Cette ZNIEFF englobe les territoires des bassins versants des torrents affluents de la rive droite de la haute vallée d’Aure. Elle est frontalière avec l’Espagne depuis le cirque de Barroude jusqu’au massif du Loustou-Guerreys. La ZNIEFF comprend les bassins versants de la Neste de la Géla, de Saux, du Moudang, du torrent de Lassas, du Rioumajou, du torrent d’Arsoué, du torrent d’Ourtigué et enfin du torrent de Sarrouyé.
Des gigantesques et glaciales murailles calcaires de Baroude aux forêts de pins et de sapins du Rioumajou, en passant par les pelouses alpines ou encore les radiers et rapides des Nestes, la zone offre une multitude de paysages et d’habitats naturels.
Les paysages sont fortement marqués par le caractère montagnard et l’origine glaciaire des vallées. Les étages de végétation vont du collinéen (autour d’Azet) jusqu’au nival (muraille de Barroude). Les pentes y sont fortes à très fortes, et les vallées sont globalement encaissées. Le caractère forestier dans toutes les vallées, et tout particulièrement en vallée du Rioumajou, est marqué. L’ensemble de la zone appartient à la haute chaîne primaire et présente des terrains sédimentaires de l’ère secondaire. La zone est également placée sur un accident tectonique majeur, et est traversée par de nombreuses failles.
La géologie de la zone est variée. À l’ouest, le cirque de Barroude et le massif du Garlitz présentent des substrats calcaires, alors que les secteurs du Moudang et du Rioumajou restent majoritairement acides avec des micaschistes et des grano-gabbros.
La zone présente de nombreux faciès d’expositions, mais toutes les vallées gardent globalement un axe d’écoulement sud-nord (de la crête frontière à la confluence avec la Neste d’Aure), l’exposition sud restant minoritaire.
Le climat de la zone est véritablement montagnard sous l’influence des régimes d’ouest, les périodes d’enneigement pouvant aller de novembre à juin pour les secteurs les plus froids.
C’est une ZNIEFF particulièrement riche et diversifiée tant sur le plan des habitats naturels que sur celui de la diversité spécifique. De nombreuses espèces endémiques, rares et protégées fréquentent la zone et s’y reproduisent.
Plus de cinquante habitats naturels ont été dénombrés dont trente-six d’intérêt communautaire et deux types d’habitats d’intérêt prioritaire.
La surface totale des habitats d’intérêt communautaire rien que dans le périmètre Natura 2000 Moudang-Rioumajou compris dans la ZNIEFF représente 7 600 ha dont 1 250 sont en habitat prioritaire (deux types : formations atlantiques herbeuses à nards et buttes de sphaignes à droséras).
Les milieux ouverts de pelouses présentent un état dynamique avancé avec, si la pression de pâturage diminue, un risque de dominance de Festuca eskia (Gispet) puis des ligneux bas : Myrtille, Callune, Busserole (Arctostaphylos uva-ursi), Genévrier, Rhododendron.
Le bas du Moudang, Aret, Fitte Longue, sont des secteurs qui ont été recolonisés par ces landes basses.
Le non-gardiennage des troupeaux sur certains secteurs favorise le pâturage des pelouses les plus appétentes et la colonisation des milieux déjà davantage fermés, ce qui accélère le processus. À noter également la dégradation physique des pelouses par les sangliers dans certains secteurs.
En Rioumajou, un important ensemble forestier est en continuité avec la vallée de la Neste d’Aure, Moudang et Saux. Un « peuplement classé » de Pin sylvestre, remarquable de par son confinement et son altitude (jusqu’à 2 000 m), est présent à Frédancon.
Les zones humides comme les tourbières, dont la plus remarquable est celle d’Arsoué (Azet), présentent notamment des habitats tels que formations de tremblants, communauté flottante de Sparganium, bas-marais alcalins et surtout butte de sphaigne à Droséra (habitat prioritaire).
L’ensemble des habitats est en bon état de conservation général. Cependant, les habitats forestiers sont pauvres en très gros et très vieux arbres, sains, sénescents ou morts. Ce manque influe vraisemblablement de manière défavorable sur les populations de chauves-souris (manque de gîtes potentiels) et cortèges saproxyliques (insectes, champignons, etc.).
Les intérêts en ce qui concerne les espèces végétales sont notamment représentés par des espèces endémiques, subendémiques et des espèces à aires disjointes ou en limite d’aire de répartition (123 taxons).
Globalement la zone présente une végétation caractéristique de la haute-montagne calcaire et siliceuse.
Sur la crête de Consaterre, on compte l'une des quelques stations pyrénéennes de Potamot allongé (Potamogeton praelongus).
