ZNIEFF 730012027
Massif du Pic des Trois Seigneurs

(n° régional : Z2PZ0427)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF s’étend sur le massif du pic des Trois Seigneurs, sur une surface de 11 225 ha. Les altitudes sont comprises entre 625 et 2 200 m, et s’échelonnent ainsi de l’étage collinéen à l’étage subalpin. Ce contexte biogéographique favorise la présence d’une grande variété de milieux hébergeant une biodiversité animale et végétale importante.

En ce qui concerne la flore, les milieux les plus remarquables sont majoritairement les milieux humides et tourbeux, en particulier ceux situés le long des ruisseaux de Loumet, de la Goute de Roque, de la Terrière, et autour des étangs d’Artax, Bleu, Long, du Tirou et des Rives. Les zones de marnage des lacs naturels d’altitude accueillent les deux isoètes protégés nationaux (Isoëtes echinospora et Isoëtes lacustris) ainsi que la Subulaire aquatique (Subularia aquatica), protégée en région Midi-Pyrénées. Les zones tourbeuses sont l’habitat du Lycopode inondé (Lycopodiella inundata) et du Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), protégés nationalement, de la Petite utriculaire (Utricularia minor) et de la Linaigrette engainante (Eriophorum vaginatum), protégées en région Midi-Pyrénées, ainsi que d’une douzaine d’espèces de sphaignes. Les habitats rocheux sont eux aussi riches en espèces déterminantes. Nous pouvons citer notamment l’Androsace de Vandelli (Androsace vandellii), protégée nationalement, la Saxifrage faux géranium (Saxifraga geranioides), endémique des Pyrénées, et le Muflier à feuilles d’asaret (Asarina procumbens), qui poussent tous les trois sur silice. La Saxifrage de Burser (Saxifraga aretioides) et l’Ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica), endémiques des Pyrénées et des monts Cantabriques, et la Campanule remarquable (Campanula speciosa), endémique des Cévennes, des Corbières et des Pyrénées affectionnent quant à elles les milieux calcaires.

En ce qui concerne la faune, divers groupes taxonomiques sont représentés. Parmi eux, on trouve les mammifères avec le Desman des Pyrénées, petite espèce semi-aquatique endémique des Pyrénées et du quart nord-ouest de la péninsule Ibérique, particulièrement originale dans tous les aspects de sa biologie. Étroitement adapté à la vie semi-aquatique, il peuple des cours d’eau à régime hydrologique de type nival de transition à pluvio-nival, dans des massifs montagneux ou de piémont recevant une pluviométrie annuelle supérieure à 1 000 mm. Toutes les perturbations pouvant affecter le fonctionnement des cours d’eau et notamment le fonctionnement hydrologique sont préjudiciables à l’espèce. La pollution, la gestion piscicole, les sports aquatiques, etc. constituent autant de facteurs pouvant affecter de manière négative l’espèce et son habitat. Sur le site, les indices de présence sont fréquemment observés et les données suffisamment nombreuses pour permettre de considérer l’importance de ce réseau hydrographique par rapport à l’espèce.

