ZNIEFF 730014493
Gaves d'Arrens, d'Estaing et de Cauterets

(n° régional : Z2PZ0106)

Commentaires généraux

La zone concerne les parties montagnardes et disjointes de trois gaves : celui de Cauterets, de la cascade du Lutour (1 050 m) à Soulom (450 m) ; celui d’Estaing ou de Labat de Bun, du replat en amont du lac d’Estaing (1 240 m) jusqu’au pont de Bun (758 m) ; et celui d’Arrens, du lac du Tech (1 231 m) jusqu’à un affluent en rive gauche du gave de Pau.

L’intérêt du site repose notamment sur la diversité des habitats aquatiques présents, insérés dans un ensemble de moyenne montagne, avec présence d’une végétation montagnarde variée.

La présence sur ces trois parties de rivières, de gorges, de cascades, de lacs plus ou moins naturels et de replats alluviaux isolés, confère au site une richesse écologique certaine ainsi qu’un grand intérêt paysager.

On relève sur le gave de Cauterets, au niveau des gorges, la présence de forêts de ravins à tilleuls (xérothermophiles), de pentes rocheuses végétalisées à dominante siliceuse (falaises siliceuses de type catalano-languedocien), mais aussi parfois calcicole (ifs) avec la présence probable du Saxifragion mediae (falaises calcaires des Pyrénées centrales), et de suintements favorisant des formations pétrifiantes avec la Capillaire de Montpellier (Adianthum capillus-veneris), ainsi que des mégaphorbiaies montagnardes, avec la Valériane des Pyrénées (Valeriana pyrenaica) et l’Aconit panaché (Aconitum variegatum).

Le gave de Labat de Bun est marqué par le bassin du lac d’Estaing formant un vaste système de comblement fluvio-glaciaire. Il est composé d’une partie lacustre offrant une grande variété de milieux aquatiques ou humides (formations denses à characées, radeaux flottants à Trèfle d'eau [Menyanthes trifoliata] ou de prêles d'eau [Equisetum fluviatile], groupements immergés de petits potamots, mégaphorbiaie montagnarde, gazons à Scirpe des marais [Eleocharis palustris] des eaux peu profondes...). La partie amont est colluviale, parcourue par le cours divagant du gave. On y retrouve les formations à Ményanthe accompagnant une série de bas-marais alcalins, de graviers avec végétation ripicole herbacée, d’éboulis calcaires, évoluant localement vers des pelouses calcaires (Mesobromion pyrénéen). L’ensemble forme une mosaïque d’habitats très originaux par leur disposition inhabituelle. L’ensemble est très riche en espèces déterminantes parmi lesquelles on peut citer la Prêle panachée (Equisetum variegatum), le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), l’Iberis spatulé (Iberis spathulata), le Chardon bleu des Pyrénées (Eryngium bourgatii), et non déterminantes, comme le Carex de Daval (Carex davalliana), la Primevère farineuse (Primula farinosa), l’Orpin des Alpes (Sedum alpestre), le Galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia), le Pâturin du mont Cenis (Poa cenisia) et la Véronique à écussons (Veronica scutellata).

A également été observé Agrocybe elatella, une espèce de champignon assez typique des milieux humides.

Le gave d’Arrens en aval du lac du Tech suit un vallon assez pentu où se dessinent, en marge du lit, des parois rocheuses avec de la mégaphorbiaie de pied de falaise où pousse le Cirse roux (Cirsium carniolicum subsp. rufescens). On y trouve également à plusieurs niveaux et jusqu’au bord du lit des éboulis calcaires avec l’Ibéris de Bernard (Iberis bernardiana) sous une forme plus ou moins pure.

Ces habitats, disposés en continu ou en chapelets le long des trois gaves, constituent une richesse naturelle remarquable mais parfois fragile, car fortement dépendante du maintien du régime naturel des eaux, et, pour certains d’entre eux, de l’activité pastorale. Les parties offrant le moins de relief sont exposées aux aménagements et terrassements (zone du lac d’Estaing).

Le Cirse roux (Cirsium carniolicum subsp. rufescens), l’Aconit panaché (Aconitum variegatum) et l’Ibéris de Bernard (Iberis bernardiana) déjà cités, sont des espèces protégées à l’échelle régionale qui ont un grand intérêt, étant très rares et endémiques des Pyrénées centrales et occidentales. Elles sont respectivement mentionnées comme vulnérable, vulnérable, et rare, dans le Livre rouge national de la flore menacée. Elles constituent donc un enjeu important sur l’ensemble des trois torrents.

La plupart des espèces végétales déjà citées ci-dessus ont un caractère d’intérêt déterminant pour les lieux où elles ont été signalées. On peut y ajouter pour la vallée de Cauterets l’Œillet des poètes (Dianthus barbatus) et le Lys des Pyrénées (Lilium pyrenaicum). Deux ensembles de bryophytes rares, liés pour le premier aux zones humides de l’étang d’Estaing, et pour le second aux gorges de Cauterets, viennent augmenter l’intérêt de ces sites.

Du point de vue faunistique, on signale sur chacun des trois gaves la présence du Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus), espèce rare et endémique de mammifère amphibie. Pour Cauterets, les données sont essentiellement antérieures à 1990, alors qu’on a pour les deux autres une présence connue plus actuelle.

La Loutre (Lutra lutra) a quant à elle recolonisé les rivières du secteur à partir de 2003.

Le lac d’Estaing se distingue par la présence d’une belle population d’altitude de Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), espèce d’oiseau très liée à la disponibilité de végétation immergée.

On y signale également 2 espèces de libellules déterminantes que sont le Sympétrum jaune (Sympetrum flaveolum) et le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), lié aux petits écoulements plus ou moins calcaires.

Enfin, la disponibilité en cavités et les conditions écologiques des gorges de Cauterets permettent la présence importante de chauves-souris (dont le gîte est toutefois localisé en dehors du périmètre de la znieff), en particulier de colonies comprenant le Petit Rhinolophe ou le Rhinolophe euryale (Rhinolophus hipposideros et Rhinolophus euryale), espèces protégées en forte régression en France et sur une grande partie de l’Europe.

Sur le site, l’exploitation hydroélectrique concerne principalement le gave de Cauterets et le gave d’Arrens.

La présence de cours d’eau avec une végétation riveraine naturelle contribue à une régulation des écoulements et permet, dans une certaine mesure, de lutter contre l’érosion.

Les divers aspects de ce site, naturaliste et paysager, en font une zone intéressante présentant d’importants enjeux de conservation.

Commentaires sur la délimitation

La zone concerne les parties montagnardes et disjointes de trois gaves : celui de Cauterets, de la cascade du Lutour (1 050 m) à Soulom (450 m) ; celui d’Estaing ou de Labat de Bun, du replat en amont du lac d’Estaing (1 240 m) jusqu’au pont de Bun (758 m) ; et celui d’Arrens, du lac du Tech (1 231 m) jusqu’à un affluent en rive gauche du gave de Pau. La délimitation du site a été réalisée sur la base du tracé du cours des trois gaves sur la partie relevant du bas de l’étage montagnard, en retenant en général une bande de 10 m de part et d’autre du lit mineur. Cette bande s’élargit au niveau des gorges et des ravins. Elle concerne aussi le bassin colluvial en amont du lac d’Estaing, qui est en continuité écologique avec le plan d’eau (formations humides identiques ou faisant la transition). Enfin, elle intègre plus ponctuellement des stations de végétaux remarquables liés aux éboulis et aux mégaphorbiaies jusqu’à une cinquantaine de mètres au voisinage du lit.