Le site du versant ouest du pic de Viscos se développe entre 520 et 2 140 m en rive droite du gave de Cauterets, et s’étend au nord presque jusqu’à sa confluence avec celui de Gavarnie. Au sud, il s’arrête au niveau du col de Riou, alors qu’à l’est, il est délimité par les crêtes des pics de Viscos et de Soulom. Il intègre plusieurs talwegs escarpés dont les eaux s’écoulent sous la forme de torrents temporaires dans la moitié nord du site, et pour la moitié sud sous la forme de ruisseaux permanents empruntant des ravins profonds. Ils délimitent des affleurements rocheux, formant une succession de micro-expositions variées, favorables à l’expression d’habitats contrastés.
Les roches en place sont dominées par les schistes de séries anciennes du Silurien (schistes noirs carburés, pyriteux), de l’Ordovicien et du Dévonien (schistes et calcschistes). Cette situation offre à la végétation des conditions très contrastées, très acides au nord ou plus riches en calcium notamment dans certaines parties hautes. On note la présence de deux failles orientées ouest - nord-ouest / est - sud-est, la plus profonde formant le ravin de Moussouse, au sud du pic de Viscos.
Le climat est marqué par la situation de gorges froides et plutôt humides, mais il subit également vers l’aval l’influence plus chaude du bassin d’Argelès. Les étages de végétation vont du collinéen, peu représenté et limité à l’aval, au subalpin. L’orientation des versants favorise une certaine humidité, au moins au niveau des ravins.
Les habitats naturels dominants sont les milieux forestiers (plus de 50 %), puis les pelouses et landes d’altitude (près de 15 %) ; les milieux rocheux sont très imbriqués et présents un peu partout du bas au haut des versants.
Pour les forêts, on doit signaler l’abondance des feuillus, dont les forêts de ravins riches en tilleuls (annexe I, directive « Habitats ») et les hêtraies, ainsi que de la sapinière. Les bois de pins à crochets sont présents en altitude, mais sont moins représentés.
Les pelouses et landes d’altitude sont assez bien partagées entre formations calcicoles avec Edelweiss (Leontopodium alpinum) ou Bartsie en épi (Nothobartsia spicata) et formations acidiphiles (Dupias, 1982) selon la nature des schistes présents.
Parmi les milieux rocheux, on note d’une part des parois rocheuses et rochers siliceux (dominants) avec des végétations de terrains acides comme l’Androsace de Vandelli (Androsace vandellii), ou plus calcaires avec l’If (Taxus baccata), et d’autre part des landes sèches dominées par la Bruyère arborescente (Erica arborea) sur les substrats rocheux des parties basses (gorges, rognons).
Les formations riveraines sont disposées en fond de gorges ou de ravins avec présence de la mégaphorbiaie subalpine à Valériane des Pyrénées (Valeriana pyrenaica) et aconits (Aconitum sp.).
Forêts de ravins, végétation des parois siliceuses, pelouses et landes calcicoles, bois de pins à crochets et mégaphorbiaies subalpines constituent des habitats naturels hors du commun, qui sont les plus riches et les plus originaux du site. Tous appartiennent à l’annexe I de la directive « Habitats ».
Bien que l’on n’ait qu’une description partielle des habitats présents, il est certain que leur diversité est un facteur d’intérêt prépondérant de ce site.
Le site est intéressant par la présence d’espèces végétales dont beaucoup ont été déjà citées. On relève la présence d’espèces appartenant : à la liste nationale des espèces protégées (Androsace de Vandelli, Bartsie en épi) ; à la liste régionale des espèces protégées (Aconit panaché des Pyrénées [Aconitum variegatum subsp. pyrenaicum] également cité au Livre rouge national) ; au Livre rouge régional (Aconit panaché des Pyrénées, Androsace de Vandelli, Iris des Pyrénées [Iris latifolia], Lys des Pyrénées [Lilium pyrenaicum], Bartsie en épi) ; à la liste des déterminantes ZNIEFF avec en plus des précédentes : l’Œillet des poètes (Dianthus barbatus), la Bruyère arborescente, l’Edelweis, la Pédiculaire des Pyrénées (Pedicularis pyrenaica), la Raiponce des Pyrénées (Phyteuma pyrenaica), la Renoncule amplexicaule (Ranunculus amplexicaulis), l’If et la Valériane des Pyrénées.
Ce massif boisé et rocheux offre de grandes possibilités de nidification pour les oiseaux ; les parties hautes hébergent le Grand Tétras (Tetrao urogallus). Au-dessus, les espèces présentes dans les landes montagnardes et subalpines sont la Perdrix grise de montagne (Perdix perdix subsp. hispanicus) et le Lagopède des Alpes (Lagopus mutus).
Ces trois espèces appartiennent à l’annexe I de la directive « Oiseaux », et constituent un patrimoine naturel important.
Le gave héberge la Loutre (Lutra lutra), ayant recolonisé le site à partir de 2004, et pouvant exploiter temporairement certains ruisseaux. La partie sud du site (ruisseaux permanents) présente également des conditions assez favorables au Desman, qui n’est cependant signalé qu’à proximité.
Enfin, les diverses formations végétales de ce site escarpé jouent un rôle important dans la lutte contre l’érosion.
La ZNIEFF du versant ouest du Viscos constitue donc un milieu naturel remarquable, en particulier par la richesse de sa flore et des habitats présents.
Ce site correspond à une partie du bassin versant du gave de Cauterets réunissant des conditions assez constantes (fortes pentes, terrains dominés par les schistes, même orientation générale...). La limite sud est constituée par un ravin profond (ruisseau de Billou).
Les habitats forestiers, les milieux ouverts (pelouses ou landes) et les parois rocheuses constituent les formations dominantes soumises à une forte dynamique de versant due aux fortes pentes. Le relief et l’exposition générale du site vers l’ouest constituent donc deux critères de délimitation prépondérants.