Cette ZNIEFF forme un ensemble cohérent et remarquable de haut massif pyrénéen, excentré au nord de la chaîne, en position très externe, et largement soumis aux influences océaniques.
L’assise géologique du site est très complexe, comprenant notamment diverses roches magmatiques et des sédiments carbonatés du Dévonien, assez fortement imbriqués. La géomorphologie est également complexe et diversifiée, avec des pics, crêtes, parois rocheuses, éboulis, vallons, replats, sources, ruisseaux, torrents... auxquels on peut ajouter trois lacs artificiels (lac Bleu, lac de Peyrelade et lac d’Oncet). Les altitudes, comprises entre 1 350 et 2 875 m, couvrent la totalité des étages subalpins et alpins. Les limites des étages de végétations se trouvent ici particulièrement basses à l’échelle des Pyrénées, du fait de la position externe du massif et des expositions froides (nord et est particulièrement bien représentées sur le site). Cette complexité géologique et topographique permet une diversité de substrats et de stations favorables à des végétations également très diversifiées. Le paysage est dominé par des formations végétales de landes et de pelouses, et par des milieux rocheux, dans une ambiance générale humide s’exprimant notamment par un réseau hydrographique bien développé. La forêt quant à elle est quasiment absente, la pineraie subalpine de Pin à crochets étant strictement résiduelle du fait des défrichements et de l’occupation pastorale anciens.
Le site offre un échantillon très complet d’habitats subalpins et alpins des Pyrénées centrales en situation externe. De nombreux types de pelouses sont représentés, dont plusieurs sont déterminants : pelouses alpines acidiphiles à Laîche courbée (Carex curvula), pelouses pyrénéennes, subalpines à Gispet (Festuca eskia), à Fétuque à balais (Festuca gautieri subsp. scoparia), combes à neige à Saule herbacé (Salix herbacea). Parmi les habitats rocheux figurent des parois calcaires, des éboulis siliceux et des éboulis calcaires, déterminants. Les habitats humides, même s’ils occupent des superficies assez faibles, sont présents et diversifiés (sources, bas-marais alcalins et acides, petits lacs naturels).
On connaît sur le site de nombreuses espèces déterminantes, de nombreuses espèces endémiques pyrénéennes et quelques espèces dont le site héberge les quelques rares populations pyrénéennes.
Pour les plantes vasculaires, on citera par exemple parmi les nombreuses endémiques pyrénéennes ou pyrénéo-cantabriques : l’Androsace ciliée (Androsace ciliata, protection régionale), l’Androsace des Pyrénées (Androsace pyrenaica, protection nationale), l’Ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica), la Fétuque des Pyrénées (Festuca pyrenaica), la Benoîte des Pyrénées (Geum pyrenaicum), la Saxifrage d’Irat, (Saxifraga pubescens subsp. iratiana, protection régionale), la Saxifrage aquatique (Saxifraga aquatica), la Trisète de Barège (Trisetum baregense), la Véronique nummulaire (Veronica nummularia) ou encore les rares Pavot doré (Papaver aurantiacum, protection régionale), Myosotis des Pyrénées (Myosotis corsicana subsp. pyrenaearum, protection régionale), Scrofulaire des Pyrénées (Scrophularia pyrenaica, protection nationale). Les espèces arctico-alpines sont également bien représentées avec par exemple : l’Astragale des Alpes (Astragalus alpinus), le Carex des rochers (Carex rupestris), le Carex capillaire (Carex capillaris), la Fétuque naine (Festuca quadriflora), le Petit pâturin (Poa minor), la Potentille des régions froides (Potentilla frigida), la Woodsie alpine (Woodsia alpina)... L’Androsace de Suisse (Androsace helvetica, protection nationale) présente ici l’une de ses rares populations pyrénéennes.
Parmi les bryophytes, on remarquera Drepanocladus vernicosus, espèce de tourbière inscrite à l’annexe II de la directive « Habitats ».
