ZNIEFF 730012153
Plateau de Quérigut, gorges de l'Aude et forêt du Carcanet

(n° régional : Z2PZ0439)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF de 3 000 ha est située à l’extrémité sud-est de l’Ariège, à la frontière régionale entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Elle est constituée de trois entités imbriquées que sont le plateau de Quérigut, la rivière Bruyante et l’Aude, et la forêt domaniale de Carcanet. Cette ZNIEFF montagnarde est comprise entre 1 000 et 2 000 m d’altitude. Sa principale composante est le milieu forestier, mais des zones tourbeuses sont localisées dans la partie haute de la forêt domaniale du Carcanet. Plusieurs habitats déterminants y sont recensés : des radeaux de Trèfle d’eau et de Potentille des marais, des buttes à sphaignes colorées, à sphaignes vertes, et à éricacées en buissons nains. Ces milieux hébergent des espèces spécialisées comme le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), protégé nationalement, la Gentiane des Pyrénées (Gentiana pyrenaica), le Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), et la Potentille des marais (Potentilla palustris), protégée nationalement. Les fonds boisés et humides de la vallée de l’Aude abritent quant à eux des espèces forestières comme la Véronique à feuilles d’ortie (Veronica urticifolia), la Pyrole à une fleur (Moneses uniflora), la Lunaire vivace (Lunaria rediviva), la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium) et la Prêle des bois (Equisetum sylvaticum), une espèce protégée régionalement et très localisée dans les Pyrénées. Le « plateau de Carcanières » présente une écologie particulière, avec des rochers et sables granitiques favorables à une flore originale. On y trouve notamment le Ciste à feuilles de laurier (Cistus laurifolius). Enfin, nous mentionnerons la présence d’espèces d’influence méditerranéenne comme le Muflier à larges feuilles (Antirrhinum latifolium) et le Gaillet maritime (Galium maritimum), ici dans une de ses stations les plus occidentales. Quelques espèces déterminantes de champignons ont par ailleurs été observées. On remarquera notamment des espèces peu fréquentes appartenant au cortège des lignicoles du Sapin : Omphalina epichysium, Clitocybula lacerata et Lentinellus castoreus. Mais les espèces mycorhiziques sont également présentes, avec des représentants des tomentelles notamment, ainsi que plusieurs espèces déterminantes de cortinaires. L’un des enjeux faunistiques majeurs de cette ZNIEFF est le Desman des Pyrénées, petit mammifère semi-aquatique endémique des Pyrénées et du quart nord-ouest de la péninsule Ibérique, particulièrement original dans tous les aspects de sa biologie. Étroitement adapté à la vie semi-aquatique, il peuple des cours d’eau à régime hydrologique de type nival de transition à pluvio-nival, dans des massifs montagneux ou de piémont recevant une pluviométrie annuelle supérieure à 1 000 mm. Toutes les perturbations pouvant affecter le fonctionnement des cours d’eau et notamment le fonctionnement hydrologique sont préjudiciables à l’espèce. La pollution, la gestion piscicole, les sports aquatiques, etc. constituent autant de facteurs pouvant affecter de manière négative l’espèce et son habitat. En phase d’extension depuis la fin des années 1990, la Loutre d’Europe est également présente sur le site. Même s’il s’agit d’une espèce très adaptée à la vie semi-aquatique, à régime alimentaire essentiellement piscivore, elle ne présente pas les mêmes exigences que le Desman des Pyrénées. Pour l’avifaune, on recense sur le site la Perdrix grise de montagne (Perdix perdix hispanicus), qui affectionne les landes et les pelouses d’altitude, recherchant particulièrement les versants pentus et bien exposés. Sa raréfaction globale en fait un oiseau menacé sur le massif pyrénéen, notamment sur les marges du massif. Chez les amphibiens, la présence de nombreuses zones d’eau stagnante permet le développement du Triton palmé (Triturus helveticus), assez fréquent en plaine mais généralement plus rare en montagne. Un papillon remarquable a été observé. Il s’agit de la sous-espèce pyrénéenne du Nacré de la bistorte (Boloria eunomia ceretanensis), localisé dans l’extrême est de Midi-Pyrénées (quart sud-est de l’Ariège). Étroitement lié à la présence de la Renouée bistorte (Polygonum bistorta), plante hôte de la chenille, il se rencontre dans les prairies marécageuses, tourbières et zones paratourbeuses. Enfin, on note la présence de Cochlostoma nouleti, un mollusque nord-pyrénéen qui affectionne les endroits frais et ombragés tels que les falaises, les rochers ou encore les écorces de hêtres, ainsi que la présence, dans la litière, de collemboles endémiques pyrénéens et/ou rares.

Commentaires sur la délimitation

Cette ZNIEFF est constituée de trois entités imbriquées que sont le plateau de Quérigut – circonscrit par le vallon de Quérigut à l’ouest, la Bruyante au nord et l’Aude à l’est –, les gorges de l’Aude pour leur partie ariégeoise, et la forêt domaniale de Carcanet. Les limites de cette dernière constituent la frontière départementale avec l’Aude. L’habitat dans la zone est concentré dans les hameaux du Puch et de Carcanières, dont la faible étendue n’a pas justifié leur exclusion du contour.