En vallée du Rioumajou, on note la présence de la Ramonde et du Safran des Pyrénées (Ramonda myconi et Merendera montana), d’un remarquable peuplement de Pin sylvestre, due à l’influence oro-méditerranéenne, de bryophytes déterminantes avec notamment la Buxbaumie verte (Buxbaumia viridis) qui figure en annexe II de la directive « Habitats ». On remarquera également l’Androsace des Pyrénées (Androsace pyrenaica), annexe II de la directive « Habitats » et protégée au niveau national, l’abondance du Lis des Pyrénées (Lilium pyrenaicum) au vallon de Lassas, ainsi qu’un intérêt botanique de premier ordre au vallon de la Géla, de par la richesse des espèces parmi lesquelles de très nombreuses plantes rares et endémiques, représentant l’une des stations botaniques les plus riches des Pyrénées.
Les intérêts pour les espèces animales sont les suivants. Pour les mammifères, 16 espèces de chauves-souris ont été notées parmi lesquelles certaines figurent en annexe II de la directive « Habitats » : Petit et Grand Murins, Vespertilion à oreilles échancrées, Vespertilion de Bechstein et Barbastelle d’Europe. Dans les secteurs de la Géla, du Moudang et du Rioumajou, on peut noter une forte densité d’isards.
Sur la Neste d’Aure, la présence de la Loutre est confirmée, et une expansion plus en amont sur les torrents affluents est prévisible. La présence du Desman des Pyrénées jusque très en amont sur les cours d’eau permanents est également confirmée.
Pour l’avifaune, les rapaces comme l’Aigle royal, mais aussi les galliformes comme le Lagopède, le Grand Tétras et la Perdrix grise nichent dans la ZNIEFF. On peut noter un intérêt migratoire en plein cœur de la chaîne, avec d’importants passages au col de Barroude.
Les reptiles, dont le Lézard des Pyrénées de De Bonnal, et les batraciens sont bien représentés sur toute la zone, avec en limite d’aire de répartition la Couleuvre à collier à Arsoué.
Les insectes, et plus particulièrement 12 espèces de coléoptères saproxyliques déterminantes, dont certaines patrimoniales au niveau européen (exemples : Tragosoma depsarium, Calytis scabra, Corticeus longuuis) fréquentent les secteurs boisés de la zone.
Les perspectives d’exploitation des massifs forestiers des vallées du Rioumajou et du Moudang restent limitées pour plusieurs raisons : la difficulté d’accès imposée par le relief, le classement du site, mais aussi car plus de la moitié de la superficie forestière de ces vallées a une vocation de protection des paysages, des milieux et des espèces.
En ce qui concerne les milieux aquatiques, les dégravements et fortes variations des débits et niveaux d’eau liées aux retenues hydroélectriques perturbent les gravières (zones de frayère à salmonidés) et ripisylves, et par conséquent les espèces qui y sont inféodées : populations de Desman et Loutre notamment. L’Euprocte des Pyrénées, quant à lui, se tient plus en amont sur les chevelus hydrographiques et n’est donc pas affecté par ces variations. En revanche, le déversement et l’alevinage en truites (liés aux pratiques halieutiques) peuvent constituer un frein (par prédation) à une colonisation vers l’aval des populations d’euproctes.
La fréquentation touristique estivale des vallées du Moudang, du Rioumajou, de Saux et de Badet, est en nette progression ces dernières années. Il est probable qu’un certain dérangement de la faune (isards, galliformes, rapaces nicheurs) puisse à terme perturber les espèces les plus sensibles.
Les sites les plus fréquentés de la ZNIEFF sont Frédancon, l’hospice du Rioumajou, les alentours du tunnel d’Aragnouet-Bielsa, ou encore la vallée de la Géla. En ces lieux, des problématiques de stationnement de véhicules et/ou de circulation peuvent induire un certain dérangement pour la faune (grands rapaces notamment).
La zone présente une cohérence écologique fonctionnelle puisqu’elle réunit l’ensemble des sous-bassins versants en rive droite de la Neste d’Aure, de Barroude au col d’Azet, à savoir ceux des nestes de la Géla, de Saux, du Moudang, du torrent de Lassas, de la Neste du Rioumajou, des torrents d’Arsoué, d’Ourtigué et de Sarrouyé (exception faite de la rive droite en aval du ruisseau affluent de Passis). La limite sud correspond à la ligne de crête qui marque la frontière espagnole. Le contour à l’est passe également en crête, qui marque la limite de partage des eaux entre le bassin de la Neste d’Aure et celui de la Neste du Louron. Le domaine skiable de Val Louron est presque exclu dans sa totalité, excepté pour les zones les plus sensibles hébergeant des galliformes patrimoniaux. La limite ouest passe également en crête, jusqu’au fond de la vallée d’Aure, via le pic de Piau, excluant ainsi la totalité du domaine skiable de Piau-Engaly, excepté la partie la plus basse hébergeant des enjeux naturels divers. Au nord, la limite suit la rive droite de la Neste d’Aure. Les villages situés en périphérie de la zone ont été exclus.