ZNIEFF 730011641
Landes humides et tourbières de Capvern

(n° régional : Z2PZ0027)

Commentaires généraux

Le site des « landes humides et tourbières de Capvern » est situé sur la partie supérieure du plateau de Lannemezan. Il est disposé entre 558 et 658 m d’altitude, dans la partie sud-ouest du plateau, en position sommitale. Il occupe deux bassins versants plus ou moins diffus correspondant au ruisseau de Saint-Martin et à la Baïse-Darré, ces rivières étant proches de leur source. Le climat est humide et chaud en été, froid en hiver, du fait de la position du site qui se trouve ainsi soumis aux précipitations, aux vents et à l’ensoleillement.

Les sols sont des cailloutis du plateau de Lannemezan (Pliocène supérieur), galets disposés dans une gangue argileuse. Ils sont très imperméables et conservent en surface les eaux des précipitations.

Le site est traversé par l’une des branches du canal de la Neste, ce qui peut induire, pour certaines des rivières citées lorsqu’elles sont réalimentées, un régime hydrologique perturbé.

Les habitats naturels à valeur patrimoniale sont répartis de façon plus ou moins abondante dans chacune des unités. La principale composante est celle des landes, prairies humides et formations tourbeuses. Elle comprend des landes humides à Erica tetralix sans Erica ciliaris, habitat déterminant, des bas-marais acides formant des communautés à Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba), habitat également déterminant, et une tourbière haute active avec sphaignes, Molinies et chenaux à Ossifrage (Narthecium ossifragum).

Parmi les milieux aquatiques, on note la présence d’une tourbière de transition formant des radeaux avec le Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata) et le Potamot à feuilles de renouée (Potamogeton polygonifolius), de communautés amphibies pérennes des bordures d’étangs acides aux eaux peu profondes (habitat déterminant), et des marécages tremblants à Molinia caerulea (déterminant également).

Les milieux mésophiles comprennent quant à eux des habitats non déterminants dans cette partie de la région Midi-Pyrénées : des landes sèches à Callune (Calluna vulgaris), genêts (Genista pilosa, Sarothamnus scoparius) et ajoncs (Ulex europaeus, Ulex minor) et des pelouses acides à Nard (Nardus stricta) et Agrostis (Agrostis vulgaris).

Les milieux boisés, lorsqu’ils ne résultent pas de plantations, comprennent des boisements de tourbière ou de landes humides dégradées, ainsi que de bord de rivière. On y trouve des formations à Saule cendré (Salix cinerea) et Bourdaine (Frangula alnus) longeant le cours des rivières, ou l’aulnaie-frênaie riveraine (habitat déterminant), incluant toutes deux une frange de mégaphorbiaie riche en hautes herbes des milieux humides et en fougères, avec l’Eupatoire chanvrine (Eupatorium canabinum), la Reine des prés (Filipendula ulmaria), l’Angélique des bois (Angelica sylvestris) et l’Osmonde royale (Osmunda regalis). On trouve également des formations pionnières à Bouleau (Betula pendula) développées au détriment des landes humides.

On notera qu’une seule tourbière active, tendant vers le type bombé, est encore présente et en état sur ce site, à l’amont du bassin versant du ruisseau de Saint-Martin.

Le site des landes humides de Capvern est intéressant par la présence d’un cortège assez complet d’espèces végétales liées au milieu tourbeux, aux landes, aux eaux ou aux prairies.

Certaines sont reconnues pour leur rareté ou leur valeur patrimoniale.

Les Rossolis à feuilles rondes et intermédiaire (Drosera rotundifolia et Drosera intermedia) et la Littorelle à une fleur (Littorella uniflora) sont sur la liste nationale des espèces protégées.

Le Scirpe à nombreuses tiges (Eleocharis multicaulis) et l’Orchis très odorant (Gymnadenia odoratissima) bénéficient d’une protection régionale et sont sur la liste rouge régionale.

La Petite scutellaire (Scutellaria minor), l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), la Laîche jaunâtre (Carex flava), le Silène de France (Silene gallica) et la Moutarde blanche (Sinapis alba) sont sur la liste rouge régionale des espèces menacées.