Parmi les champignons, plusieurs espèces arctico-alpines, potentiellement à proximité de leur limite méridionale d’aire de répartition, ont été observées à l’étage alpin, en particulier dans les combes à neige (Salicetea herbaceae) : Arrhenia auriscalpium (très rare dans les Pyrénées), Bovista glacialis (très rare à l’échelle mondiale), Cortinarius inops, Galerina pseudocerina, Hebeloma marginatulum (fréquent), Inocybe salicis-herbaceae, Marasmius epidryas, Russula alpigenes... Une mention particulière pour Cuphophyllus hygrocyboides (= Hygrocybe hygrocyboides) dont l’unique localité connue pour les Pyrénées (et l’une des rares au niveau mondial) se trouve dans cette ZNIEFF (CORRIOL, 2007).
La faune présente également un nombre appréciable d’espèces endémiques tels le Desman, l’Euprocte ou le Lézard des Pyrénées de De Bonnal.
La Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), une espèce peu fréquente, trouve sur le domaine skiable de La Mongie les conditions favorables à sa nidification, et constitue ici une population de concentration remarquable.
À noter également la présence du Crapaud calamite (Bufo calamita) en situation d’altitude, sur deux sites différents au sein de la zone.
Enfin, parmi les insectes, les rhopalocères (papillons de jour) sont particulièrement bien représentés avec un important cortège de 17 espèces déterminantes. Il s’agit d’espèces vivant essentiellement dans les milieux de pelouses et de prairies des étages subalpins à alpins, telles que les hespérides, les piérides et les apollons (genre Parnassius). Plusieurs espèces ou sous-espèces sont des endémiques pyrénéens ou pyrénéo-cantabriques : le Candide subsp. oberthueri (Colias phicomone oberthueri), la Piéride de la Roquette subsp. oberthueri (Euchloe simplonia oberthueri), et la sous-espèce pyrénéenne de l’Apollon (Parnassius apollo pyrenaica). Une mention particulière pour les moirés (genre Erebia), représentés par de très nombreuses espèces dans les montagnes d’Europe. Le massif du pic du Midi de Bigorre abrite 4 espèces endémiques des Pyrénées : le Moiré chamoisé subsp. ramondi (Erebia gorge ramondi), le Moiré pyrénéen (Erebia gorgone), le Moiré andorran (Erebia sthennyo) et le Moiré cantabrique (Erebia lefebvrei). Ce dernier est également présent dans les monts Cantabriques. Le Moiré printanier (Erebia triaria) est également connu du massif.
2 criquets endémiques des pelouses alpines de la chaîne pyrénéenne sont également présents : la Miramelle des Pyrénées (Cophopodisma pyrenaea) et le Gomphocère pyrénéen (Gomphoceridius brevipennis).
Cette ZNIEFF est donc un important réservoir de biodiversité pyrénéenne dont elle constitue un précieux avant-poste alpino-subalpin au nord de la chaîne. Elle constitue par ailleurs une partie importante de la tête du bassin de l’Adour pour lequel elle a un rôle important dans le fonctionnement du régime hydrique (sur le plan qualitatif et quantitatif).
Le site constitue un ensemble cohérent d’habitats subalpins et alpins autour du haut massif du pic du Midi de Bigorre. Il est circonscrit par des limites naturelles (crête du Pène det Pouri et Adour du Tourmalet au sud, fond du vallon d’Arize à l’est, hourquette d’Ouscouaou à l’ouest) et la limite supérieure actuelle de la forêt vers 1 600 m au versant nord, qui correspond assez bien à la limite supérieure de l’étage montagnard.
Le domaine skiable de La Mongie, hébergeant de nombreux enjeux naturels, est inclus dans la ZNIEFF. Seule la partie bâtie en a été exclue. Côté Super-Barèges, les zones les plus abîmées du domaine ont été exclues, et les parties plus préservées, abritant des enjeux floristiques et liés aux insectes notamment, ont quant à elles été incluses.