ZNIEFF 730012094
Vallée du Biros

(n° régional : Z2PZ0413)

Commentaires généraux

La ZNIEFF de la vallée du Biros étend ses 8 650 ha à l’extrême ouest du département de l’Ariège. Comprise entre 670 et 2 850 m d’altitude (étages montagnard à nival), elle correspond à une partie de la haute chaîne des Pyrénées avec des paysages de haute montagne grandioses. Située dans la zone axiale de la chaîne pyrénéenne, la ZNIEFF repose sur un socle géologique primaire métamorphique et cristallin. La géologie complexe de la zone fait que les structures géologiques s’interpénètrent d’une façon telle que l’on passe sans transition nette de terrains calcaires à des terrains sur roches acides. Le climat est de type montagnard atlantique avec des précipitations assez élevées. Les vallées sont occupées par les villages et une agriculture extensive de montagne qui développe un paysage bocager alliant linéaires arborés et granges dans une identité paysagère marquée. La forêt (hêtraie, hêtraie-sapinière) occupe une large place à l’étage montagnard. Au-delà de la limite de la forêt, les landes, landines et pelouses subalpines et alpines dominent le paysage. Les falaises et les éboulis sont aussi très présents sur la zone, créant un univers très minéral à partir d’une certaine altitude.

La ZNIEFF occupant les étages de végétation montagnard (voire collinéen) à nival, les milieux qui la composent sont très variés. En termes d’habitats naturels, on remarquera en particulier le complexe de micro-habitats tourbeux et humides déterminants : buttes à sphaignes, bas-marais, tourbières de transition, tourbières à Ossifrage (Narthecium ossifragum), radeaux à Trèfle d’eau et Potentille des marais (Menyanthes trifoliata et Potentilla palustris) et boisements humides. Outre leur intérêt en tant qu’habitats d’espèces, ces milieux jouent un rôle important d’un point de vue fonctionnel (atténuation des effets de crues par stockage d’eau, ralentissement des ruissellements de surface). Ces types d’habitats se rencontrent particulièrement au niveau de la tourbière de l’Isard, mais aussi de façon disséminée sur l’ensemble de la ZNIEFF au niveau des ruisseaux, sources, etc. Parmi les autres habitats naturels, citons les milieux forestiers avec les hêtraies du Cephalanthero-fagion sur les inclusions calcaires, les pelouses à Gispet (Festuca eskia) bien présentes à partir de l’étage subalpin, les landes et landines de montagne comme les landes à myrtilles (landes à Empetrum et Vaccinium, landes sub-montagnardes pyrénéo-cantabriques à Vaccinium), les tapis à Dryade (Dryas), etc. ; les communautés végétales des combes à neige dont la composition varie en fonction de la nature géologique ; des habitats rocheux, éboulis et falaises bien représentés à la fois en contexte calcaire et siliceux (éboulis calcaires pyrénéens thermophiles, éboulis siliceux du Galeopsion, Saxifragion mediae).

La flore de milieux humides et tourbeux est particulièrement intéressante avec entre autres le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) et l’Andromède bleue (Phyllodoce caerulea), protégés au niveau national, le Troscart des marais (Triglochin palustre) et la Petite utriculaire (Utricularia minor), protégés en Midi-Pyrénées. Les milieux rocheux sont eux aussi très riches avec des espèces spécialisées comme des saxifrages (Saxifraga geranioides, Saxifraga media, Saxifraga pentadactylis...), la Ramonde des Pyrénées (Ramonda myconi)... Le Géranium cendré (Geranium cinereum) et l’Épipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), une orchidée forestière, sont présents sur la zone ; ces deux espèces sont protégées nationalement. Il existe également une diversité mycologique intéressante avec 36 espèces de champignons déterminants connues à ce jour. D’un point de vue faunistique, les intérêts concernent différents groupes. Pour les mammifères, on notera la présence du Desman des Pyrénées dans les différents cours d’eau de la zone. Cette espèce endémique est inscrite à l’annexe II de la directive « Habitats-Faune-Flore ». En ce qui concerne les oiseaux, la zone est importante pour les galliformes de montagne comme le Grand Tétras (Tetrao urogallus), la Perdrix grise de montagne (Perdix perdix hispanicus) et le Lagopède alpin (Lagopus mutus). Ces trois espèces sont nicheuses sur la zone, et font partie de la directive « Oiseaux ». La ZNIEFF est d’une importance majeure pour la conservation de reptiles et d’amphibiens endémiques et à forte valeur patrimoniale comme le Lézard des Pyrénées du val d’Aran (Iberolacerta aranica) et l’Euprocte des Pyrénées (Euproctus asper). Enfin, l’entomofaune est également concernée avec la présence de papillons patrimoniaux des pelouses d’altitude comme la sous-espèce pyrénéenne de l’Apollon (Parnassius apollo pyrenaica) ou le Moiré pyrénéen (Erebia gorgone), mais aussi celle de coléoptères saproxyliques, d’orthoptères ou de syrphes (une vingtaine d’espèces déterminantes recensée pour ce dernier groupe).

Commentaires sur la délimitation

Les contours de cette ZNIEFF reposent principalement sur des critères géomorphologiques (crêtes et talwegs). Au sud, la limite est constituée par la crête frontière qui va du pic de Crabère jusqu’au port de l’Esque en passant par le pic de Maubermé. À l’ouest et au nord-ouest, ce sont aussi des crêtes (du Crabère jusqu’au Tuc de Pujatech en passant par le pic de la Calabasse) qui séparent la zone de deux autres ZNIEFF, respectivement intitulées : « Versant nord du massif du Crabère » et « Sud de la vallée de la Bellongue ». À l’est, le ruisseau de l’Orle constitue la limite avec la ZNIEFF du « Massif du mont Vallier », le Lez étant la limite nord-est. Le lit de ce dernier est exclu de la zone, et fait l’objet d’une ZNIEFF distincte : « Partie médiane du Lez ». Au nord du Lez, la zone qui comprend les villages de Sentein, Antras, Irazein, etc., sensiblement moins riche en enjeux naturels identifiés à l’heure actuelle, et plus anthropisée, fait l’objet de la ZNIEFF de type 2 : « Massifs de Melles [...] ».