On retrouve également l’Isard des Pyrénées. Pour l’avifaune, 5 espèces déterminantes, dont la plupart sont représentatives des milieux montagnards pyrénéens, ont été observées. Ainsi, les zones forestières isolées et matures accueillent le Pic mar, espèce qui reste occasionnelle en Ariège. Les forêts d’altitude (essentiellement des forêts de Pin à crochets, hêtraies et hêtraies-sapinières), peu accessibles, favorisent la présence du Grand Tétras, espèce très vulnérable aux modifications et perturbations de son milieu, liées par exemple à la fréquentation, aux conditions météorologiques défavorables lors de l’élevage des jeunes, etc. Cette espèce montre une régression importante depuis une trentaine d’années, causée par une diminution du succès de la reproduction. Les zones de landes ouvertes sont occupées par la Perdrix grise de montagne, et les pierriers des étages subalpin et alpin accueillent le discret Lagopède alpin dont les relations entre conditions climatiques et succès de la reproduction sont également déterminantes dans le maintien des populations. Enfin, l’Aigle royal fréquente ce massif, profitant ainsi des terrains ouverts comme zones de chasse. Les reptiles déterminants sont représentés par 2 espèces recensées : la Coronelle girondine et le Lézard hispanique, qui ont une affinité pour les terrains rocheux, secs et bien ensoleillés, de basse altitude, à végétation éparse d’affinité méditerranéenne. Les amphibiens sont représentés par le Triton palmé, largement présent en Ariège et dans le reste de la région Midi-Pyrénées, mais présent ici aux alentours de 1 800 m d’altitude. Enfin, les cortèges entomologiques sont également très riches avec notamment des odonates (5 libellules déterminantes recensées) liés à des eaux de bonne qualité comme l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce protégée au niveau national, et la Cordulie métallique (Somatochlora metallica metallica). On trouve des espèces d’eaux stagnantes végétalisées temporaires comme le Leste dryade (Lestes dryas). La Leucorrhine douteuse (Leucorrhinia dubia) est caractéristique des milieux tourbeux. 4 espèces de papillons déterminantes viennent compléter l’intérêt de cette ZNIEFF. On y rencontre ainsi l’Apollon (Parnassius apollo), symbole des montagnes, qui affectionne les versants rocheux bien exposés où poussent les sedums, plantes nourricières des chenilles. De manière plus localisée est également présent le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), qui occupe les zones de lisières des hêtraies fraîches et les prairies fleuries attenantes, étroitement lié à la présence des corydales. La sous-espèce pyrénéenne du Moiré fontinal (Erebia pronoe subsp. glottis), taxon tardif et discret, est observé dans les secteurs thermophiles, de bancs de rochers, et dans les pelouses parsemées de blocs rocheux. Enfin, on rencontre sur ce site l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), espèce protégée bien représentée en Midi-Pyrénées, qui doit en partie son statut de protection à son développement original faisant intervenir une plante nourricière pour la chenille (Origan et thyms) et une espèce de fourmi qui accueille durant la mauvaise saison la larve au sein de la fourmilière. Les orthoptères sont représentés par 5 espèces endémiques des Pyrénées. La Miramelle des Pyrénées (Cophopodisma pyrenaea) et le Gomphocère pyrénéen (Gomphoceridius brevipennis) sont deux criquets inféodés aux landes subalpines et alpines des Pyrénées. Les landes des étages montagnard à subalpin abritent le Criquet des ajoncs (Chorthippus binotatus saulcyi moralesi). Il s’agit de la seule espèce française d’orthoptère ayant un régime alimentaire spécialisé, chaque sous-espèce étant spécialisée sur une espèce de fabacée différente. La Decticelle pyrénéenne (Metrioptera buyssoni), endémique des Pyrénées centrales, est ici en limite d’aire. L’Éphippigère gasconne (Callicrania ramburii) est limitée au versant nord des Pyrénées et aux landes de Gascogne. Parmi les insectes endémiques, on trouve 3 coléoptères hypogés que l’on rencontre uniquement en milieux souterrains. Ces espèces sont très localisées. Il s’agit d’Aphaenops bonneti, Geotrechus andreae et Hydraphaenops mouriesi. 9 espèces de collemboles ont été recensées. Certaines sont endogènes, comme Onychiurus ariegicus ; d’autres affectionnent les litières fraîches et froides, comme Cassagnadina coiffaiti, Deutonura deficiens deficiens ou encore Protachorutes pyrenaeus. On retrouve ces dernières à l’étage montagnard, de même que Schaefferia maxima dans les milieux froids de haute altitude et les névés permanents.

L’ensemble du site offre une diversité faunistique et floristique remarquable.

Commentaires sur la délimitation

Le premier critère utilisé pour le tracé des contours est géomorphologique. En effet, la zone correspond au massif du pic des Trois-Seigneurs, soustrait de sa soulane qui l’objet d’une autre ZNIEFF. La zone choisie est circonscrite tantôt par des vallées, tantôt par des crêtes. Au nord, ce sont le ruisseau du Liers, la crête du pic d’Estibat au col de Port et le ruisseau de Saurat qui marquent la limite avec ce qui a été rattaché au massif de l’Arize. Au-delà de la zone à l’est, on trouve les parois calaires et quiès du bassin de Tarascon, au sud la soulane. Quant à la limite ouest, elle est matérialisée par la RD18, qui serpente dans la vallée du Courtignou.