ZNIEFF 730012151
Montagnes et vallées du Donezan centre et ouest

(n° régional : Z2PZ0463)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF correspond à l’intégralité du Donezan amputée de sa partie orientale. Elle englobe l’ensemble de la forêt domaniale des Ares avec notamment le roc Blanc, les pics de Baxouillade, de Ginèvre, de Balbonne, du Tarbézou, de nombreux lacs d’altitude comme le Laurenti, Quérigut et Rabassoles, un réseau de ruisseaux et de zones humides important, ainsi que de grands ensembles de pâturages. D’un point de vue géologique, elle se situe sur le massif granitique de Quérigut, essentiellement composé de granites et graniodorites du Carbonifère avec des intercalations d’arènes granitiques, de gabbros, d’éboulis, mais aussi quelques calcaires marins du Dévonien et des moraines glaciaires du Quaternaire. Au sud-ouest, on retrouve la haute chaîne et ses plus hauts pics entre 2 300 et 2 500 m, ainsi que les grands lacs et « mouillères » d’altitude : ce sont les secteurs pâturés. À plus basse altitude, les grands ensembles forestiers, hêtraies et sapinières exploitées pour le bois, occupent la plus grande surface, et sont desservis par un réseau de pistes forestières important. Au nord-est se trouve la montagne de Mijanès, qui offre des pâturages de basse altitude, à proximité de petits villages concentrant les habitations. Seule la grande route entre le col de Pailhères et les gorges de l’Aude traverse la ZNIEFF d’est en ouest en passant par la station de ski de Mijanès. Les ruisseaux naissant des hauts pics traversent tous la zone du sud-ouest au nord-est pour aller se jeter dans l’Aude. Cet ensemble constitue un bassin versant orienté vers la Méditerranée, dans une enclave ariégeoise du bassin versant audois.

Les habitats rencontrés sont majoritairement forestiers. Les hêtraies, hêtraies-sapinières et sapinières dominent, avec quelques forêts de pins d’altitude. Plus bas, on rencontre quelques forêts de ravins, de chênes et de bords de cours d’eau. La ligne de crête au sud-ouest présente des pics aux reliefs escarpés et d’autres plus vallonnés où alternent affleurements rocheux, éboulis, falaises, et où se mélangent calcaires et granites. Les habitats les plus riches sont les parois calcaires du Saxifragion mediae et les roches siliceuses de l’Androsacion vandelli abritant dans cette partie orientale des Pyrénées de nombreuses espèces d’intérêt. On trouve aussi des combes à neige, des pelouses subalpines basophiles, des pelouses alpines acidiphiles avec notamment les pelouses à Laîche courbée (Caricion curvulae). Plusieurs ruisseaux traversent quelques zones humides et petits lacs d’héritage glaciaire, entremêlés de zones tourbeuses diverses : tourbières à sphaignes, bas-marais alcalins et acides, sources… et aussi quelques mégaphorbiaies subalpines d’une grande richesse. Plus au nord, la montagne de Mijanès, à plus faible altitude et à composante carbonatée, offre de belles stations exposées au sud ou s’épanouit une flore plus thermophile et calcicole, et ce jusqu’aux rives de l’Aude : pelouses basophiles bien exposées, ourlets basophiles, tonsures à annuelles, forêts de chênes thermophiles. Çà et là se rencontrent quelques prairies de fauche et des pâturages à diverses altitudes, et une mosaïque de milieux liés aux activités humaines.

Les espèces végétales remarquables sont très nombreuses, parmi lesquelles des bryophytes au sens large qui se rencontrent toutes dans les bas-marais et tourbières : nombreuses espèces de sphaignes (Sphagnum spp.), et surtout Hamatocaulis vernicosus, inscrite à l’annexe II de la directive « Habitats ». On note la présence sporadique d’espèces plutôt méditerranéennes comme le Baguenaudier (Colutea arborescens), marquant les influences orientales, et le Ciste à feuilles de laurier (Cistus laurifolius), une plante supra-méditerranéenne poussant sur des sols acides, ici des sables granitiques. Une endémique française, protégée nationale, est présente sur affleurements calcaires : l’Alysson à gros fruits (Hormatophylla macrocarpa), ainsi qu’une autre protégée nationale sur les pelouses et éboulis stabilisés calcaires, la Bartsie en épi (Nothobartsia spicata). Le Donezan est le seul secteur où est présent le Jonc des Pyrénées (Juncus pyrenaeus), espèce endémique des Pyrénées orientales, avec seulement deux stations proches connues en Midi-Pyrénées. De nombreuses espèces d’intérêt se rencontrent dans les tourbières, mais aussi dans la zone de marnage des lacs, comme les isoètes (Isoëtes spp.). C’est là aussi, en lisière des sapinières et des milieux humides, que poussent des champignons remarquables comme Lactarius aspideus ou Hygrophorus purpurascens. Au niveau faunistique, les grands domaines forestiers sont le refuge du Grand Tétras. Les milieux ouverts des étages subalpins à alpins abritent le Lagopède alpin, et peuvent aussi servir de territoire de chasse aux grands rapaces pyrénéens. Le vaste réseau hydrographique accueille le Desman des Pyrénées et la Loutre d’Europe. La grande diversité de milieux est propice à la diversité des invertébrés, notamment des insectes. Parmi ces derniers, les papillons de jour inféodés aux pelouses sèches sont assez bien représentés, avec l’Aurore de Provence (Anthocharis belia euphenoides), le Moiré printanier (Erebia triaria), l’Azuré du serpolet (Maculinea arion) et l’Azuré de la croisette (Maculinea rebeli).

Les enjeux principaux sont ceux situés à proximité de la route et des réseaux de pistes forestières (destruction directe), nombreuses et encore ouvertes à la circulation, mais aussi les alentours de la station de ski, susceptible d’agrandissement et d’aménagements divers (élargissement des voies, remontées mécaniques, etc.). L’exploitation forestière est la première source directe de dérangement du Grand Tétras. L’abandon du pastoralisme et la fermeture des milieux (pelouses) au profit de la lande constituent autant de facteurs de régression de la diversité. Enfin, des phénomènes d’assèchement ou d’atterrissement menacent directement le grand complexe de zones humides et paratourbeuses en mosaïque dans cette ZNIEFF.

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF de type 1 inclut la majorité du Donezan (sans le plateau de Carcanières, qui fait l’objet d’une autre ZNIEFF), c’est-à-dire le bassin versant de la Bruyante et autres affluents de la rivière Aude. Ses limites géographiques sont : au sud, les crêtes sommitales frontières avec les Pyrénées-Orientales du pic de Baxouillade au col des Ares ; à l’ouest, les crêtes sommitales frontières avec la réserve d’Orlu du roc Blanc au Tarbézou ; au nord, la montagne de Mijanès du col de Pailhères à la route de Campagna-de-Sault ; à l’est, la route entre Quérigut, le Pla et Usson, jusqu’aux gorges de l’Aude. La station de ski de Mijanès, peu artificialisée et hébergeant des enjeux naturels (notamment flore déterminante et galliformes patrimoniaux), est incluse dans le périmètre.