ZNIEFF 730011659
Haute vallée d'Aure

(n° régional : Z2PZ2034)

Commentaires généraux

La ZNIEFF « haute vallée d’Aure » est typiquement montagnarde et représentative des Pyrénées centrales. Elle représente un des secteurs à enjeux majeurs pour la biodiversité pyrénéenne, et regroupe parmi les espaces naturels les plus prestigieux du massif.

C’est une ZNIEFF d’une valeur écologique et patrimoniale rare de par les habitats et les taxons faunistiques et floristiques qu’elle héberge.

Cette ZNIEFF regroupe les secteurs suivants, faisant l’objet de ZNIEFF de type 1 : réserve du Néouvielle et vallons de Port-Bielh et du Bastan, vallée d’Aulon et soulane de Vielle-Aure, montagne d’Eget, vallon du Badet et soulanes d’Aragnouet, bois de la Cabane, massif entre les Nestes d’Aure et du Louron, haute vallée d´Aure en rive droite, de Barroude au col d´Azet, et la Neste amont.

Tous les étages de végétation sont représentés, du collinéen jusqu’au nival (de 650 à près de 3 200 m d’altitude).

L’origine glaciaire des vallées (profil en auge) et des lacs d’altitude a modelé les paysages (vallée à fond plat de Saint-Lary à Ancizan), nombreux blocs erratiques, verrou… En altitude, une multitude de lacs et laquets, particulièrement dans le secteur du Néouvielle, d’Estibère et de Bastan, font aujourd’hui de la zone un site exceptionnel sur les plans géomorphologique, écologique et paysager.

La géologie de la zone est contrastée avec un secteur plutonique à l’ouest (Néouvielle-Bastan), deux secteurs plutôt sédimentaires aux extrémités sud-ouest et nord (Barroude-Saux et Beyrède), et une zone métamorphique au centre (Moudang, Rioumajou, Neste…).

La zone héberge de nombreux taxons endémiques pyrénéens dont les « habituels » Isard, Desman, Lézard de De Bonnal, Euprocte, Apollon sous-espèce pyrénéenne (Parnassius apollo pyrenaica), Ramonde des Pyrénées (Ramondia myconi), Androsace des Pyrénées (Androsace pyrenaica), inscrite dans l’annexe II de la directive « Habitats », Scrofulaire des Pyrénées (Scrophularia pyrenaica), protégée en France…

Pour ne citer que quelques espèces déterminantes sont également présents et se reproduisent dans la zone les grands rapaces comme le Gypaète barbu, l’Aigle royal, le Faucon pèlerin, le Circaète Jean-le-Blanc, le Milan royal, le Hibou grand-duc, et les galliformes comme le Grand Tétras, le Lagopède et la Perdrix grise de montagne. À noter également la présence de la Loutre sur les Nestes d’Aure et du Louron.

On peut citer quelques localités particulièrement remarquables sur les plans écologique (habitats) et paysager comme le vallon d’Estibère et plus globalement la réserve du Néouvielle et ses records de vie en altitude (espace étudié depuis plus de quatre-vingts ans, remarquables peuplements subalpins de pins à crochets, exceptionnel ensemble tourbeux et populations de crapauds accoucheurs). On y rencontre également des bas-marais acides, communautés de bords des eaux, tremblants, communautés flottantes à Sparganium, buttes de sphaignes, sapinières et pinèdes de montagne à rhododendrons. Parmi les autres localités remarquables de la zone, on pourra citer les vallées du Rioumajou et du Moudang, pour leurs ensembles forestiers en sapinières et en pinèdes à Pin sylvestre et leur forte densité en isards. On pourra se référer à la ZNIEFF de type 1 pour plus de détails (haute vallée d’Aure en rive droite, de Barroude au col d’Azet).

La singularité des murailles calcaires du cirque de Barroude en fait un autre secteur particulièrement intéressant (62.4 « Falaises continentales dénudées »). À noter également l’exceptionnelle richesse en isards et la diversité floristique de la vallée de la Géla constituant un intérêt botanique de premier ordre (très nombreuses plantes rares et endémiques).

Parmi les autres localités remarquables, on peut citer les zones tourbeuses d’Eget et d’Arsoué. Ces marais revêtent un intérêt floristique fort avec la présence de l’Épipactis des marais (Epipactis palustris) et de la Capillaire de Montpellier (Adiantum capillus-veneris) sur les rochers suintants. La Couleuvre à collier atteint en ces lieux sa limite d’aire de répartition (non détermnante).

La persistance de l’activité agropastorale dans la moyenne vallée de la Neste permet de maintenir une certaine diversité dans les milieux ouverts de type prairies de fauche, etc. Dans ce secteur plus anthropisé, il est intéressant de noter la seule localité du département pour la nidification du Râle des genêts. Sans oublier la présence et la nidification du Hibou grand-duc, du Vautour percnoptère, du Circaète Jean-le-Blanc, de l’Aigle botté, du Tichodrome, du Chocard à bec jaune, du Crave à bec rouge, de l’Hirondelle de rochers...

Cette ZNIEFF particulièrement riche sur le plan écologique est également un haut lieu touristique, et exerce une forte attraction estivale comme hivernale. Elle est donc sujette aux problématiques de dérangement de la faune (lié à la circulation automobile et au stationnement, à la fréquentation pédestre), ou encore à la sensibilisation et à la canalisation du public. À ces problématiques vient s’ajouter la fermeture des milieux ouverts du type pelouses et prairies dans les secteurs les moins accessibles, suite à la déprise pastorale.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF présente une cohérence fonctionnelle puisqu’elle concerne l’ensemble du bassin versant de la Neste d’Aure en amont d’Arreau, la rive gauche du bassin entre Arreau et Sarrancolin, ainsi qu’une partie du bassin de la Neste du Louron en rive gauche, afin d’englober l’ensemble du massif à cheval sur les deux bassins. Les limites passent donc majoritairement en crête, à savoir sur les limites de partage des eaux entre le bassin de la Neste d’Aure et ceux des gaves à l’ouest, de l’Adour au nord, et de la Neste du Louron à l’est. Au sud, la limite correspond à la crête frontière avec l’Espagne. L’ensemble de la zone fait l’objet d’un réseau dense de données d’habitats naturels, de flore et de faune déterminantes.

Plus précisément, les limites passent en crête par les pic de Troumouse (cirque de Barroude), pic Long, pic du Néouvielle, pic de Quatre-Termes, pic de Portarras, pic d’Arbizon, et par la crête du col d’Aspin.

Les sous-bassins versants concernés sont ceux de la Neste de Rioumajou, du Moudang, de Saux, de la Géla, de Couplan, la vallée d’Espiaube, le torrent du Lavedan (vallée d’Aulon), les ruisseaux des versants de la Hourquette d’Ancizan, du col d’Aspin, le cours supérieur et moyen de la Neste d’Aure (de Plan à Arreau), ainsi que les deux versants (ouest et est) du massif séparant Aure et Louron d’Arreau jusqu’à Génos, le long de la Neste du Louron.

La ZNIEFF englobe plusieurs domaines skiables, chacun hébergeant des enjeux naturels déterminants.