L’Ajonc nain (Ulex minor), la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), la Laîche lisse (Carex laevigata), l’Épipactis des marais (Epipactis palustris), le Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), l’Osmonde royale (Osmunda regalis), le Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba), le Scirpe des marais (Eleocharis palustris), le Scirpe des lacs (Schoenoplectus lacustris), la Phalangère à feuilles planes (Simethis mattiazzii), l’Épiaire des marais (Stachys palustris) et le Pissenlit des marais (Taraxacum palustre) sont autant d’autres espèces déterminantes présentes sur la zone.

On note en outre plusieurs espèces d’intérêt patrimonial ou bio-indicatrices comme la Lobélie brûlante (Lobelia urens), le Narcisse trompette (Narcissus bulbocodium) très abondant ici, l’Ossifrage, la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), l’Isnardie des marais (Ludwigia palustris), ainsi que la Grassette à grandes fleurs (Pinguicula grandiflora) qui arrive ici à très basse altitude. Ces espèces sont déterminantes pour la plaine, mais le site des landes humides de Capvern est encore considéré comme zone de montagne.

En ce qui concerne la faune, le site est situé sur une voie migratoire d’oiseaux bien connue.

On doit signaler la régularité et l’importance des stationnements et de l’hivernage de la Cigogne blanche (Ciconia ciconia), avec parfois une trentaine d’oiseaux présents. En outre, des tentatives de nidification ont eu lieu récemment.

Parmi les oiseaux nicheurs, on peut signaler le Courlis cendré (Numenius arquata), dont le nombre de couples sur le plateau est en régression et semble se limiter actuellement à 1 ou 2, après avoir atteint la dizaine dans le début des années 1980 (P. Dalous, 1988). Il s’agit de l’un des rares sites de nidification connus en Midi-Pyrénées (5 environ). On note également la présence du Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), dont l’effectif atteint 5 couples certaines années dans les étangs de l’est du site. L’Œdicnème criard (Burhinus oedicnemus) y a également été signalé.

Le site sert assez régulièrement de halte migratoire, voire de site d’hivernage à des vols de grues cendrées (Grus grus).

On peut mentionner par ailleurs de fréquentes observations (non déterminantes) du Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), du Milan royal (Milvus milvus) qui a un statut d’hivernant et se reproduit à proximité, et de la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) qui compte ici des couples reproducteurs assez nombreux.

Parmi les insectes, une espèce de libellule, l’Agrion nain (Ischnura pumillo), est bien représentée sur le bassin versant du ruisseau de Saint-Martin.

En ce qui concerne les papillons, le Miroir (Heteropteus morpheus) est omniprésent dans les landes et prairies peu exploitées, le Grand Nègre des bois (Minois dryas) est plus rarement observé, au niveau de certains milieux riches en Molinie bleue (Molinia caerulea). Enfin, l’Azuré des mouillères (Maculinea alcon), protégé nationalement, qui a été signalé à la fin des années 1970 sur la lande Saint-Martin, n’y a plus été noté, ni vraisemblablement recherché, alors que sa plante hôte, la Gentiane pneumonanthe, est bien représentée sur le site.

L’ensemble de landes humides dites de Capvern, comprenant les landes de la Baïse-Darré, de Hour-Bagnadé et du sud du Saint-Martin, constituent des vestiges d’un ensemble beaucoup plus vaste qui a été dégradé au fil des années. Malgré une pression d’aménagement souvent forte en périphérie, ils conservent une richesse naturelle importante liée aux habitats et espèces des milieux humides ouverts, des landes, des prairies, des tourbières et des petits plans d’eau. Leur préservation constitue un important enjeu de conservation de la nature.

Commentaires sur la délimitation

Cette zone qui comprend quatre unités plus ou moins disjointes résulte de la dégradation par les aménagements humains du vaste ensemble de landes humides du haut du plateau de Lannemezan. Ces altérations sont des facteurs principaux de délimitation du site. Il s’agit de l’emprise de l’autoroute A64 qui prend le site en écharpe, du complexe chimique et industriel de Lannemezan à l’est, de défrichements agricoles pour grandes cultures (maïs) et d’un centre de traitement d’ordures ménagères, au centre de la partie sud du site.