Grande ZNIEFF située à la frontière entre la France et l’Espagne, sur des milieux calcaires et granitiques, avec de fortes variations d’altitude, elle se situe sous climat atlantique, mais avec des entrées méditerranéennes du fait de la proximité de l’Espagne. Ses paysages sont fortement marqués par la géomorphologie glaciaire puis par l’érosion, les lignes de crêtes étant marquées par les éruptions magmatiques et granitiques.
Elle englobe tous les milieux depuis l’étage montagnard jusqu’au nival, avec les derniers glaciers pyrénéens.
Les milieux présents sont très variés. Ils sont marqués soit par l’influence de l’homme, soit par les phénomènes historiques et l’érosion. Les milieux de pelouses sont encore marqués par l’influence du pastoralisme, soit excessif (Troumouse, Estaubé, Especières) avec un surpâturage en fond de vallée, soit en déshérence (Campbielh, Ossoue) avec le développement de la Bruyère, du Rhododendron ou du Genévrier. Les milieux forestiers portent localement la trace d’une forte exploitation affouagère (Campbielh, Ossoue, pentes de Coumély), mais on trouve aussi sur le site des forêts subnaturelles (Barrada, Bué, certaines parties de Gavarnie) dans lesquelles sont présentes de belles stations de Buxbaumie verte (Buxbaumia viridis) ainsi que des forêts liées à la restauration (Mourgat, Bourlic). Les milieux de falaises et éboulis sont peu touchés par des détériorations anthropiques, même si localement des phénomènes de végétalisation d’éboulis, liés à des évolutions naturelles, sont perceptibles. Sur le site, on trouve aussi des tapis de dryades (Dryas octopetala) et des pelouses à Trolle (Trollius europaeus) et Cirse des ruisseaux (Cirsium rivulare).
On rencontre sur cette ZNIEFF une forte diversité végétale avec plus de 150 espèces endémiques ou patrimoniales dont pour certaines les dernières stations pyrénéennes : Dioscorée des Pyrénées (Borderea pyrenaica), Saponaire à feuilles de pâquerette (Saponaria bellidifolia), Vesce argentée (Vicia argentea).
Le cortège des oiseaux pyrénéens est complet (en passereaux avec la Niverolle, la Pie-grièche ; en picidés avec le Pic à dos blanc et le Pic noir, voire le Pic mar ; et en galliformes avec le Grand Tétras, de belles populations de Lagopède alpin ainsi que de Perdrix grise de montagne), et la diversité en grands rapaces est remarquable (avec notamment la présence de trois couples de Gypaète barbu, de l’Aigle royal, du Circaète Jean-le-Blanc, du Faucon pèlerin, du Grand-duc et de la Chouette de Tengmalm). L’Ours est venu régulièrement ces dernières années s’installer dans les forêts et sur les pentes. Le site abrite aussi un grand nombre de populations du Lézard des Pyrénées de De Bonnal, et la présence de forêts subnaturelles permet la présence de plusieurs bryophytes rares (Buxbaumia viridis et Dicranella).
La diversité des milieux herbacés, qui ont été fortement exploités par le passé et sont maintenant localement en déshérence, induit une très grande diversité en insectes parmi lesquels rhopalocères, avec plus de 10 espèces d’Erebia, de belles populations d’Apollon sous-espèce pyrénéenne (Parnassius apollo pyrenaica) et Semi-Apollon sous-espèce pyrénéenne (Parnassius mnemosyne vernetanus), ainsi qu’orthoptères, comme le Gomphocère pyrénéen (Gomphoceridium brevipennis) et la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera), tandis que la subnaturalité de certains massifs forestiers (Coumély, Barrada...) permet la présence d’une forte diversité de coléoptères saproxyliques.
Cette ZNIEFF connaît une très forte fréquentation touristique avec la présence du cirque de Gavarnie. La circulation de l’eau est également fortement conditionnée par la présence de nombreux captages et canalisations, le site abritant trois grands barrages, ce qui a des conséquences sur les débits des cours d’eau et sur le maintien de certains ruisseaux (Camplong, gave d’Héas). Les introductions de poissons pour la pêche posent problème (prédation) vis-à-vis de l’Euprocte sur les ruisseaux de Coumély, de Troumouse et aux Aguilous. On recense aussi sur la ZNIEFF la présence de deux stations de ski dont les infrastructures posent problème lors de la migration et à cause des collisions avec les galliformes. De même, à partir de ces stations, un ski hors-piste se développe et pose des problèmes de perturbations des galliformes en hiver, tandis que les captages d’eau pour les canons à neige diminuent encore localement les débits.
Grande ZNIEFF formant un ensemble cohérent délimité par les bassins versants alimentant le gave de Pau. Les limites sont basées sur les lignes de crêtes, et l’ensemble permet d’englober les différentes formations végétales et leur agencement (depuis le montagnard jusqu’au nival). L’ensemble, la répartition des milieux et leur diversité permettent d’abriter et d’offrir aux espèces animales la totalité de leurs sites vitaux.
Le domaine skiable des Espécières est englobé en tant qu’habitat d’espèces floristiques, d’espèces de galliformes de montagne, et en tant qu’habitat d’espèces d’insectes déterminantes également.
Les villages de Gèdre et Gavarnie, de taille jugée non significative par rapport à la surface de la zone, n’ont pas été exclus.