ZNIEFF 730012043
Montagnes d'Ercé et de Massat

(n° régional : Z2PZ0420)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF d’une superficie de 6 700 ha s’étend dans le pays du Couserans. Elle correspond à une zone de moyenne montagne, dominée par des paysages forestiers (hêtraies, hêtraies-sapinières et localement plantations de résineux) dans un ensemble calcaire karstique. Par endroits, on observe des zones de prairies de fauche plus ou moins abandonnées (agriculture extensive en déclin). Le paysage offre par places, à proximité des zones habitées, une structure bocagère de moyenne altitude avec un réseau de haies assez développé. Ponctuellement, on rencontre d’autres milieux intéressants d’un point de vue écologique, à savoir landes et pelouses sèches, de par la géologie du secteur, un réseau de cavités (grottes), ainsi que deux types d’habitats présentant des intérêts marqués en ce qui concerne la flore : les milieux humides, sources et tourbières de pentes principalement, et les escarpements rocheux, falaises, éboulis et pelouses qui les accompagnent.

Pour les premiers, les espèces déterminantes associées qui ont été observées sont le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), protégé nationalement, la Laîche lisse (Carex laevigata), la Willmétie fausse apargie (Calycocorsus stipitatus), qui se trouve ici sur une de ses stations les plus occidentales, la Fétuque des ruisseaux (Festuca rivularis), le Scirpe à nombreuses tiges (Elecharis multicaulis), ainsi que des sphaignes (Sphagnum sp.). Pour les seconds, nous mentionnerons la Déthawie à feuilles fines (Dethawia splendens), le Lin des Alpes (Linum alpinum), la Saxifrage de Burser (Saxifraga aretioides), endémique des Pyrénées et des monts Cantabriques, la Serratule fausse centaurée (Stemmacantha centauroides), la Crapaudine à feuilles d’hysope variété alpine (Sideritis hyssopifolia var. alpina) et enfin la Bartsie en épi (Nothobartsia spicata), endémique des Pyrénées centrales et occidentales et protégée nationalement. La diversité des milieux présents sur l’ensemble de la zone permet également le développement de cortèges mycologiques variés. Sont représentés de nombreux taxons à écologie et/ou morphologie très différente. Ci-après sont abordés certains d’entre eux à titre d’illustration de la richesse de la zone. On peut citer la présence de deux espèces lignicoles rares, remarquables notamment par leur morphologie caractérisée par le port d’aiguillons : Creolophus cirrhatus et Dentipellis fragilis. Parmi les espèces porées présentes, on remarquera en particulier le peu fréquent Bondarzewia mesenterica inféodé aux systèmes forestiers anciens. D’autres représentants de genres peu fréquents ont été rencontrés, appartenant notamment aux espèces hydnoïdes (à aiguillons) terrestres de la famille des Thelephoraceae, tels que Bankera, Hydnellum et Phellodon. Enfin, on peut noter la présence d’une espèce remarquable appartenant aux Boletaceae : Phylloporus pelletieri, une rare espèce figurant parmi les 33 proposées à la convention de Berne. De nombreux taxons mycorhiziens déterminants, ainsi que des saprotrophes de pelouses et de prairies. Les enjeux faunistiques de cette ZNIEFF reposent également sur de nombreux groupes. Concernant l’avifaune, la présence du Grand Tétras (Tetrao urogallus) et de la Perdrix grise de montagne (Perdix perdix hispanicus), tous deux nicheurs, constitue des enjeux majeurs pour le site. C’est également le cas du Milan royal, un rapace discret pendant la période de nidification, menacé dans son aire de répartition, qui trouve à la fois tranquillité pour se reproduire, et zones ouvertes bocagères pour se nourrir. Le Faucon pèlerin est également recensé avec la présence d’un couple nicheur dans les zones rupestres. Le réseau de cavités permet de rencontrer de nombreuses espèces inféodées à ces habitats particuliers (mammifères, invertébrés). Ainsi, plusieurs espèces de chauves-souris à fort intérêt patrimonial (national et européen) utilisent la zone comme site d’hivernage et/ou de reproduction. Également dans ces grottes, on rencontre une faune invertébrée spécialisée qui recèle de nombreuses espèces très localisées (endémisme restreint) et souvent rares. C’est le cas de plusieurs espèces déterminantes de Carabidae cavernicoles observées (coléoptères), notamment dans les genres Aphaenops, Speonomus et Geotrechus, mais aussi de plusieurs espèces de crustacés endémiques pyrénéens. Les ruisseaux de régime nival de la zone accueillent des espèces à haute valeur patrimoniale. En effet, un des autres enjeux majeurs de cette ZNIEFF est le Desman des Pyrénées, petit mammifère semi-aquatique endémique des Pyrénées et du quart nord-ouest de la péninsule Ibérique, particulièrement original dans tous les aspects de sa biologie. Étroitement adapté à la vie semi-aquatique, il peuple des cours d’eau à régime hydrologique de type nival de transition à pluvio-nival, dans des massifs montagneux ou de piémont recevant une pluviométrie annuelle supérieure à 1 000 mm. Toutes les perturbations pouvant affecter le fonctionnement des cours d’eau et notamment le fonctionnement hydrologique sont préjudiciables à l’espèce. La pollution, la gestion piscicole, les sports aquatiques, etc. constituent autant de facteurs pouvant affecter de manière négative l’espèce et son habitat. Ces ruisseaux aux eaux froides et limpides abritent également l’Euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), un amphibien endémique du massif pyrénéen, dont la présence est étroitement liée à la température moyenne de l’eau. Des mollusques à aire de répartition réduite (Cochlostoma nouleti, Cochlostoma obscurum obscurum, Abida pyrenaica vergniesiana, etc.) sont bien représentés dans cette zone, et contribuent également à la richesse de la ZNIEFF, de même que les 2 espèces de collemboles déterminants recensées dans la litière humide des sous-bois.

Commentaires sur la délimitation

La zone concerne un ensemble de massifs majoritairement forestiers et répartis du collinéen au montagnard, circonscrits par plusieurs vallées. À l’ouest, la rive droite du Garbet marque la limite de la zone, qui s’étend d’Aulus-les-Bains à Ercé ; au nord-est, c’est la rive gauche de l’Arac. Au sud-est, la limite est matérialisée par la RD18 qui serpente dans la vallée du Courtignou qui marque la transition avec le massif du pic des Trois-Seigneurs. Au-delà de la zone, au sud, on passe sur les mont Ceint-mont Béat. Le prolongement du massif au nord de la zone est quant à lui moins riche en enjeux naturels identifiés, et fait l’objet de la ZNIEFF de type 2 : « Montagnes d’Ercé, d’Oust et de Massat ».