ZNIEFF 730011910
Massif du Pic de Certescans

(n° régional : Z2PZ0462)

Commentaires généraux

La ZNIEFF du « massif du pic de Certescans » étend ses 16 100 ha à l’ouest du département de l’Ariège. Comprise entre 575 et 2 840 m d’altitude (étages montagnard à nival), elle correspond à une partie de la haute chaîne des Pyrénées avec des paysages de haute montagne grandioses. La géologie complexe de la zone associe des zones à substrat acide (granite et micaschiste) et des zones sur substrat alcalin (calcschiste). Les structures géologiques s’interpénètrent d’une façon telle que l’on passe sans transition nette de terrains calcaires à des terrains plus acides. Le climat est de type montagnard atlantique avec des précipitations assez élevées. Les vallées sont occupées par les villages et une agriculture extensive de montagne qui développe un paysage bocager avec un réseau de haies préservé. La forêt (hêtraie, hêtraie-sapinière) occupe une large place à l’étage montagnard. Au-delà de la limite de la forêt, les landes, landines et pelouses subalpines et alpines dominent le paysage. Les falaises (cirques spectaculaires : cirques d’Anglade et de Cagateille) et les éboulis sont aussi très présents sur la zone, créant un univers très minéral à partir d’une certaine altitude.

La ZNIEFF occupant les étages de végétation montagnard (voire collinéen) à nival, elle comprend de nombreux milieux d’un grand intérêt : un complexe de micro-habitats tourbeux et humides déterminants comme les tourbières hautes, bas-marais acides et alcalins, tourbières de transition – outre leur intérêt en tant qu’habitats d’espèces, ces milieux jouent un rôle important d’un point de vue fonctionnel (atténuation des effets de crues par stockage d’eau, ralentissement des ruissellements de surface) ; des mégaphorbiaies (communautés de hautes herbes) pyrénéo-ibériques ; des pelouses à Gispet (Festuca eskia) bien présentes à partir de l’étage subalpin ; des communautés végétales des combes à neige comme les communautés acidiphiles à Carex-Gnaphalium ; des habitats rocheux, éboulis et falaises bien représentés à la fois en contexte calcaire et siliceux (Saxifragion mediae, etc.).

D’un point de vue floristique, les éléments patrimoniaux concernent : la flore de milieux humides et tourbeux avec des espèces comme le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), protégé au niveau national, la Linaigrette engainante (Eriophorum vaginatum), protégée en Midi-Pyrénées, ou encore le Rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium), les cortèges de sphaignes étant eux aussi intéressants ; les milieux rocheux, avec des espèces spécialisées patrimoniales comme la Campanule remarquable (Campanula speciosa), des saxifrages (Saxifraga geranioides, Saxifraga media, Saxifraga pentadactylis...), la Passerine à calice large (Thymelaea calycina) ou le Cystoptéris des montagnes (Cystopteris montana), une fougère protégée au niveau national ; les espèces déterminantes caractéristiques des pelouses d’altitude comme le Panicaut de Bourgat (Eryngium bourgatii), la Gentiane des Pyrénées (Gentiana pyrenaica), le Lis des Pyrénées (Lilium pyrenaicum) ou encore la Gagée de Liotard et la Gagée jaune (Gagea fragifera, Gagea lutea subsp. lutea), cette dernière étant protégée au niveau national. D’un point de vue faunistique, les intérêts sont très variés. Le Desman des Pyrénées est présent dans les différents cours d’eau de la zone. Ce petit mammifère endémique est inscrit à l’annexe II de la directive « Habitats-Faune-Flore ». La zone est importante pour les galliformes de montagne : le Grand Tétras (Tetrao urogallus), la Perdrix grise de montagne (Perdix perdix hispanicus) et le Lagopède alpin (Lagopus mutus) sont nicheurs sur la zone ; ces trois espèces font partie de la directive « Oiseaux ». C’est aussi un site important (nidification et terrain de chasse) pour les grands rapaces emblématiques de montagne. L’Aigle royal, notamment, est nicheur sur la zone. Les ruisseaux accueillent des populations d’Euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), amphibien endémique déterminant. Enfin, l’entomofaune est également concernée avec la présence de papillons patrimoniaux des pelouses d’altitude comme la sous-espèce pyrénéenne de l’Apollon (Parnassius apollo pyrenaica), la Gorgone (Lasiommata petropolitana) ou le Moiré pyrénéen (Erebia gorgone). Un cortège intéressant de coléoptères de milieu souterrain est connu dans certaines grottes et cavités. Les autres groupes d’invertébrés comme les mollusques et les crustacés présentent eux aussi des assemblages d’espèces intéressants.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF du « massif du pic de Certescans » correspond au massif montagneux délimité par la haute vallée du Salat à l’ouest et la vallée du Garbet à l’est. Au sud, les limites de la zone suivent la crête frontière, et au nord les vallées de l’Ustou et du Garbet. La station de ski de Guzet, zone plus artificialisée et sensiblement moins riche en enjeux naturels identifiés, est exclue du périmètre de la ZNIEFF. Elle est cependant intégrée à la ZNIEFF de type 2 « Montagnes d’Ercé, d’Oust et de Massat ».