique limitée. Ce site pourrait donc avoir servi de refuge pour certains taxons lors des dernières grandes phases climatiques, isolant ainsi certaines populations. Des études naturalistes complémentaires seraient souhaitables dans ces milieux très originaux pour le Comminges.

Commentaires sur la délimitation

Ce site rassemble plusieurs massifs forestiers contigus faisant partie des chaînons sous-pyrénéens des Petites Pyrénées, en rive gauche de la Garonne. Une série de roches calcaréo-marneuses affleure sur ce territoire, qui est homogène du point de vue de la géomorphologie et de la géologie. Le contour a été choisi en fonction de la géomorphologie et de la présence d’habitats ou d’espèces remarquables. Des éléments déterminants ont été recensés pour l’ensemble des formations végétales (pelouses, landes et boisements) des monts et des collines de ce territoire. Certaines plantations de conifères situées en périphérie du massif forestier et ne présentant pas d’enjeux naturels particuliers ont été exclues du périmètre. En périphérie des reliefs, des prairies et de rares cultures ont été retenues. Ces milieux agricoles présentent d’autres enjeux (messicoles, orthoptères).