Ce site, qui s’étend sur 305 ha à 260 m d’altitude en moyenne, englobe des zones humides localisées sur un peu plus de 9 km le long de la Louge. Ces dernières, plus ou moins morcelées, se répartissent en amont et en aval du confluent de la Nère et de la Louge, au cœur d’un territoire agricole dominé par des cultures intensives. De l’ancien paysage bocager subsistent quelques prairies, des tronçons de haies et de ripisylves, ainsi qu’une magnocariçaie non encore drainée. Cette dernière formation à grandes laîches s’étend sur 4 ha au lieu dit « la Barthe ». Elle est entourée par un jeune boisement et une plantation de peupliers. Ailleurs, les surfaces en herbe entrecoupées par les cultures correspondent soit à des prairies eutrophes artificialisées présentant des cortèges appauvris en espèces, soit à des prairies de fauche mésohygrophiles faiblement amendées et riches en espèces patrimoniales. Dans cette vallée, des travaux importants ont été réalisés lors du dernier remembrement agricole. Une modification conséquente du fonctionnement hydraulique en résulte. Outre les portions de lits mineurs des cours d’eau, plus ou moins canalisés ou rectifiés, on observe des fossés de drainage et une mare. Suite à ces travaux, une petite partie de ce territoire a été classée en arrêté préfectoral de protection de biotope (arrêté du 16 février 2004), en particulier pour garantir la conservation d’une surface importante de magnocariçaie. Ce type de formation de roselière est rare pour le Comminges en contexte de plaine agricole. C’est un biotope favorable aux espèces d’oiseaux remarquables. Ce site est donc susceptible d’accueillir des oiseaux patrimoniaux, tant en période migratoire qu’en période de reproduction. En 1988, une zone de nidification du Busard Saint-Martin, un rapace rare et menacé en Midi-Pyrénées, a été signalée. Toutefois, un des principaux enjeux concerne la flore. Le Scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus) et la Véronique à écusson (Veronica scutellata subsp. villosa), deux plantes déterminantes, se développent dans la roselière, tandis que plusieurs stations de l’Œnanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa), une plante rare en Haute-Garonne, fleurissent dans des prairies humides inondables, à végétation non stabilisée. De même, un gazon de Scirpe des marais (Eleocharis palustris) s’étend dans une cuvette longuement engorgée, qui est localisée à l’intérieur d’une prairie régulièrement fauchée. Enfin, la Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), protégée en Haute-Garonne, s’épanouit dans plusieurs prairies de fauche mésohygrophiles et faiblement amendées. Certaines de ces prairies comportent largement plus de 500 pieds de Fritillaire, ce qui est peu fréquent pour la Haute-Garonne. En fait, cette espèce est en net recul au niveau national depuis une quarantaine d’années. Pour expliquer cette régression, on évoque le drainage, la mise en culture des terres, la conversion en peupleraie et la fertilisation massive des prairies. Sur le territoire de cette ZNIEFF, outre la conservation de quelques prairies naturelles périodiquement engorgées, c’est le maintien de la fauche qui a été favorable à la Fritillaire. Une étude plus poussée de la composition floristique de ces prairies de fauche, menacées par l’évolution des pratiques agricoles, permettrait de recenser d’autres plantes patrimoniales. L’autre enjeu majeur de ce site concerne les insectes. Le Damier de la succise (Euphydryas aurinia) et le Cuivré des marais (Lycaena dispar), deux papillons protégés en France et relevant de l’annexe II de la directive « Habitats-Faune-Flore, 92/43/CEE », réalisent leur cycle dans des prairies naturelles humides. Ces deux papillons sont rares et menacés dans les secteurs agricoles de plaine. C’est particulièrement vrai pour le Cuivré des marais, dont on ne connaît qu’un petit nombre de populations en région Midi-Pyrénées. Parmi les autres rhopalocères recensés, citons le Miroir (Heteropterus morpheus), qui est aussi déterminant. La diversité des milieux humides est favorable aux libellules. Plusieurs mâles du Leste dryade (Lestes dryas), une libellule rare et déterminante, ont été observés à proximité de flaques temporaires situées dans un fossé de drainage. Cette libellule pionnière, adaptée à des milieux momentanément inondés, est donc susceptible de se reproduire ici. Quant au Caloptéryx hémorrhoïdal (Calopteryx hemoroidalis), un odonate déterminant signalé sur ce site, il se reproduirait dans le lit mineur des cours d’eau. Ces biotopes humides constituent une enclave au sein de cultures agricoles intensives omniprésentes. Les milieux humides tels que les surfaces de magnocariçaies et les prairies de fauche périodiquement engorgées sont en forte régression en plaine. Sur ce site, ces habitats humides ont un rôle de réservoir de biodiversité en abritant des espèces remarquables, rares et menacées pour la région Midi-Pyrénées. En outre, ces zones humides ont aussi des fonctions de régulation hydraulique. Leur présence limite le phénomène d’érosion des sols.
Ce site correspond à des zones humides localisées sur un peu plus de 9 km le long de la Louge. Celles-ci, morcelées, se répartissent en amont et en aval de la confluence de la Nère et de la Louge, au cœur d’un territoire agricole dominé par des cultures intensives. On y observe les restes de l’ancien bocage, comprenant des prairies naturelles mésohygrophiles, des alignements d’arbres et des bosquets, ainsi qu’une magnocariçaie non encore drainée, entourée par un jeune boisement et une plantation de peupliers.