ZNIEFF 730011494
Massif de l'Ardiden au Gave de Gavarnie

(n° régional : Z2PZ0039)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF, constituée des hauts massifs siliceux et du versant abrupt en rive gauche de la vallée de Luz-Saint-Sauveur compris entre les crêtes de l’Ardiden et le gave de Gavarnie, présente un échantillon représentatif d’habitats de la montagne pyrénéenne en situation interne. Elle en couvre tout le gradient altitudinal, de l’étage collinéen à l’étage alpin, entre environ 750 et 2 950 m d’altitude. Le climat est marqué par une certaine continentalité du fait de la position abritée de la profonde vallée de Luz. L’assise géologique du site est majoritairement siliceuse, constituée de granodiorites et de schistes et quartzite du Carbonifère. Toutefois, quelques secteurs de roche carbonatée existent (calcaire dévonien notamment) et contribuent à la diversité des habitats du site. Les hauts massifs comportent plusieurs vallons glaciaires globalement exposés nord et nord-est, et accueillant d’assez nombreux lacs naturels (lacs d’Ardiden, lacs de Badet, de l’Espuguette, de Bastampe, de Litouèse). Les paysages d’estives des étages subalpin et alpin sont structurés par les pelouses, les landes à éricacées, les éboulis et les parois rocheuses. Les forêts (et notamment le Pin à crochets) y sont quasiment absentes du fait de l’exploitation pastorale. Le versant abrupt qui descend vers le gave est quant à lui largement boisé, jusqu’à environ 1 800 m d’altitude. La forêt est entaillée de couloirs d’avalanches et de torrents, certains temporaires.

Le site offre un échantillon très varié d’habitats : rocheux, de pelouses (du Mesobromion thermophile collinéen à Germandrée des Pyrénées - Teucrium pyrenaicum - jusqu’aux pelouses alpines à Laîche courbée - Carex curvula - du Festucion supinae), de landes, de forêts (chênaies, hêtraies, sapinières, tillaies de ravin), d’ourlets, ainsi que de petites zones humides : sources, bas-marais acides, végétation amphibie à Rubanier à feuilles étroites - Sparganium angustifolium, déterminant -, et quelques belles mégaphorbiaies, avec le Sceau de Salomon rameux (Streptopus amplexifolius), espèce déterminante. L’étage alpin situé à haute altitude du fait des conditions internes et étant dominé par des habitats rocheux, les végétations de combes à neige alpines sont peu abondantes et représentées presque exclusivement par une association dépourvue de saules alpins (Cardamino alpinae-Gnaphalietum). De belles pelouses à Dryas octopetala (déterminantes) sont présentes à l’étage subalpin au nord du site.

Parmi les espèces remarquables, on peut citer quelques plantes alpines que l’on rencontre sur les plus hauts sommets des Pyrénées telles l’Androsace ciliée (Androsace ciliata, endémique des Pyrénées centro-occidentales, protégée en Midi-Pyrénées), la Fétuque de Bordères (Festuca borderei, endémique pyrénéenne) et la Renoncule des glaciers (Ranunculus glacialis, déterminante). La Gentiane pyrénéenne (Gentiana clusii subsp. pyrenaica, rare taxon endémique des Pyrénées centro-occidentales, protégé en Midi-Pyrénées) est présente sur les reliefs carbonatés en limite nord du site. Cela constitue une de ses rares stations dans le département des Hautes-Pyrénées. L’Épilobe penché (Epilobium nutans) est une espèce rare dans les Pyrénées centrales, que l’on rencontre dans les sources subalpines. Dans le versant forestier existe une des rares stations pyrénéennes connues de la discrète orchidée non chlorophyllienne Épipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum, protégée en France). Parmi les bryophytes, on signalera la présence de la rare sphaigne continentale ombrotrophe Sphagnum fuscum en situation un peu insolite : population en bourrelet dense à la base d’un rocher, sur versant, hors contexte de tourbière.

En ce qui concerne la faune, on notera un intérêt ornithologique, notamment en ce qui concerne les rapaces (Faucon pèlerin, Hibou grand-duc), deux espèces qui figurent en annexe I de la directive « Oiseaux ». Le site accueille également des galliformes de montagne : la Perdrix grise de montagne (Perdix perdix hispanicus) et Le Lagopède alpin (Lagopus mutus) sont présents dans les zones de landes et de pelouses ; le Grand Tétras (Tetrao urogallus, annexe I de la directive « Oiseaux ») niche dans les zones forestières.

Le Lézard des Pyrénées de De Bonnal (Iberolacerta bonnali) est mentionné sur les parties hautes de la ZNIEFF. Cette espèce endémique de la partie centrale de la chaîne des Pyrénées affectionne les éboulis et pelouses d’altitude.

On peut signaler enfin le rôle important de protection des sols du versant boisé en forte pente atterrissant en rive gauche du gave de Gavarnie, et le rôle hydrologique des complexes de lacs d’altitude en tête de plusieurs petits bassins versants alimentant le gave de Gavarnie.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF correspond au versant en rive gauche du gave de Gavarnie, de Pragnères à Luz. L’ensemble de ce versant fait l’objet de nombreuses données faunistiques et floristiques déterminantes.

Les limites correspondent à la rive gauche du gave à l’est, à la crête de l’Ardiden à l’ouest, à la crête de Bastampe au sud et à la crête de Lats au nord. À noter également au nord la station de ski de Luz-Ardiden qui constitue un secteur nettement plus aménagé, ayant été exclu, à l'exception de la partie haute la plus au sud de ce domaine, englobée dans la ZNIEFF sur des critères géologiques.