Le site s’étend au versant sud des pics de Cau et de l’Escalère de Coume Nère, entre le village de Gaudent et le col de Mortis, à une altitude comprise entre 600 et 1 062 m. Il longe, aux revers de ces deux sommets, la route forestière qui se dirige vers le village de Créchets et le sentier qui la prolonge à l’ouest.
Le site s’organise donc autour de deux pointements rocheux essentiellement constitués de calcschistes du Gargasien et de marnes noires du Gargasien-albien basal, mais comprenant des passées de calcaire compact bien visibles sur le terrain. Immédiatement en dessous et de façon majoritaire sur le site, on rencontre des marnes (Bédoulien à Gargasien basal). Enfin, tout en bas du versant, près des villages de Gaudent et Sacoué, on trouve des sédiments d’origine glaciaire, dépôts fluvio-lacustres constitués de matériel morainique remanié.
Le col de Mortis constitue une importante ouverture vers l’ouest pour le site, qui favorise ainsi des entrées humides sur sa partie sud. Cette orientation méridionale permet un réchauffement précoce et une situation de pompe thermique favorable aux oiseaux planeurs et aux papillons.
Le climat est donc partagé entre des influences contrastées, et marqué par l’ensoleillement du versant sud.
Les milieux ouverts représentent les trois quarts des surfaces d’habitats présents alors que les forêts en concernent environ un quart. Ces dernières se décomposent en deux types de hêtraies : hêtraie sur calcaire en petites unités au sud, hêtraie à Scille lis-jacinthe (Scilla lilio-hyacinthus) et Hellébore vert (Helleborus viridis) sur tout le versant nord. La chênaie pubescente se développe au contact des passées calcaires du versant sud.
La lande atlantique à Bruyère vagabonde (Erica vagans) domine largement le site avec la Fougère aigle (Pteris aquilina) et l’Asphodèle blanc (Asphodelus albus), ces deux derniers étant apparemment favorisés par des écobuages récurrents.
Quelques rares massifs de Genévrier commun (Juniperus communis) sur pelouse (Mesobromion pyrénéen, habitat déterminant) indiquent qu’il s’agit d’un sol plus riche en calcaire et de zones non concernées par les feux pastoraux. Certaines parties de dalles obliques et d’affleurements calcaires sont colonisées par la pelouse pionnière discontinue à Orpin blanc (Sedum album), elle aussi habitat déterminant.
Ces affleurements calcaires sont colonisés par une végétation typique de parois (Asplenium trichomanes, Asplenium ruta muraria, Lonicera pyrenaica, Thalictrum minus...). Au niveau des parois du gouffre de Cau, cette végétation constitue l’habitat déterminant du Cystopteridion fragilis avec une grande abondance de mousses et de fougères (Polypodium sp., Phyllitis scolopendrium, Asplenium trichomanes, Saxifraga hirsuta).
Le vertigineux gouffre de Cau et ses annexes entrent également dans la liste des habitats exceptionnels de ce site.
Au niveau floristique, on mentionnera juste l’existence de 2 plantes déterminantes : le Genêt occidental (Genista hispanica subsp. occidentalis) associé aux landes atlantiques sur calcaire ou marnes (aujourd’hui peu abondant), et le Panicaut de Bourgat ou Chardon bleu des Pyrénées (Eryngium bourgatii), mieux représenté.
Il est très probable qu’une étude plus complète augmenterait la liste des espèces, notamment avec des calcicoles comme la Fritillaire des Pyrénées (Fritillaria nigra), présente dans le voisinage du site dans le même type de situation.
Ce site, une des rares soulanes pastorales de basse altitude du bassin de la Garonne, offre de grandes possibilités sur le plan faunistique aux rapaces chasseurs, notamment au Milan royal (Milvus milvus) avec l’omniprésence de plusieurs individus, à l’alimentation des oiseaux nécrophages, étant donné la proximité de plusieurs aires de Percnoptère d’Égypte (Neophron percnopterus) et l’accessibilité à toutes les espèces de ce cortège avifaunistique, et enfin aux corvidés sociaux comme le Chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), avec conjonction sur place de gouffres de nidification et de vastes pâturages.
Le site du pic de Cau constitue un milieu naturel remarquable par ses aptitudes à répondre aux besoins vitaux de plusieurs espèces d’oiseaux rares. Il renferme au moins 2 espèces végétales déterminantes, et présente également 4 habitats déterminants liés aux pelouses sèches et aux rochers. Il offre enfin de bonnes potentialités pour la faune entomologique, notamment les papillons, qui resteraient à explorer.
Ce site correspond à une montagne basse délimitée selon deux approches fonctionnelles :
- la périphérie du gouffre et les puits annexes, avec la hêtraie et les crêtes qui l’entourent ;
- la soulane dominée par des formations ouvertes, domaine pastoral, zone essentielle au gagnage des corvidés sociaux, des rapaces chasseurs et des nécrophages.