ZNIEFF 730014494
Les Mouras

(n° régional : Z2PZ0022)

Commentaires généraux

Le site des marais des Mouras est disposé au nord du plateau de Lannemezan, à 365 m d’altitude, à l’ouest de la Baïsole à laquelle il est relié par un ruisselet affluent. Il occupe un large replat formant une légère dépression par endroits où émergent des sources formant des prairies humides ou du marais, comme l’indique le nom du site, les « mouras » en gascon.

Le climat est ici humide, et la faiblesse du relief soumet le site aux précipitations.

Les sols sont imperméables et argileux, certainement apparentés à ceux du plateau de Lannemezan voisin. Ils permettent la concentration et la rémanence des précipitations arrivant sur le site et sur les terrasses alluviales voisines disposées en amphithéâtre.

Les habitats se répartissent en trois groupes :

- milieu forestier, principalement constitué d’une saulaie marécageuse à Saule cendré (Salix cinerea) occupant la périphérie du marais ;

- landes, avec une domination forte de la lande à Ajonc nain (Ulex minor) et Avoine de Thore (Pseudarrhenaterum longifolium), souvent envahie par la Fougère aigle (Pteris aquilina) pour les parties plus sèches, les parties plus humides à Molinie bleue (Molinia caerulea) et Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), pouvant tendre vers le bas-marais acide avec quelques sphaignes. On peut y rencontrer le Potamot à feuilles de renouée (Potamogeton polygonifolius), ou la prairie humide à Molinie, le Jonc à fleurs aiguës (Juncus acutiflorus) et le Carum verticillé (Carum verticillatum) ;

- mares temporaires ou lagunes à niveau d’eau variable avec végétation amphibie à scirpes nains (Eleocharis sp.).

L’intérêt principal du site réside dans ses landes et prairies. Isolées au nord hors du plateau, elles présentent un intérêt biogéographique, car elles disparaissent plus au nord, et il faut atteindre l’Armagnac, près de 80 km plus loin, pour en trouver d’équivalentes. Les surfaces couvertes sont assez conséquentes, et leur état est parfois dégradé du fait d’un abandon total et des opérations de drainage réalisées sur certaines parties du site. La lande à Ajonc nain, Fougère aigle et Avoine de Thore est très largement dominante alors que la lande humide à Bruyère à quatre angles riche en espèces est plus localisée. Les parties les plus humides, lagunes et éléments isolés de bas-marais acides, complètent la gamme des habitats humides du site.

« Les Mouras » sont intéressants par la présence d’un cortège assez complet d’espèces végétales liées aux landes : sèches d’une part, sous climat atlantique avec l’Avoine de Thore, l’Ajonc nain, la Callune (Calluna vulgaris), la Lobélie brûlante (Lobelia urens), et humides d’autre part, associées à des prairies tourbeuses avec notamment la Petite scutellaire (Scutellaria minor) ? protection régionale ?, le Potamot à feuilles de renouée, la Bruyère à quatre angles, le Millepertuis des marais (Hypericum elodes) ? protection régionale ?, le Cirse tubéreux (Cirsium tuberosum subsp. anglicum), la Campanille à feuilles de lierre (Wahlenbergia hederacea) et la Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe). Au niveau des mares temporaires, c’est le Scirpe multicaule (Eleocharis multicaulis) ? protection régionale ? qui constitue un enjeu intéressant.

À la Gentiane pneumonanthe est associé l’Azuré des mouillères (Maculinea alcon), un papillon rare et protégé en France. Il a été signalé sur le site en 1976 par P. Dalous, mais n’a pas fait l’objet d’études ou de suivi depuis. Des rapaces utilisent fréquemment ce marais, comme zone de chasse par exemple (Faucon hobereau, nicheur à proximité, Aigle botté). Le Busard Saint-Martin (Circus pygargus) y est observé régulièrement et y trouve un milieu favorable à sa nidification. Enfin, les parties humides les plus ouvertes sont habitées par le Lézard vivipare (Zootoca vivipara).

Cet espace naturel réunit donc sur une faible surface un grand nombre d’espèces à valeur patrimoniale tant pour la faune que pour la flore, et des habitats naturels originaux et menacés qui méritent d’être préservés.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site a été réalisée sur la base de l’agencement des landes atlantiques et zones humides en tenant compte des amputations (drainages et mises en culture) qui en ont affecté la surface au sud.