Le massif de Tabe a une position nettement avancée par rapport à l’axe principal de la haute chaîne pyrénéenne. Situé en Ariège, il culmine à 2 368 m d’altitude au pic de Soularac, mais son sommet le plus connu est le pic de Saint-Barthélemy (2 348 m) dans sa partie orientale, alors que le mont Fourcat (2 001 m) domine l’extrémité occidentale du massif. Entre ces deux points hauts, une succession de sommets moins marqués disposés en chapelet le long d’un arc de cercle forme un cirque vers le nord, qui constitue le bassin de drainage du Touyre. Le massif de Tabe abrite dans ses pentes plusieurs petits lacs dont les plus importants sont : l’étang du Diable, l’étang des Truites, l’étang d’Appy, l’étang Tort, le lac de Moulzoune (artificiel) et l’étang Supérieur. Le faciès géologique du massif de Tabe suggère une action glaciaire. Les roches qui composent ce massif sont d’une manière générale : du granite dans la partie sommitale ; du gneiss dans les parties moyenne et supérieure ; des schistes quartzifères ferrugineux contenant divers minerais aux alentours de 1 000 m ; des calcaires dominant la plaine du côté nord. La grande originalité du massif du point de vue géologique est l’exceptionnel gisement de talc de Trimouns, sur le versant sud du Soularac à 1 700 m d’altitude. Ce gisement, en périphérie de la ZNIEFF, est le plus important du monde en termes de production. La mine de talc de Fangas, sur le versant nord du massif, fermée en 1976, est incluse dans la ZNIEFF. Le massif se divise en deux entités distinctes : au nord, le « pays d’Olmes », avec une prédominance des milieux forestiers et des activités humaines diverses (station de ski, ancienne exploitation minière, exploitation sylvicole) ; au sud, le Lordadais, essentiellement tourné vers l’activité pastorale. Ce massif est composé d’une mosaïque de milieux : forêts, pelouses et landes d’altitude, réseau hydrographique dense, zones humides, habitats rocheux. Il en découle la présence de cortèges faunistiques et floristiques diversifiés. La forêt couvre plus de 50 % du site, et les différents faciès présents offrent un habitat pour le Grand Tétras (hivernage et reproduction), le Pic mar et l’Aigle botté, ainsi qu’une zone de repli hivernal pour l’Isard. Est également présente une grande diversité floristique et faunistique, notamment de coléoptères saproxyliques et de champignons. Ce site est sillonné par un important réseau de cours d’eau qui hébergent notamment un mammifère endémique de la chaîne, le Desman des Pyrénées. La bonne qualité écologique de ces cours d’eau est mise en exergue par la présence d’espèces bio-indicatrices telles que l’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), en déclin national, et le Chabot. Plusieurs zones humides dont certaines présentent des faciès tourbeux ou paratourbeux, de taille plutôt réduite, sont présentes dans ce contexte écologique. Ces zones tourbeuses constituent un réseau qui présente un intérêt écologique majeur en tant qu’habitat et pour la faune et la flore qu’elles hébergent. Elles ont également un intérêt fonctionnel important dans la régulation du régime des crues (atténuation des effets de crues par stockage d’eau, ralentissement des écoulements de surface). Elles présentent une flore typique, avec notamment des communautés de sphaignes, le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), protégé nationalement, la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), la Linaigrette engainante (Eriophorum vaginatum) et la Fausse apargie (Willemetia stipitata). Un cortège d’invertébrés remarquables, notamment d’odonates (libellues etc.), fréquente ces zones humides. L’ouverture des milieux de pelouses et landes d’altitude bénéficie de l’action de l’activité pastorale.
Au niveau floristique, ces habitats abritent entre autres le Lis des Pyrénées (Lilium pyrenaicum), la Gentiane de Burser (Gentiana burseri subsp. burseri), le Chardon bleu (Eryngium bourgatii), la Gagée de Liotard (Gagea fragifera) et la Tulipe australe (Tulipa sylvestris subsp. australis). Le cortège des rhopalocères (papillons de jour) est diversifié, avec notamment le Moiré cantabrique (Erebia lefebvrei), les sous-espèces pyrénéennes de l’Apollon (Parnassius apollo pyrenaica) et du Semi-apollon (Parnassius mnemosyne vernetanus). Au niveau faunistique, la Perdrix grise de montagne se maintient durablement, de même qu’un noyau isolé de Lagopède alpin. Au sud du site, on retrouve un bocage à l’étage montagnard, avec des prairies de fauche et des pâtures hébergeant notamment l’Orchis parfumé (Orchis coriophora subsp. fragrans), protégé nationalement, et la Fritillaire des Pyrénées (Fritillaria nigra), et pour l’avifaune le Bruant ortolan. Les milieux rocheux présents sont très variés suivant les altitudes et les expositions. Ils abritent une flore rupestre caractéristique avec notamment l’Androsace de Vandelli (Androsace vandellii), protégée nationalement, la Campanule des Corbières (Campanula speciosa), la Saxifrage faux géranium et la Saxifrage intermédiaire (Saxifraga geranioides et Saxifraga media). Le Crave à bec rouge et le Chocard à bec jaune sont nicheurs.
La ZNIEFF correspond à la « montagne de Tabe », massif isolé de la chaîne pyrénéenne. Au sud et sud-ouest du site, la limite correspond à une transition géologique vers les quiès calcaires, et s’appuie sur le tracé de la « route des corniches ». Le massif est cerné au nord-est par des cours d’eau : l’Ariège, le Douctouyre, le ruisseau de la Baure. Les bas de versants moins riches en enjeux naturels identifiés sont exclus de la ZNIEFF mais font l’objet de la ZNIEFF de type 2 « Montagnes d’Olmes ». Au delà de la ZNIEFF vers l’est, on bascule sur les montagnes de Belesta, de Prades etc. Les vallons davantage artificialisés (habitations notamment), tels que celui de Montferrier, sont, dans la mesure du possible, exclus du périmètre. Le domaine skiable des Monts d’Olmes, riche de données déterminantes (insectes protégés, flore déterminante, galliformes patrimoniaux etc.), est inclus dans le périmètre, de même que sa partie bâtie, de surface jugée négligeable vis à vis de la taille de la ZNIEFF.